En cette époque, l'églisette romane St Thomas se trouvait en dehors des murs d'enceinte du château de Prague, à quelques mètres de la porte Sud (depuis longtemps disparue), le long de la route qui menait vers "Na Písku" (sur le sable, aujourd'hui "Klárov"), où le ruisseau "Brusnice" déversait son limon sableux (bleu). L'églisette était accolée au mur d'enceinte de la ville de "Malá Strana" (Prague n'existe que depuis 1784), construite (l'enceinte) en 1257 par le papa de "Václav II", "Přemysl Otakar II", et les augustins s'installèrent là. Ils commencèrent de suite à reconstruire l'église St Thomas
En 1315, les moines avaient terminé le choeur, qu'ils s'empressèrent de consacrer en présence des plus hautes autorités de l'époque: l'archevêque de Mayence Pierre d'Aspelt, l'archevêque de Trèves Baudouin, l'évêque de Prague Jean IV de "Dražice"
- "Heinrich von Friemar" (maître en théologie diplômé de la Sorbonne, "regens studiorum" à l'université Charles entre 1342 et 1350, examinateur pour la Germanie, et plus tard provincial de Thuringe et de Saxe),
- "Mikuláš z Loun" ("Nicolaus de Luna"), premier provincial de Bavière-Bohême, un des premiers professeurs de l'universitas Carolina en 1348, devenu évêque de Ratisbonne ("Regensburg") en 1362, décédé en 1371,
- "Nicolaus lector senior Pragensis" (cité en date de 1389) et qui serait l'initiateur du fameux "Codex Thomaeus" ("Summarium et inventarium Conventus Pragensis S. Thomae Aposteoli Ord. FF. Erem. S. P. Augustini"), ouvrage de référence commencé vers 1391, contenant une copie de tous les édits, décrets, privilèges concernant St Thomas, faisant de notre monastère l'un des mieux documentés,
- "Nicolaus de Praga" ("lector S. Thomae 1385, Baccalarius 1389 et Magister artium 1397"),
et bien d'autres (cf. "Josef Tříška, Repertorium biographicum Universitatis Pragensis praehussiticae 1348-1409").
Mais retour à la chronologie de notre monastère. En 1398, les augustins terminèrent le réfectoire, et purent enfin apprécier une bonne soupe chaude car auparavant, c'était jambon-beurre-cornichon sur le pouce, généralement sans jambon, sans beurre et sans cornichon non plus, juste le pain et le pouce (à sucer). En 1405, fut terminée la tour (clocher) Nord. Haute de 60 m, elle est indissociable du panorama du petit côté. Aujourd'hui elle apparaît en tenue baroque, avec ses fenêtres rondes et arquées, et ses pilastres d'angles, mais d'origine elle est gothique (du reste sa longue flèche pointue a été néo-gothisée). En 1410, les moines construisirent un petit presbytère afin d'y ranger le fourbi monacal, et 2 ans plus tard, ils posèrent la première cloche sur l'unique clocher de l'église qui fut tout spécialement aménagé afin de recevoir les 3 tonnes de plomb bruyant. Et parce que les moines se plaignaient de ne pas s'entendre chanter lors du sonnage de cloche, l'on installa en 1414 le tout premier orgue en l'église St Thomas. Ceci-dit la cloche remplaça à nouveau l'orgue 2 semaines plus tard, lorsque le préchantre constata que l'augustin Mattheus (du monastère de "Sv. Dobrotivá") qui savait jouer de la guitare ne savait pas pour autant jouer de l'orgue, et que les choristes ne savaient pas chanter sur les mélodies du guitariste non organiste. En 1420 furent terminés les dortoirs, puis les caves (les moines augustins avaient en ce temps inauguré une approche "top-down".
Le premier abbé post-hussite mentionné dans le fameux codex de St Thomas est l'abbé augustin Augustin (ben tiens) de "Domažlice" ("Augustinus de Tusta") en 1497. Sous son patronage commencèrent les travaux de réfection, et en 1499 l'on put ainsi re-inaugurer la chapelle ex-St Philippe et St Jacques qui fut pour l'occasion re-consacrée en Ste Barbara. Il fut suivit en début du XVI ème siècle par Martin de l'île ("Martinus de Insula", l'île étant le nom originel du monastère de "Sv. Dobrotivá" [le premier monastère augustin en Bohême, 1262], parce qu'il se trouvait sur un îlot formé par les ruisseaux environnants, puis renommé en "Sv. Dobrotivá" en 1327, lorsqu'on y stocka les restes de St Bénigne ["sancti Benigni martyris"], mais chais pas duquel qu'on se parle, parce qu'il y en eut plusieurs (cf. "Martyrologium Romanum" p. 596), qui plus est masculins, et non féminins ["ostatky svaté Dobrotivé, Sv. Dobrotivá" = féminin], mais je fouillerai une autre fois)... donc l'abbé Martin... réparations... Mais le monastère devait être maudit des glandes.
