La déroute électorale de l’UMP aux régionales semble avoir profondément ébranlé la stratégie du parti de Nicolas Sarkozy. L’ouverture à gauche a troublé l’électorat de droite, l’ouverture aux écolos n’a pas rapporté grand-chose… l’UMP se retrouve isolée, et son refus de toute alliance avec le FN l’a pénalisée dans la conquête de quelques régions supplémentaires.
Avec la retraite prochaine de l’épouvantail Le Pen, une alliance UMP – FN est-elle déjà écrite dans la stratégie politique de l’UMP ? Les calculs sont en effet vite faits : la droite parlementaire est désormais minoritaire dans l’électorat. Les stratèges du parti doivent certainement être en train de construire la meilleure stratégie pour se rapprocher du parti extrémiste, sans trop choquer et en évitant de créer une scission de l’UMP. Le souvenir des alliances avec le FN en 1998 dans certaines régions reste encore vif, l’épisode avait fait certains dégâts politiques pour le RPR.
Plusieurs paramètres peuvent laisser penser que nous n’avons jamais été aussi proches d’un retour d’une telle alliance.
> La situation de crise sans précédent (économique, sociale, énergétique, climatique, alimentaire…) que nous connaissons aujourd’hui, et face à laquelle peu de décideurs politiques semblent en mesure de répondre par un projet politique clair… laissant le champ libre à une offre politique exploitant le repli sur soi et la peur du lendemain.
> Le virage « beauf » pris par l’UMP sous l’influence de Sarkozy : l’heure n’est plus tellement aux envolées lyriques de Chirac ou Séguin, mais plutôt à l’éloge de l’efficacité. La situation de crise n’incite pas l’UMP à prendre de la hauteur ni à donner du sens, mais plutôt à agir vite et bien.> Les précédents observés ailleurs en Europe (Italie, Autriche, Belgique…) qui permettront certainement de déculpabiliser l’élu moyen UMP.
> Le virage (idéologique ? tactique ?) pris par les deux successeurs possibles de Jean Marie Le Pen : Marine Le Pen joue moins la provoc raciste et parle de social ; de son côté, Bruno Gollnisch propose un discours assez lisse, insistant sur la décomposition des structures économiques, politiques et sociales sous l’effet d’une mondialisation non maîtrisée. Ces types de discours pourraient être tenus par un élu UMP.
Et alors, pourraient nous dire certains ? Le FN a bien le droit de changer de programme… Face à la crise, il faut imaginer des réponses nouvelles… Et au nom de quoi exclure du paysage politique 12% des électeurs… Et puis, regardez l’Italie ou l’Autriche, ce ne sont pas pour autant devenu des dictatures…
Tout ceci est vrai… mais assez effrayant. Le parallèle avec les conséquences de la crise de 1929 n’en serait que plus tentant.