Né en 1970, Laurent Galandon s’est hissé en l’espace de 5 ans parmi les scénaristes qui comptent. Avec une écriture sensible et engagée, un sens du découpage et de la narration, cet auteur éclectique a décidé d’en faire son métier à temps complet. Lancé par Bamboo avec son premier diptyque l’Envolée sauvage réalisé avec un autre jeune talent Arno Monin, il a influencé un élargissement des sujets traités portés sur une certaine réflexion et un devoir de mémoire dans la collection Grand Angle. Après une belle année 2009, où il signe notamment Quand souffle le Vent dans la collection Long Courrier chez Dargaud, et s’attaque au terrorisme islamique avec Shahidas et aborde la Guerre d’Algérie avec Tahya el-Djazaïr, l’année 2010 s’annonce encore plus animée. Autant dire qu’à l’occasion de la sortie du T1 de son nouveau diptyque le Cahier à fleurs, je ne résistais pas à le revoir à l’occasion d’un passage à Paris en mars 2010...
Comme d'habitude, l'interview intégrale se trouve sur le site Auracan.com dont voici un premier extrait avec le crayonné de la planche 12 du T.2 du Cahier à fleurs en exclusivité pour ce blog (cliquez pour agrandir l'image).
Est-ce un sujet qui vous révolte ?
Oui, et cela reste toujours incompréhensible pour moi ! Le principe du génocide est d’être un massacre organisé, planifié, méticuleusement décidé à l’encontre d’un groupe ethnique. En écrivant ce type d’histoire, j’essaye de trouver des réponses. Mais je ne comprends toujours pas au final. L’extermination d’une population pour des raisons religieuses, territoriales, politiques reste un mystère pour moi...
Quelles sont pour vous les causes de ce génocide et de ce nettoyage ethnique ?
Les Turcs l’ont notamment justifié en raison de la désertion des Arméniens sur le Front russe. Il est vrai que des Arméniens ont rejoint l’armée russe parce qu’ils étaient mal considérés dans l’armée turque, affectés aux missions les plus dangereuses et aux basses œuvres… Mais il s’agissait là d’une justification fallacieuse. Les raisons sont multiples. D’abord la Turquie avait des velléités expansionnistes notamment sur l’Arménie. Ensuite, les Arméniens subissaient depuis des années des discriminations : ils payaient plus d’impôts et n’avaient pas accès à tous les métiers… Des Arméniens se sont organisés en résistance en partie armée contre ce régime. Peut-être les Turcs ont profité de cette période de la Première Guerre mondiale où tous les pays étaient occupés sur d’autres « fronts ». C’est sans doute un ensemble de conjonctions ancestrales. En fait, il y a déjà eu d’autres massacres vers 1895, ou en 1909 à Adana.
Propos recueillis par Manuel F. Picaud en mars 2010
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Remerciements à Ariane Danézis