Le Sénégal veut créer une académie des mers

Publié le 19 avril 2010 par Podcastjournal @Podcast_Journal

Le gouvernement sénégalais a décidé de mettre sur pied une Académie des mers qui va probablement ouvrir ses portes à la prochaine rentrée universitaire de novembre 2010. L'annonce a été faite, le 15 mars, par le ministre de l'Économie maritime, de la Pêche et des Transports maritimes, Khouraïchy Thiam, à l'ouverture du forum africain sur les pilotes maritimes à Dakar.
"Cette académie ouvrira ses portes et recevra des étudiants venus de l'Afrique de l'ouest et de l'Afrique centrale. Elle va former aussi bien des pilotes maritimes que des officiers de la marine marchande", a déclaré le ministre, invitant les États africains à faire vigoureusement face aux impératifs de développement, de sûreté et de sécurité de leurs ports.

L'ouverture de cette académie vise à solutionner notamment la carence de pilotes maritimes dont souffrent la plupart des ports dans le monde et particulièrement en Afrique. La station de Dakar ne compte que 14 pilotes dont la moitié va partir à la retraite en 2012. Conscients de cette situation, les responsables du port ont pris très tôt l'initiative (1998) d'envoyer en formation à l'étranger une dizaine de pilotes pour assurer la relève. Ces derniers, après 10 ans de formation, doivent être opérationnels dans une année, assure Bara Sady, directeur général du port autonome de Dakar qui souligne que "les pilotes maritimes, de par leur position centrale dans la chaîne des opérations, ont un rôle de premier plan à jouer par une remise en cause permanente des connaissances acquises et l'échange d'expériences".

Au plan sous-régional, il existe deux institutions de formation maritime: l'Université maritime régionale d'Accra (Ghana) et l'Académie régionale des sciences et techniques de la mer d'Abidjan (Côte d'Ivoire). Cette dernière a ouvert ses portes en 1987 et a formé, à ce jour, plus de 6 000 élèves dont le tiers vient de l'Afrique de l'ouest et du centre. Malgré leurs efforts, ces deux institutions mises en place par la volonté des autorités de la sous-région ont du mal à imposer leur leadership. Comme en témoigne le fait, par exemple, que le Sénégal ait choisi d'envoyer ses étudiants pilotes en formation non au Ghana ni en Côte d'ivoire mais au Maroc. Les centres de formation sont eux-mêmes conscients de leurs difficultés : manque de financement dû notamment au non paiement des subventions par les États membres, difficultés d'obtention de stages embarqués pour les élèves en cours de formation, équipements pédagogiques obsolètes... Aujourd'hui, l'Académie d'Abidjan est sérieusement confrontée à des difficultés de renouvellement du corps enseignant dont "la relève ne peut être assurée, faute de moyens", affirme le Commandant Karim Coulibaly qui dirige ladite Académie. Et de lancer un appel non seulement aux États mais aussi aux étudiants : "les métiers de la mer sont pourvoyeurs de richesses et d'emplois notamment pour la jeunesse qui, lorsqu'elle est désœuvrée, constitue une bombe sociale pour nos gouvernants".

Le forum africain des pilotes maritimes qui a pris fin le 17 mars à Dakar ne s'est spécifiquement pas penché sur les problèmes des centres de formation maritime de la sous-région mais a reconnu la nécessité pour les ports non seulement de "mettre à la disposition des navires des infrastructures de qualité, mais aussi d'assurer des prestations de services de premier ordre par un personnel bien formé au plan technique et surtout attentif aux conditions, si changeantes, du transport maritime international caractérisé en particulier par des avancées impressionnantes dans la technologie des navires et la prise en charge des questions induites de sécurité".