Ah, la publicité ! Sa façon de nous surprendre, de s'adresser à nous, comme ça, sans façon, au détour d'un trottoir, d'un panneau d'affichage qui nous tombe sous les yeux. Le charme de son inventivité, ses jeux du mot et son bon goût… Parfois ces trois critères et la manière dont ils sont appliqués me laissent toutefois perplexe : Les créatifs allemands seraient-ils pétris de préjugés ou ils prennent juste les autres pour des idiots aux instincts primitifs ? Je commence avec celle qui m'a fait sourire, vue à deux pas de l'université Friedrichstrasse. Une pub pour un croissant pur beurre "à la française" donc avec ce slogan péremptoire : "Französisch als Buttersprache", le B, venant transformer la langue maternelle "Muttersprache" en "langue du beurre". Bon, en français, ça fait bizarre : "Le français comme langue du beurre", mais ça parlera sans doute aux Normands… La preuve par l'image ci-dessous. Et "Deutsch als Wurstsprache", ça le fait aussi ou non ? (Bientôt ici-même d'ailleurs un article sur la saucisse…)
L'art de vendre des croissants
La deuxième pub que j'ai remarquée se veut "historique". On ne la verra que sur ce pignon d'immeuble j'imagine, situé à l'ancien emplacement de Checkpoint Charlie, point de passage le plus connu entre Berlin-Ouest et Berlin-Est. Tradition oblige, elle est plurilingue, comme les panneaux de l'époque, signalant que l'on quittait ici le secteur américain. Sur cette publicité vantant une association à but non lucratif, on apprend que l'on entre dans le secteur non-profit… Tandis que sur les palissades, l'histoire de ce lieu est racontée sur de longs panneaux et illustrée avec des photos de ce carrefour. En lisant cette annonce réaliste, je suis persuadée que certains se prennent à rêver eux aussi de l'existence d'une vraie zone de vrais non-profits…
Réécrire l'histoire ?
Et pour finir, le clou du bon goût, somme toute assez révélateur de la perception de la sexualité dans l'inconscient de quelques uns de ces "créatifs". (Et le troisième degré allez-vous me dire…) Cette affiche géante m'a tapé dans l'oeil, (l'affiche, pas la fille…) alors que je circulais dans le tram et que je rêvassais en regardant par la fenêtre. Elle est sur la façade d'un centre commercial à Alexanderplatz et elle est difficile à ne pas voir… La vue d'ensemble pour vous donner une idée de la taille :
"La fille sur le mur, elle te parle"
Mais ce n'est pas cette blonde lascive couchée sur un lit presque défait et regardant droit dans les yeux le pauvre quidam qui n'a rien demandé qui m'a choqué, mais le slogan en blanc sur fond rouge :"Die schmutzigen Fantasien hat man in den saubersten Betten". traduction pour les "nuls" en allemand, vous êtes prêts ? accrochez-vous à votre dico : "On a les fantasmes les plus sales dans les lits les plus propres". Texto. Wörtlich. Littéralement. Que voulez-vous que je dise de plus…Cette pub m'atterre par sa vulgarité. On en revient à la sexualité comme une activité sale ? Surtout avec les blondes, hein… Pour ceux qui n'en croit pas leurs yeux, l'affiche en gros plan :
Rien à ajouter…
J'en conclus donc que c'est "sale" que de vouloir faire "des choses" (ohlala…) avec un partenaire (un homme, une femme ?), surtout dans une chambre d'hôtel "propre", mais qu'en même temps, c'est transgressivement excitant… Celui (celle ?) qui a réussi à convaincre de mettre cette phrase et cette photo comme argument publicitaire pour un portail de réservation d'hôtel doit être assez persuasif dans la vie. Je me demande s'il y avait une ou des femmes dans l'équipe de travail et j'aurais bien aimé assisté aux discussions… L'anachronisme du téléphone (qui me paraît très français d'ailleurs) nous ramène dans les années soixante dix, époque où justement la sexualité avait pris quelques libertés et où beaucoup ne la considérait pas comme "schmutzig". Pour les Germanophones, une explication sur le pourquoi du comment de ce slogan est qu'il existe en allemand l'expression "eine schmutzige Fantasie haben" (mot-à-mot "avoir une imagination sale", expression qui signifie en français "avoir l'esprit mal tourné"…Cela me rappelle aussi qu'en suisse allemand un "schmutzig" (je ne garantis pas l'orthographe), c'est un baiser… En matière de choses sales, tout est relatif, parfois, un baiser suffit… ;-)
Et je garde "la pire" des pubs pour l'article sur les saucisses, article qui nous ramènera malgré moi à ce sujet… Tout le monde m'a déjà comprise, j'en suis sûre, preuve que nous avons tous l'esprit mal tourné, mais sale, sûrement pas ! ;-)Des commentaires pour qu'on rigole un peu ?