Et donc en mi-XVI ème siècle, des suites des guerres hussites, des incendies, et du mauvais temps, ben y avait du boulot monstre pour tout reconstruire, aussi les augustins vendirent des bouts de terrains, mais reçurent aussi du pognon des puissants (quand ils en avaient, du pognon) ou même des dons en nature. Par exemple Ferdinand 1er offrit aux moines 5 palettes de briques neuves, 3 palettes de tuiles plates, un pot de colle à tapisserie et une échelle à coulisse pliable en 3 parties, aujourd'hui conservée au musée des arts et métiers de la ville de Prague. Le loufoque empereur Rudolf II quant à lui, prêta aux moines en 1584 son architecte personnel "Ulrich Aostalli" (i.e. "Oldřich Avostalis") afin qu'il expertise la situation de tout le complexe ainsi que l'ampleur des travaux à réaliser (Monseigneur est bon).
En 1648, les Suédois (fumiers) occupèrent la rive gauche de Prague, et St Thomas leur servit d'hôpital de campagne. Bien entendu, cette vile fripouille de "Königsmark" (i.e. "Koenigsmark") pilla le monastère et sa bibliothèque de façon bien systématique (j'y reviendrai dessus, sur la bibliothèque), mais n'occasionna point trop de dégâts aux édifices. En 1668 l'on installa un nouvel orgue (entre-temps l'on avait enfin trouvé un augustin qui savait en jouer), oeuvre des maîtres "Matyáš Kehler" (pas trop connu, sans doute apprenti à l'époque) et "Jan Jindřich Mundt"
Passons donc à la période baroque. Sous l'impulsion du provincial "Václav Pelikán" et du porte-serviette du prévôt général "Christian Mitis", les augustins installèrent donc sur le pont Charles les statues de St Augustin (le 27 août 1708), suivi du St Nicolas de Tolentino (le 8 septembre), toutes 2, oeuvres de "Jeroným (Hieronymus) Kohl".
Anecdote: vous aurez sûrement remarqué qu'au niveau de la rue "Letenská", le tram passe à quelques 3 cm de l'église St Thomas. Ben c'est la faute (encore) aux Lobko (Lobkovic). L'édifice qui rejoint l'église par un "ponte dei sospiri", que les véhicules passent en dessous, se nomme le palais Oettingen ("Oettingenský palác", auparavant palais Lobko). Il devint la propriété de "Ladislav Lobko" en 1548, et pendant plusieurs dizaines d'années, la famille se rendait à l'église le plus naturellement du monde, en sortant du palais, en traversant la rue, soit quelques 27 m à parcourir à pied. Mais au XVII ème siècle, les Lobko devinrent tellement faignants, que même les 27 m leur semblaient de trop, et pour une si petite distance les taxis ne se déplaçaient même pas.
