En Macédoine, le texte de loi voté par le Parlement à Skopje mentionne et condamne une vingtaine de motifs de discriminations, mais pas celle fondée sur l'orientation sexuelle.
La nouvelle loi anti-discrimination adoptée par le Parlement macédonien suscite des réserves et des critiques de la part de représentants européens et de militants de la communauté gay.
Un représentant de la délégation de l'Union européenne à Skopje rappelle que cette loi adoptée dans la nuit du 8 au 9 avril 2010, par 62 députés sur les 120 que comprend le Parlement, n'est pas conforme aux critères européens.
Žarko Trajanovski, un expert des droits de l’Homme, a quant à lui rappelé sur les ondes de la chaîne de télévision A1 TV, "D’un point de vue général, cette loi ne répond pas aux recommandations de l’Union Européenne, car elles mentionnent explicitement la différence de l’orientation sexuelle parmi les six motifs habituels de la discrimination".
Par conséquent, la Macédoine est "le seul pays de la région à avoir une loi anti-discrimination non européenne".
Ce texte ne devrait pas aider à l'ouverture des négociations d'adhésion à l'Union Européenne, que la Macédoine espère depuis 2005.
Il faut dire que la Macédoine n'est pas un pays très gay-friendly.
Peu de personnes ose s'y déclarer ouvertement homosexuelles, et les organisations LGBT répugnent elles-mêmes à se désigner comme telles, préférant se présenter comme représentatives des "personnes marginalisées".
La loi a été adoptée avec les votes du parti de centre-droit au pouvoir, le VMRO DPMNE.
Des députés de l'Union sociale démocrate de Macédoine (SDSM), parti d'opposition, ont quitté le Parlement juste avant le vote, pour protester contre le rejet d'amendements qui incluaient l'orientation sexuelle dans le document législatif.
Margarita Caca Nikolovska, ancien juge à la Cour européenne des droits de l’Homme et fondatrice de l’Institut pour la démocratie, une ONG macédonienne, estime que le pays pourrait se retrouver dénoncé par l’UE pour avoir ignoré ses recommandations.
Elle déclare "Un État sérieux doit garder cela à l’esprit et avoir en réserve une explication légale pour tout ce qu’il fait. Est-ce que notre argument consistera à dire que les gens dont l’orientation sexuelle est différente sont malades, comme certains membres du parti au pouvoir ont essayé de le faire valoir?"
De son coté, Slavco Dimitrov, de l’ONG Macédoine sans discrimination, a expliqué à des médias nationaux que cette décision fera "tache" et sera relevée dans le prochain rapport de la Commission européenne sur la Macédoine, qui doit être rendu public cet automne.
Il a déploré que le gouvernement "ignore" la communauté homosexuelle et croit que la loi devra être modifiée "tôt ou tard".
Il a également déclaré que cette loi "refuse de fournir un statut égal à tous les citoyens" et "éloigne la Macédoine de l'UE".
Žarko Trajanovski a quant à lui dit "Le fait que nous ayons assisté à une campagne anti-homosexualité délibérée juste avant l’adoption de la loi montre que la formation politique au pouvoir a détourné la loi dans le but de gonfler sa propre popularité auprès des électeurs" .
Plusieurs députés membres du VMRO DPMNE avaient en effet répété à la population qu’ils ne laisseraient jamais inscrire dans la loi une clause sur l’orientation sexuelle.
Vlatko Gjorcev, un député du VMRO DPMNE, lors d’un débat ouvert sur la question au Parlement a déclaré "L’introduction d’une telle clause constituerait une première étape vers l’acceptation ultérieure des mariages homosexuels, ainsi que l’adoption d’enfants par des couples homosexuels" , ce qu’il ne veut pas.
Toutefois, pour les responsables gouvernementaux, les droits des gays et des lesbiennes seront protégés par la nouvelle loi, même si celle-ci ne les mentionne pas, tout comme les transsexuels.
Silvana Boneva, une représentante de la coalition au pouvoir a déclaré "La loi protègera tous les citoyens de ce pays contre les discriminations".
Alors pourquoi ne pas avoir mentionné l’orientation sexuelle dans cette loi?
Seigneur, à quand l’égalité pour tous?