Hermaphrodite au miroir, musée du Louvre.
Tout ce qui est par excellence doit être total, comportant la coincidentia oppositorum à tous les niveaux et dans tous les contextes. (1)
Comme plusieurs le savent, dans le mythe platonicien, l’androgyne représente un idéal perdu, or voici qu’avec l’arrivée de l’Homo universus, on peut d’ores et déjà parler du retour à la perfection initiale. Désormais, personne ne pourra plus considérer l’hermaphrodite ou l’androgyne comme étant des êtres essentiellement mythiques, puisse qu’ils font maintenant partie la réalité humaine. Impossible de les considérer comme des symboles de la rencontre des contraires, ou de la sérénité, il ne s’agit plus d’un idéal à atteindre, mais bien d’un idéal désormais atteint.
Selon l’état actuel des connaissances, l’Homo universus se retrouve donc au 17e rang, soit le dernier, du genre Homo.
Maintenant, si on considère cette nouvelle espèce d’un point de vue physiologique, on voit qu’elle se distingue nettement de la précédente, à travers la féminisation du mâle, laquelle entraine une perte de la masse musculaire, ainsi qu’un système pileux moins développé. Hormis le sexe, il n’y a pratiquement aucune différence physique entre le mâle et la femelle de cette espèce.
D’un point de vue éthologique, on aurait tort de croire que sa double nature, engendre un comportement tantôt masculin, tantôt féminin, selon la situation, puisse qu’en réalité, il s’agit d’une véritable fusion des genres. Si cette espèce était une couleur, elle serait une couleur secondaire, comme par exemple un violet, lequel n’est pas tantôt rouge et tantôt bleu, mais encore et toujours violet. Toutefois, la double nature de cette espèce, diminue la part de testostérone chez le mâle, ce qui en fait un être moins agressif que son prédécesseur. Ainsi, pour la toute première fois dans l’histoire, on peut affirmer que nous avons affaire à une espèce essentiellement pacifique. Une étude plus approfondie permettrait, sans aucun doute, de découvrir d’autres particularités propres à l’espèce, mais pour le moment, il s’agit somme toute de la plus évidente.
Du point de vue psychologique, alors là, nous avons affaire à une psyché nettement différente de celle de l’Homo sapiens. En effet, l’élément le plus fondamental demeure l’unité au sein de la pensée, une unité engendré, il va sans dire, par sa double nature. De par cette harmonie psychique, les représentants de cette espèce transcendent toutes les divisions inhérentes à la mentalité de l’homo sapiens. Une telle fusion mène obligatoirement à un esprit égalitaire, lequel engendre une vision du réel, n’ayant plus rien à voir avec celle de son prédécesseur. Ainsi, on assiste à l’abolition pure et simple du principe de supériorité en vigueur dans les toutes les sociétés actuelles. Outre l’apparence, l’esprit égalitaire est probablement l’aspect le plus révolutionnaire, avec lequel l’ancienne espèce, (puisse qu’il faut désormais l’appeler ainsi) devra composer. En effet, de par sa vision égalitaire, l’esprit androgyne n’est plus à même de tolérer les injustices engendrées par l’esprit diviseur de son prédécesseur, dont l’une accorde à l’âme une supériorité telle, qu’elle se voit offrir l’immortalité au détriment du corps physique. Ce genre de division, n’existe pas chez l’Homo universus, pour la simple et bonne raison que dans une pensée unifiée tout se complète. Comment pourrait-il en être autrement?
L’indifférenciation psychique, d’un genre ou d’un autre, ouvre la porte à une foule de changements dont on ne saurait, pour le moment, mesurer toute l’ampleur. Néanmoins, on peut d’ores et déjà prévoir la fin, à plus ou moins long terme, du règne démocratique, ainsi que du système capitaliste qui le sous-tend, parce qu’ils ne répondent pas à la pleine mesure de l’esprit androgyne.
Pour le moment, une question demeure : l’homo sapiens survivra t’il à la venue d’une nouvelle espèce, ou disparaîtra t’il comme tous ces prédécesseurs? Une chose est sûre, il est à présent confronté à l’excellence de ces propres enfants, ceux de la nouvelle espèce.
(1)Mircea Eliade Méphistophélèses et l’Androgyne Ed. Gallimard. 1962 P.155