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Cunégonde au-dessous du volcan 3

Publié le 20 avril 2010 par Porky

(Suite de la scène 2)

FIFI (Troublé)

Ce songe de Madone est assez singulier...

LE PRESIDENT

Il prouve simplement qu'elle est à enfermer.

FIFI

Oh que non, Président. Car moi-même une nuit,

J'ai fait le même rêve, identique à celui

Qu'elle vient de narrer.

LE PRESIDENT

                                    Hé, Fifi, mon ami !

Tu ne vas pas sombrer dans la pire folie !

FIFI (insistant)

Ce rêve est pourtant vrai, le volcan m'a parlé.

Il était bien moins net, je dois le confesser.

LE PRESIDENT

Comme toi, c'est un fait. Y a -t-il en ce lieu

Quelqu'un qui n'ait pas vu le volcan dans son pieu ?

FEFE DE BROADWAY

Moi, Seigneur.

DAKTARI

                        Moi aussi.

LA MADONE

                                          Ce n'est pas étonnant.

On peut se fier sans crainte à ce cher vieux volcan :

Il sait pertinemment à qui doit s'adresser

Son avertissement, son message sacré.

LE PRESIDENT

En admettant que tu ne sois pas folle à lier,

Que veut-il en un mot ? Qu'on lèche ses souliers ?

LA MADONE

Abandonne donc là ce ton si peu amène ;

Laisse la métaphore à tes énergumènes

Et prépare-toi donc à partir en Islande

Avec toute la cour ainsi qu'il le demande.

LE PRESIDENT

Partir ? Là-bas ?

FEFE DE BROADWAY (Epouvanté)

                           Dans la fumée ? Dans la cendre ?

M'as-tu bien regardé ? Tu peux toujours attendre !

LA MADONE

Féfé à l'âme noble et désintéressée,

Homme que l'on dit partout si cultivé,

Serais-tu donc le seul à n'oser te risquer

A combattre celui qui peut nous écraser ?

FEFE DE BROADWAY

Hé, courage et courge sont certes paronymes

Pourtant en aucun cas ils ne sont synonymes.

Je connais notre langue et sais tous ses détours :

Tu ne m'auras jamais, espèce de vautour.

LA MADONE

Mais qui veut donc t'avoir ? Vrai, redescends sur terre.

FEFE DE BROADWAY (se redressant)

Mais notre Président !

LE PRESIDENT (sursautant)

                                    Moi ? Ah ça, tu déblatères !

C'était sur le conseil de mes meilleurs amis.

Et je n'aurais jamais, quant à moi, je le dis,

Proposé de mon gré un poste à ce nigaud.

LA MADONE

Alors, Féfé d'amour, on se sent tout penaud ?

FEFE DE BROADWAY (Vexé)

Je dois dire pourtant...

LE PRESIDENT

                                  Tu n'as plus rien à dire.

De ce volcan il faut la révolte interdire.

Le rêve de Madone est un délire complet

Mais qui peut malgré tout avoir quelques effets.

(A Fifi)

Préviens toute la Cour. Je veux que dans une heure,

Tout le monde soit prêt.

DAKTARI

                                      Vous croyez donc ce leurre ?

LE PRESIDENT

Et la chère Madone est aussi du voyage.

On verra bien alors ce que vaut son courage.

LA MADONE

Je suis prête à venir. Arielle, tu m'accompagnes.

LA LANGOUREUSE ARIELLE

Mais nous devions aller faire un tour en campagne...

LE PRESIDENT (Caustique)

Tu prépares, je vois, avec soin ta rentrée.

Tu es trop en avance ; attends quelques années.

LA MADONE (Haussant les épaules)

Je voulais simplement saluer la nature.

De grand air non pollué ainsi faire une cure.

(On frappe à la porte. Un huissier entre, glisse quelques mots à l'oreille du Président qui sursaute.)

LE PRESIDENT

Mais qu'elle entre, bien sûr ! Une telle visite

Ne peut en aucun cas excuser qu'on hésite. 

(Entrent Cunégonde et Leïla. Brouhaha de bienvenue. On se serre les mains, on s'incline, on s'embrasse.)

(A suivre


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