Lors de la guerre de 7 ans, en 1757, les Prussiens qui bombardaient Prague assiégée, laissèrent tomber plusieurs boulets incendiaires sur le monastère des augustins (42 selon le décompte du prévôt, scrupuleusement consigné pour les besoins de l'assurance). Mais la population et les moines veillaient au grain afin d'éteindre le moindre début d'incendie. Toutes traces de bombardement furent par la suite effacées, contrairement au monastère des capucins près de la Lorette, dont l'église de la vierge Marie immaculée est maculée de boulets en fonte encore visibles aujourd'hui. Ainsi l'apparence du complexe St Thomas prit sa forme définitive en cette seconde moitié du XVIII ème siècle, et n'a point changé depuis (encore que... z'allez-voir plus loin, le fameux hôtel archi-luxe). Fait remarquable, St Thomas est un des (très) rares monastères à avoir survécu les reformes sécularisatrices joséphiennes de la fin du XVIII ème en Bohême. Sinon courant XIX ème siècle, rien de particulier. Durant la première moitié du XX ème siècle, rien de particulier non plus aussi. Pis en 1948, la chienlit con-muniste prit le pouvoir, ferma le monastère en 1950 et chassa les moines pour y mettre des retraités. Evidemment, les lieux d'habitation furent plutôt adaptés à la situation, parce que même un con-muniste imagine (encore que...) qu'un moine n'a pas les mêmes besoins (im)mobiliers qu'un crabe à terre (grabataire :-)
Aujourd'hui, vous pourrez encore y voir du gothique (peu), du renaissance (pas trop), et du baroque (beaucoup). Enfin il y a 3 ans de cela, vous pouviez y voir tout ça. Depuis, le monastère est devenu un hôtel archi-luxe (mais j'y reviendrai), et je n'y ai pas remis les pieds à cause de ma bourse (zyeuter les prix des turnes, délire...). Bref, donc en gothique, aujourd'hui, vous pouvez voir de l'extérieur l'abside polygonale soutenue par les culées. A l'intérieur, le corridor entre le choeur et la sacristie aux voûtes d'origine datant de la seconde moitié du XIV ème siècle. Ensuite le mur Nord du choeur, qui fut "emmuré" dans l'édifice religieux, et qui pourrait être le reste de l'édifice originel cédé par l'abbé nédictin Christian de "Břevnov" (XIII ème siècle). Et n'oublions pas la chaplette St Dorothée, d'époque bénédictine, d'avant l'arrivée des augustins, qui servait de piaule capitulaire (mi-XIII ème siècle). Ensuite il y a la petite chapelle sur laquelle débouche la sacristie, et dans laquelle se trouve des fresques mi-XIV ème siècle (notez la bouille de Ste Edwige, faut être expert pour la reconnaître) dont les spécialistes (experts aussi) attribuent l'instigation (voir le paiement) de leur peinture à l'évêque de "Olomouc", "Jan ze Středy" (allez savoir pourquoi celui-là?).
Alors bien évidemment, de nombreux artistes ont laissé des traces dans le monastère. Commençons par les voûtes gothiques: Václav Vavřinec Reiner. Curieusement, vous ne trouverez pas grand chose sur ce talentueux bougre, qui, à mon avis, n'est pas reconnu à sa juste valeur en dehors de la République nostre. Il est donc l'auteur des fresques d'au plafond de la vie de St Thomas et de St Augustin, de la coupole, peintes entre 1728 et 1730, pour lesquelles il reçut 1500 pièces d'or (selon les notes du cellérier).
Maintenant quelques mots sur la bibliothèque, parce qu'à tout bon monastère s'associe bonne bibliothèque. Du fait que les moines enseignaient le savoir, il devait y avoir au monastère une bibliothèque dès les premières heures. La chronique de St Thomas ("Codex Thomaeus") évoque déjà en 1289 l'existence d'un antiphonaire et d'un graduel, déplorant cependant qu'il n'y ait aucune armoire pour ranger les "libris voluminis" qui prenaient la poussière. La première mention écrite de la bibliothèque remonte à 1368, et une source légèrement plus récente (après 1368) rapporte la présence de 45 manuscrits (t'imagines la diversité?). L'on sait qu'au XIV ème siècle, de nombreuses légumes comme l'archevêque de Prague "Arnošt z Pardubic" firent ensuite cadeau aux augustins de manuscrits précieux, mais c'est peu dire que les étudiants sortaient guère de la routine religieuse. Jusqu'à l'évêque de "Olomouc", "Jan ze Středy", qui, avant de partir pour l'Italie en 1368 (pas sûr de revenir), dédia 32 volumes théologiques (ah ben l'était évêque) mais également de 2 tomes de Sénèque, 1 volume de Tite Live et un manuscrit de Dante Ali g'Hieri. Petit appétit, la bibliothèque grandissait, et s'étoffait d'ouvrages divers, et pas forcément théologiques (enfin). En 1409, l'armarius de St Thomas, le sacristain "Jan z Dobrovic" alors employé à mi-temps, dénombrait 125 manuscrits ("Anno 1409 inventarium conventus Pragensis S. Thomae apostoli..."), en 1418 il y en avait 281 (plus une cinquantaine de livres liturgiques dans la sacristie), et un mois plus tard, le moine fut embauché à plein-temps en CDI avec tickets-restau journaliers, à la condition qu'il ne mentionne pas dans son inventaire la collection de Playboy 1415-1417 trouvée sous la cathèdre de l'abbé.
