Avant le coup du nuage elle venait de frapper avec ses vents et ses marées, sa vague dévastatrice remettant en cause les schémas d’urbanisme.
Avec le nuage elle frappe au cœur de la mondialisation, les avions , les échanges. Par des manifestations magnétiques elle pourrait demain mettre le Net à plat !
Eh ! Oui ! elle est là et bien là, cette bonne vieille Nature. Bien là pour nous rappeler à notre fragilité, pour nous faire comprendre qui est le maître incontestable.
Il faut dire que notre fameux « principe de précaution » ne fait que lui donner plus de relief encore. Les technologies les plus fines mais aussi les plus fragiles, sont pour elle des terrains privilégiés. Comme il n’est plus pardonnable de ne pas prévenir ; de prendre les risques de la cachotterie ; inconcevable de ne pas tangenter le risque zéro, la plus petite éructation de dame nature peut ainsi prendre des proportions insoupçonnables.
Vous avez sans doute remarqué l’absence de traînées blanches dans les airs, plus de scintillement des carlingues dans la nuée : le vide bleu d’un ciel serein. Un ciel chargé d’une poussière invisible et débarrassé des dévoreurs de kérosène.
A vrai dire les explications sont peu claires et le béotien y perdra vite sa lucidité après avoir entendu l’interdiction totale pour cause de risques majeurs rapidement remplacée par les criailleries des compagnies exacerbées par les pertes financières et l’indication d’une reprise des vols dans des « couloirs propres ! ». Il y aurait donc des « couloirs épargnés » ? A l’image du nuage en provenance de Tchernobyl n’osant pas franchir la frontière belge ! C’est à n’y rien comprendre ou plutôt à tout comprendre ! Le lobby des transporteurs aurait-il ainsi pris le dessus sur les prédicateurs noirs et chantres de l’apocalypse ?
Pour fair pièce aux assureures et aux spécialistes de l’aviation civile, certaines compagnies aériennes ont été jusqu’à transformer des pilotes de ligne en pilotes d’essais d’un jour.
Et la pauvre vieille Europe devient l’accusée : «Les Européens utilisent encore un système basé sur un modèle théorique, au lieu de prendre une décision basée sur des faits et une étude du risque » déclare Giovanni Bisignani directeur de la puissante association des compagnies aériennes mondiales (IATA), qui représente 230 compagnies et 93% du trafic aérien.
Comme pour la grippe H1N1, l’Europe est accusé d’en faire de trop dans l’application du principe de précaution . A ce propos avez-vous remarquer que Roselyne se cache ! Dominique Bussereau, le ministre français des Transports, déclare quant à lui : «En matière de sécurité aérienne (…) on ne prend jamais assez de précautions» «Je ne pense pas que nous prenions trop de précaution : nous appliquons une méthode réglementaire mais avant tout sécuritaire» …
Il est vrai que ce principe poussé à l’extrême peut devenir très pénalisant pour l’activité en général et dans tous les domaines. Mais une question demeure : pourquoi une « précaution » incontournable hier devient obsolète demain alors que les conditions n’ont pas radicalement changées ? Là ce n’est plus ni de la précaution ni de la cohérence, ça s’appelle la reddition en raz campagne devant les lobbies financiers. Ce n’est pas à souhaiter bien sûr, mais qu’entendrait-t-on si par malheur un crash se produisait dans ces “couloirs” interdits aux poussières ?