J'ai étudié les trajectoires du possible. Elles ne mènent à rien. Succombé aux charmes de la triple fermentation. Navigué sur les flots de la distillation. Flotté dans les sphères vaporeuses de combustions illicites. Soulagés mes pulsions aux creux de corps dociles. Successions d'expériences désuètes, aux saveurs de bravoures exacerbées. Tous ces détours artificiels, ces atermoiements sophistiqués n'auront abouti qu'au même résultat pathétique. Des instants fiévreux. Des souvenirs flous. Des réalités rafistolées.
Et quand la lucidité a refait surface, une affolante impression de n'avoir rien loupé s'est abattu sur moi. Car en fin de compte, si l'on réfléchit bien, rien ne change vraiment. Sauf le temps, peut-être, qui s'effiloche. Tout le reste demeure identique, intact, nickel. Comme au premier jour. Les angoisses. Les regrets. Les rancœurs.
Alors docile, j'ai repris ma place dans le grandiloquent manège de la vie. Et je tourne, je tourne, je tourne. Abreuvé du bonheur démesuré, de la perfection resplendissante, de la normalité aberrante, que l'on nous déverse chaque jour à grand renfort de faux-semblants.
Je tourne, je tourne, je tourne. Les cheveux au vent, le sourire complaisant, le moral en bandoulière.