Après la guerre, la librairie reprit du poil de l'ablette, grâce aux dons de nombreux mécènes. Mentionnons par exemple "Benignus Sichrovský" (1675-1737, provincial de Bohême, puis directeur des augustins en Germanie, personnage clé dans la canonisation de St Jean Népomucène), qui offrit 15 volumes de Pif Gadget éditions d'entre 1700-1703. Le provincial "Michal Mareschl" (confirmateur du miracle de la croix, lorsqu'en 1746 près de "Chotěšov", un crucifix fit demi-tour devant les yeux des témoins, Michel vint personnellement voir de visu quelques jours plus tard, que la croix était bien retournée. Il peut le faire).
- "Rationale divinorum officiorum" de "Gulielmo Durando Mimatensi" (Vicenza: Hermann Liechtenstein, imprimé en 1478), traité de liturgie médiévale et de droit, genre réflexion sur leur pratique dans le contexte du XIII ème siècle.
- "Lucidarius" (en Allemand, "Elucidarium" en Latin) de "Honorius Augustodunensis" (Augsburg: Anton Sorg, imprimé en 1479), ouvrage de vulgarisation des dogmes théologiques en langue vulgaire (Allemand), genre catéchisme pour la masse inculte moyenâgeuse.
- "Sermones de tempore et de sanctis" de "Albertus Magnus" (Ulm: Johann Zainer, imprimé en 1478/1480), recueil de sermons à l'usage des trépanés dans leur tête.
Parenthèse: un incunable (du Latin "in cunabulis", "dans le berceau", "Qui cum esset in cunabulis..." et qui donna "incunabulum") est un ouvrage imprimé à l'âge de la préhistoire de l'imprimerie (de son invention vers 1450, jusqu'en 1500) contrairement aux ouvrages actuels qui sont cunables.
Anecdote. Au dessus de l'entrée du premier étage dans la bibliothèque se trouve l'inscription latine "Codices certa hora singulis diebus petantur, extra horam qui petierit, non accipiatur. S.Aug: in Reg: Anno MDCIII" (que ceux qui veulent emprunter des livres se pointent à temps de l'heure fixe que c'est marqué, parce qu'en dehors, keud-nada leur délivré sera). Cet extrait fort à propos de la règle de St Augustin (C. 5:10) est là pour rappeler que l'ordre doit être respecté en toute circonstance, parce que comme le disait l'oberleutnant "Makovec": "disciplína, vy kluci pitomí, musí bejt, jinak byste lezli jako vopice po stromech, ale klášter z vás udělá lidi, vy blbouni pitomí"
Alors on ne peut pas parler du monastère de St Thomas, sans parler de sa fameuse brasserie (et quand je dis fameuse, je suis en dessous de la vérité). La brasserie de St Thomas, est (enfin était) encore plus fameuse que la brasserie "U Fleků", et surtout plus ancienne. En fait, le brassage de la bière à Prague remonte jusqu'aux années 80 du XI ème siècle (lecture: "Milan Polák, Pražské pivovárky a pivovary"), et sur les îles de la "Vltava" on cultivait même du houblon (aujourd'hui des crottes de chiens, comme dans le moindre espace vert de la capitale, fumiers). Selon la légende, le bon roi Charles IV octroya aux augustins le privilège de brasser et faire commerce de bière sur toute la partie gauche du fleuve en 1352. Cependant la première trace écrite date de 1400 ("Codex Thomaeus: sub sigillo Minoris civitatis supra aream prope maiorem portam, in qua est constructum braxatorium tempore fratris Petri de Alba pro pecunia fratris Johannis dicti Walter sub anno Domini MCCCC"), et situe la brasserie du côté de la place Wallenstein
Il fallut attendre 1780 pour que les choses se calment. En cette année, le prévôt "Josef Barolar" signa un accord avec les brasseurs, leur permettant de distribuer leur bière sur le territoire des augustins (rive gauche). La bière des moines était cependant toujours goûteuse, au point que le sculpteur Jan Antonín Quittainer se fit payer en nature (tout ou partie?) les statues des p'tits anges qui décorent un des autels. En 1801-1802, la brasserie fut rénovée, et les moines durent céder le brassage aux professionnels laïcs, bien qu'ils restaient propriétaires des lieux. En 1870 fut brassée la première cuvée du fameux "tmavý Tomášský kozel" (bière brune), qui attira soudainement de nombreux fanatiques.
