Décryptages du 29 novembre
Le bon vieux temps où le franc suisse était considéré comme une valeur refuge de longue période semble révolu. Il n'est pas pour autant devenu une monnaie faible; condamnée à voir sa valeur s'effriter régulièrement face à l'euro, promu devise forte du continent.
La donne est plus complexe. Pour son avenir immédiat, Dame Helvetia sera - comme de nombreux autres actifs - soumise à des hauts et des bas. "Les jours de faible volatilité semblent révolus", avertit le Credit Suisse dans le dernier numéro de "Swiss Strategy and relative Value".
Et pour cause: la valeur du franc, tout comme celle du yen, constitue un bon baromètre de la peur sur les marchés. Dès que les risques augmentent, les opérateurs dénouent leurs opérations de "carry trade"; soit des emprunts en francs ou en yens pour effectuer des investissements en dollars et euros. La valeur du yen et du franc progresse dans la foulée. Pour un moment… Le retour de la confiance et d'une moindre aversion au risque amenant bien vite les spéculateurs à miser à nouveau sur la différence entre le rendement du franc et celui d'autres devises !
Un petit jeu que pourrait toutefois calmer une hausse du taux de référence de la BNS, conjuguée à un nouvel assouplissement de la politique monétaire de la FED. Ou, plus simplement, des variations brutales et rapides des changes. Pour être gagnant, le pari du "carry trade" suppose de gagner en rendement ce que l'on perd éventuellement au change. Un pari risqué et journalier, tenté par des milliers d'acteurs, qui complique singulièrement la tache de la BNS.
Au-delà de la période des turbulences financières, le franc devrait reprendre un peu de vigueur face à l'euro d'ici trois à douze mois. Une période que les entreprises ayant jusqu'ici négligé de couvrir leur risque de change mettront sans doute à profit pour sécuriser la valeur en francs de leurs futurs revenus en dollars et euros. Certaines ayant payé cher pour découvrir que le franc n'est plus une monnaie de père de famille mais un actif très fun pour les traders au jour le jour sur les devises.
Geneviève Brunet