Que de bons mots a fait couler ce volcan islandais !
A vrai dire, en survolant divers articles relatifs à Eyjafjallajokull, je n’ai vu qu’un magma journalistique. Trois choses m’ont particulièrement interpellé:
- La polémique sur la question des émissions carbone de l’éruption, qui gâcherait tous nos efforts domestiques (» aujourd’hui j’éteins mes appareils en veille etc…» )
- Le consensus sur le fait que le ciel n’a jamais été aussi pur
- Le rappel que la nature peut-être l’ennemi de l’homme (entendez… du business !)
Pour la comptabilité carbonique, il serait temps de cesser ces mélanges entre activités humaines et naturelles. Car, avec ce genre de raisonnement, on va finir par pester contre l’évaporation des océans ou le diamètre de l’orbite terrestre qui, s’il avait été plus grand, etc etc.
Le plus amusant, dans cette histoire, c’est que j’ai lu des blogs anti-écolos ironiser sur le fait que les écologistes devraient demander à installer des pots catalytiques sur les cratères. Qu’est-ce qu’on se marre !
D’une manière générale, ces tensions (pour l’instant bon enfant) entre les pro-volcans et les anti-volcans révèlent une fois de plus l’incompréhension de la pensée écologique. Je ne sais pas qui entretient cette idée que les écologistes considèrent la nature comme bonne ou parfaite ! Il suffit de lire n’importe quel philosophe de l’écologie pour se rendre compte que c’est hors-sujet !
Du coup, ceux qui parlent de Terre ennemie (Joffrin) sont franchement pathétiques. Ou alors, on devient animiste sur tout. Un évier bouché ? Les canalisations sont cruelles ! Un bug informatique ? L’ordinateur est cruel !
Il y a tout simplement la Terre, et nous dessus, parmi tant d’autres éléments, vivants et non-vivants.
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Evidemment, personne ne se réjouit que telle ou telle personne soit bloquée. Je connais personnellement une hôtesse de l’air coincée en Angola qui ne va pas voir son enfant qui a quelques mois pendant de longues semaines.
Et pourtant, au niveau global, on ne peut que se réjouir. Un petit test, une répétition générale des crises énergétiques à venir. Car si l’on peut imaginer raisonnablement que la déplétion énergétique entrainera une baisse progressive des transports, on peut aussi penser que certains pics ou certaines crises viendront ponctuer cette tendance.
Lors du choc pétrolier de 1973, on vivait une sorte d’état de crise en France avec des recommandations gouvernementales qui feraient rugir les plus libéraux d’aujourd’hui.
Pour moi, cette parenthèse dans l’agitation générale du XXIème siècle a démontré une chose. Avec moins d’avions, on vit bien ! Le monde peut continuer de vivre.
Il serait souhaitable qu’une panne générale d’Internet survienne pendant un mois. Ainsi, on reprendrait certainement goût à la vie physique, réalisant que la vie numérique est devenue une drogue.
Ce que je trouve le plus beau dans cette histoire c’est que contrairement à ce que l’on dit, ce n’est pas tant le volcan qui provoque cette pagaille, c’est bien plus la poussière.
La poussière ! Cette petite chose insignifiante et stérile. Ce truc qu’on évacue si facilement d’un coup de torchon. Ce truc d’où nous venons et où nous retournerons.
Un grain de sable, c’est déja bien gros pour enrayer la mécanique du monde marchand. La poussière suffit largement à l’affaire !