A la suite d’une agréable partie de jambes en l'air mal maîtrisée, un jeune trentenaire plutôt bobo s'est réveillé franchement prolo. Le bobo c'est évidemment moi. Enfin prolo. Bobo à la tête. Aïe.
Dommage collatéral ou magnifique concours de circonstances, celle qui s'apprête à sucer le sein de sa mère s'entraîne déjà sur mon porte-monnaie. Baby Soon est une pompe à fric précoce. Et Daddy Soon se contente aujourd’hui de lécher les vitrines. A moi les vieux frocs aux fripes. Les factures frappent sans sommation et ma ceinture salive à l’idée de semer ses premières marques sur mes slips.
Mon budget est devenu subliminal. Je troque déjà les brunchs dominicaux à 12 francs la bouchée contre des croissants précuits sous emballage familial. Mes plans ne sont plus nocturnes mais d'épargne. Les fonds propres devraient logiquement remplacer les fonds de bouteilles. Je quitte Jack Kerouac sur la route. Bonne chance vieux, là où tu es. Fini la Beat Generation. C'est Louis la brocante au quotidien. On chine à défaut d'y aller.
Mieux vaut prévoir comme disent ceux "qui connaissent" et que je ne connais pas. Une devise qui me divise.
La nuit, je m’imagine souvent dans l’un de ces atroces tea-rooms pour retraités gourmands et mamans bavardes, à commander une infusion sans sucre en comptant la ridicule caillasse qui agonise dans mes poches. Et m’en satisfaire, dans un long soupir, en balançant un immonde clin d'oeil à la serveuse.
Ne t’inquiète pas petite chose, je m’affaire à protéger tes arrières à coups de complémentaires. Mais si une poignée de billets peut assurer ta vie, rien ne préserve ton existence.
Regarde ton (futur) père.