Les faits divers, dans les colonnes des journaux, reflètent le réel au-delà des actualités touchant les grands de ce monde. C'est l'entrée du quotidien des petites gens dans la photo du jour. Quand je pense que Pierre Desproges a commencé sa carrière justement par raconter les faits divers [1] pour gagner sa vie, on peut penser qu'il a eu sous la main une fantastique source d'inspiration pour ses "chroniques de la haine ordinaire".
Aujourd'hui, un fait divers a retenu mon attention. Il faut dire que Le Parisien sait y faire. Il titille notre voyeurisme dès la une du journal.
Un enfant de trois ans perd un œil à cause d'un jouet, page 13
L'histoire est à vous soulever le cœur. Âmes sensibles, allez vaquer ailleurs. Tous les ingrédients sont réunis pour vous tirer les larmes. Une maman offre à son bout de chou de trois ans un faux téléphone portable, à 1 euro, acheté sur un marché. La première erreur : le jouet n'a pas la norme CE, obligatoire pour commercialiser des produits dans l'Union européenne.
Deuxième erreur : laisser le marmot jouer avec son téléphone-jouet sans surveillance. Comme il s'agit du jouet très bon marché, les fabricants n'ont pas jugé utile de protéger l'accès à la pile par une vis.
Et là, c'est le drame.
Par un obscur enchaînement de circonstance, l'enfant se retrouve avec la pile au lithium coincée sous sa paupière. L'histoire ne dit pas si la pile a sauté directement dans l'œil du gamin.
Après avoir perdu son temps aux urgences pédiatriques, la mère emmène l'enfant en ophtalmologie à l'hôpital compétent. Plus de trois heures après les faits, "les médecins constatent un écoulement verdâtre mousseux de l'oeil gauche", car lithium et globe occulaire ne font pas bon ménage.
"Lorsque l'objet est retiré, il a partiellement fondu à l'intérieur de l'œil de l'enfant, et les médecin annoncent à Leïla [la mère] que son fils a perdu l'usage de son oeil et que les tissus, trop abîmés, ne permettront pas une greffe."
Je vais arrêter de lire les drames du Parisien. On ne s'y rince plus l'œil.