Peut-on prédire le risque de criminalité, au même titre que n’importe qu’elle banale variable statistique, si tant est qu’une variable statistique puisse se banaliser (et c’est justement là toute la question : celle de l’analyse et de l’utilisation des résultats et outils scientifiques et technologiques) ?
Il semblerait que oui pour une des, si ce n’est la firme informatique la plus puissante du globe, qui n’a apparemment aucun scrupule à utiliser au maximum les avancées techniques pourvu d’y gagner de l’argent. IBM doit évidemment flairer le bon filon. Dans nos sociétés hyper protégées, hyper sécurisées, mais où l’on ne parle que d’insécurité, ce logiciel de prévision des crimes peut dangereusement séduire et rassurer. Qu’il serait plaisant de pouvoir tout contrôler ! Ce faisant, on oublie cependant complètement les droits et libertés de l’individu, ainsi que la présomption d’innocence, en mêlant allègrement science et technique, tout en oubliant la réflexion éthique qui devrait les accompagner.
Le Florida State Department of Juvenile Justice compte utiliser ce logiciel d’analyse pour prévoir les crimes des jeunes délinquants. Grâce à une série de variables déterminant le potentiel de récidive, ils placeront ainsi tel ou tel supposé récidiviste dans des programmes d’éducation et de prévention spécifiques. Vaste programme donc, basé uniquement sur des probabilités. Charmant et humaniste à souhait ! Alors forcément, quand Deepak Advani, le vice-président d’analyse prévisionnelle d’IBM, affirme que le système donne « une projection fiable » et qu'ainsi les gouvernements peuvent « agir en temps réel » pour « éviter les activités criminelles », on a très envie de le croire. Et ce d’autant plus si c’est notre petit neveu qui a volé un paquet de cigarettes l’année dernière, qui part dans ce fameux centre de ré-éducation, suite à une évaluation réalisée par le dit logiciel !
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