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Absynthe Minded, un groupe belge

Publié le 20 avril 2010 par Minamoto

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Découverte à nouveau d'un groupe purement belge, Absynthe Minded. Commençons d'abord par écouter deux morceaux, et  si ça vous intéresse de lire leur petite biographie...

Absynthe Minded - Envoi (en studio):

My Heroics, Part One(clip officiel):

Et donc pour ceux qui on le courage une petite biographie trouvée sur leur site:

Depuis dEUS, Zita Swoon et l’incontournable Godfather Arno, tout le monde sait que la Belgique s’est imposée comme la plaque tournante du rock européen sur le vieux continent. Autant que leur cinéma, capable de vous embringuer dans d’improbables road movies – en dépit de la superficie fort modeste du pays -, les rockers belges ont toujours eu le don de s’ouvrir de grands espaces soniques, et de les arpenter en toute liberté, avec l’horizon pour seule limite. Comme si la proximité des côtes anglaises… A moins que ce ne soit, dérivant sans fin sur la mer du Nord depuis les lointaines sixties, quelque cargo fantôme abritant l’une de ces radios pirates dont les éclats électriques résonneraient encore dans l’imaginaire des musiciens  d’Anvers, de Bruxelles ou de Gand… la ville où, justement, a débuté l’aventure d’Absynthe Minded. L’idée amuse visiblement Bert Ostyn, tout à la fois songwriter en chef et tête chantante du quintet: « Oh, oui, c’était cool, ce bateau. J’ai d’ailleurs des disques avec les jingles publicitaires de cette période. C’est plutôt nostalgique… »

Bert, c’est le garçon au Rubik’s Cube sur la pochette d’Absynthe Minded, ce quatrième album qui synthétise assez miraculeusement le parcours et la fascinante palette sonore du groupe – du folk-rock au swing manouche, en passant par l’indie rock et des ambiances presque noisy. Autour de lui, Jan Duthoy (piano, orgue Hammond), Sergej  Van Bouwel (contrebasse), Renaud Ghilbert (violon) et Jakob Nachtergaele (batterie) tissent, sur leurs instruments vintage en diable, des climats à dominante acoustique mais capables aussi de virer à l’orage, ou de s’offrir, le temps d’un chorus de guitare, une somptueuse digression jazzy.

C’est donc à Gand (Gent, en flamand), cité médiévale et néanmoins branchée, que le groupe s’est formé en 2002. Bert: « J’écrivais des chansons depuis mes 14, 15 ans, pas forcément très bonnes. Et puis, à 18 ans, je suis arrivé à Gand pour étudier les techniques d’enregistrement et j’ai rencontré des musiciens de jazz. Le jazz, c’était quelque chose de nouveau pour moi, j’étais plus un mec rock. Découvrir Django Reinhardt, Miles Davis, tous ces grands musiciens m’a ouvert l’esprit. J’avais cet ami, Sergej, qui jouait de la contrebasse, et Jan, avec qui je faisais déjà un groupe. Alors, on a monté ce groupe d’inspiration très manouche. »

Assez rapidement, Absynthe Minded va se forger une petite réputation, et pas seulement dans les bars (qu’ils écument sans relâche) comme son nom pourrait le laisser supposer. Bert: « C’est vrai, à la base, c’est ce qu’on était. Un groupe de bars. Ce nom, Absynthe Minded, ça évoque pas mal de choses aux gens. On pense aux peintres, aux poètes des années 30, à New York, Paris. On pense à l’inspiration, aux muses. » Après les premières demos de rigueur, le groupe passe aux choses sérieuses et publie un EP, History Makes Science Fiction en 2003, suivi de deux albums, Acquired Taste (2004) et surtout New Day (2005), qui va marquer le début du phénomène Absynthe Minded en Belgique. L’arme du crime? « My Heroics, Part One » (Bert insiste sur la dimension ironique du titre), élue meilleure chanson de la décennie par la radio flamande Studio Brussel – et qui figure en bonus-track sur le nouvel album pour ceux qui auraient manqué les épisodes précédents.

Après un nombre impressionnant de concerts – plus de 300 en trois ans, dont une tournée, en première partie de dEUS- et un troisième opus, There Is Nothing, publié en 2007, les cinq musiciens ont pris le temps de peaufiner les douze chansons qui composeront Absynthe Minded. Fidèle à son processus de création, Bert a d’abord écrit les textes – en anglais -  avant de composer les musiques dans le registre qui leur correspond le mieux. « Quand tu es sur la route, tu joues beaucoup, tu écris de nouvelles chansons, tu travailles ensemble et cela donne des choses très intéressantes, souligne-t-il. C’est vraiment la dynamique du groupe qui fait que je me sens un songwriter. » Son inspiration? « La vie, les gens autour de moi, ma famille. De grandes choses comme l’amour. Pour moi, les textes sont du domaine du subconscient. »

Enregistré à Paris, au studio Ferber, avec la complicité de Jean Lamoot (Noir Désir, Alain Bashung, Girls In Hawaïï), Absynthe Minded, transcendé par la remarquable osmose du groupe, joue à merveille des contrastes et des silences: chaque note apporte une touche de couleur, vient rehausser la mélodie, la portant à sa quintessence. D’où l’impression assez vertigineuse qui émane de ce disque, de son ouverture en mode swing – façon retour aux sources – (« If You Don’t Go, I Don’t Go ») à sa coda intimiste (« Oh! The Longing », une simple balade au piano). Ailleurs, « Multiple Choice » mêle shuffle souterrain, rugissements d’orgue Hammond et couplets talking blues, avant de s’envoler, au détour d’un refrain presque pop,  vers des dissonances de guitare jazz/rock. L’entraînant « Mercury » et sa rythmique en cavale, introduite par quelques traits d’archet au violoncelle, succède à trois perles soft aux parfums délicieusement boisés: le single « Envoi » (et son riff à la All Along The Watchtower), « Heaven Knows » à la rythmique alanguie, évoquant le Dire Strait des débuts, et au gimmick entêtant (« You are, you are, you are my baby girl ») sans oublier « Dead On My Feet », petite merveille indie pop que Bert chante avec son élégance habituelle. Sorti fin 2009 en Belgique, l’album a déjà valu au quintet 4 Music Industry Awards (les Victoire de la Musique belges) en janvier dont celui du meilleur album, du meilleur single (« Envoi ») et du meilleur groupe de rock indie.

Rien d’étonnant. Au delà de sa dimension européenne, Absynthe Minded est de ces albums rares qui procurent un plaisir aussi immédiat que durable. Celui d’écouter une musique fluide, organique, qui semble couler naturellement – pour tout dire, presque distraitement – de musiciens magnifiques qui ne trichent jamais. Ou alors, seulement sur un point: dans la vraie vie, Mister Ostyn est résolument nul au Rubik’s Cube. « C’est juste une pose de rock star, avoue-t-il en riant. Enfin… très, très subtile. »


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