Outre les, déjà cités précédemment, se retrouvaient autour du "roi" (président du cercle, "Jakub Arbes") le peintre "Viktor Oliva", peu connu en France et pourtant élevé au lait de Montmartre. Anecdote. Lorsque Victor était encore tout jeune (mais déjà prometteur), un mécène ("Josef Hlávka", qui d'autre) le prit sous aile protectrice, et lui offrit une bourse pour aller étudier à Paris. Mais le sale gosse tirait en longueur, glandait ses guêtres, traînait chez St Thomas, aussi un jour, Josef agacé lui envoya un télégramme avec le texte suivant: "Paříž? Hlávka." (Paris? Hlávka. Genre t'en es où avec Paris, France?). Et Victor de lui renvoyer la réponse "Pařím! Oliva." (je festoie, je fais la teuf. Oliva. "Paříž" se prononce presque identiquement que "paříš", forme interrogative de l'indicatif présent à la seconde personne du singulier du verbe "pařit", faire la teuf [la foire]. Viktor avait le sens de l'humour, genre). En 1930, la brasserie fut entièrement modernisée afin de répondre aux méthodes de brassage modernes. Après le putsch de la chienlit con-muniste en 1948, la brasserie fut étatisée, et en 1951 l'on y brassa pour la dernière fois.
Après les artistes et les brasseurs, passons aux macchabs. Nombreux gens illustres de la noblesse, de la bourgeoisie, et des arts reposent en St Thomas, z'allez-voir, c'est impressionnant. En fait sous Rudolf II, la maison du seigneur devint "église officielle de la cour", genre si vous connaissez les Royal Warrants en Grande Bretagne, les produits portant label "By appointment to Her Majesty Queen Elizabeth II", suppositoire mous à la graisse de phoque, papier hygiénique en soie de Chine parfumée, savon intime hypra-hypoallergénique... spécialement sélectionnés pour l'anus horribilis de sa majesté. Ben l'église St Thomas pareil.
Bon, il ne me reste plus qu'à vous parler du fameux hôtel archi-luxe que le monastère (et la brasserie) est devenu. Donc en 2006, devant l'ampleur du déficit que les propriétaires précédents avaient accumulé, et devant l'ampleur du désintéressement de la ville comme de l'Etat, les moines actuels (si si, il en resterait dans le monastère, et il leur appartiendrait), se posèrent la question légitime du "qu'est-ce qu'on en fait"? Et malheureusement, moi-même je ne puis que constater qu'il n'y a pas des milliers de solutions. Soit on n'en fait rien, et on conserve en l'état, mais dans quelques semaines on peut tout jeter à la poubelle. Soit on en retire du pognon (pour conserver l'édifice), mais pour cela faut d'abord en investir et surtout faut avoir un projet. Je sais, je suis le premier à critiquer la "commercialisation" des édifices culturels, cependant il faut se rendre à l'évidence: sans pognon, c'est la ruine assurée (lapalissade s'il en est). Et j'en ai vu de la ruine, honteuse, parce que pas de pognon, pas de potentiel, loin de tout, et donc totalement inutilisable à quoi que ce soit (dernier exemple en date, le monastère de "Znojmo", dit "Loucký", 6 fois plus grand que "Strahov" et dont le prix de vente est de quelques 2 M € seulement, mais les réparations estimées à 77 M €). Aussi les augustins de Prague se résignèrent à refourguer leur monastère à une chaîne hôtelière de luxe qui en assure aujourd'hui l'exploitation. Mais pour combien de temps? Certaines sources parlent d'une reconstruction pour 65 M €, t'imagines l'investissement, et attends la meilleure: l'hôtel compte une centaine de chambres classiques, 16 appartements, une suite présidentielle et un appart hyper top luxe dans la tour.
Sinon je vous ai également publié quelques clichés du modèle digitalisé de "Langweil" des années 1830, et comme vous pouvez le constater, le domaine abbatial n'a pas spécialement changé depuis, vu de haut. Du dedans, malheureusement... Mais comme c'est un hôtel, l'accès est plutôt libre jusqu'à la réception, donc il ne vous reste plus qu'à vous y rendre, et accessoirement boire un coup (voire manger) dans le restaurant ou la brasserie. C'est là: 50°5'19.54"N, 14°24'22.188"E.