Fin mars, l´autorité de la concurrence sanctionnait lourdement d´une amende de 50 000 euros, les ophtalmologistes de France (Snof), condamnés pour avoir « incité au boycott des opticiens membres du réseau Santéclair ». Ce dernier, explique la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (Dgccrf), aurait entravé par un appel au boycott, l´initiative de Santéclair visant, sous certaines conditions, à la délivrance sans ordonnance de lunettes de vue de renouvellement associées à un meilleur remboursement pour l´assuré.
Une décision qu´a immédiatement réfutée le Snof. Tout en reconnaissant que la Dgccrf était dans son rôle de régulateur de commerce en sanctionnant ce qu´elle considère comme étant du « boycott », le syndicat affirme que l´autorité de la concurrence « n´a aucune autorité en matière d´organisation des soins en France ». Il relève qu´il n´a « jamais pris partie » sur le développement des réseaux et insiste sur le fait que 8 ophtalmologues sur 3 000 sont impliqués dans cette affaire. Regrettant qu´une fois de plus, les considérations économiques l´emportent sur les préoccupations de santé publique, ce syndicat rappelle que « l´on peut perdre la vue faute de dépistage appropriée malgré les lunettes dernier cri ». Pour le syndicat, qui ne fera pas appel de cette décision, tant sont lourdes les charges financières liées à un procès, cette décision de la Dgccrf qui vient après celle ayant touché les dentistes « confirme sans ambigüité une volonté délibérée de considérer la santé comme un produit de consommation et les professionnels de santé comme des pions substituables à volonté en vertu des seules lois du profit ». Et en appelle aux autres professions de santé pour « dénoncer publiquement l´instrumentalisation de l´Autorité de la concurrence par certains assureurs privés dont le métier est d´assurer le risque, pas de porter atteinte au système de soins ».
Cet appel à la solidarité a été entendu par l´Umespe (médecins spécialistes de la Csmf). Avec six autres syndicats, l´Umespe vient d´être blanchi en cassation d´une amende-record – 814 000 euros au total dont 150 000 euros pour l´Umespe – infligée par l´Autorité de la concurrence, pour avoir incité les spécialistes du premier secteur à utiliser le DE. Le syndicat s´inquiète lui aussi, d´une « nouvelle attaque du conseil de la concurrence vis-à-vis de l´action syndicale ». Et considère que le gouvernement veut « diminuer le niveau de la prise en charge médicale de la santé visuelle de l´ensemble de nos concitoyens ». Selon l´Umespe la délégation de compétences préconisée n´est, en réalité, qu´une « diminution de la qualité de prise en charge de nos concitoyens ».