Il parait que sur Internet on trouve de tout… mais chut !
– Doucement, ne nous faisons pas remarquer. C’est quoi ton nom ?
– C’est Muta.
– Ok salut Muta, moi c’est Mr S., viens il faut rejoindre les autres sur « la gauche ».
– Attends ! Le garçon seul sur le banc, je crois qu’il est là pour la même chose que nous. Je vais le chercher.
– Bien dépêche-toi, ils sont tous là-bas, on doit partir.
Personne ne doit nous entendre et surtout personne ne doit savoir que nous sommes là. Il faut passer par le parc. Nous sommes une vingtaine, certains sont des habitués qui me rassurent et d’autres sont là comme moi, pour la première fois. Tout le monde a reçu le même message la veille avec comme informations : une heure et un lieu. Ca fait des mois que je cherchais à recevoir ce mail !
Il doit être 23h. Nous sommes au pied de l’arbre, dans le noir. Il soulève la bouche d’égoût. Il parait que c’est facile et qu’il suffit de se laisser glisser, comme sur un toboggan. Je ne vois rien du tout, mais quand faut y aller, faut y aller ! Franchement faut pas être trop grand ou trop gros, sinon ça passe pas. Mais où sont mes jambes ? J’entends une voix qui me dit de poser mes pieds sur la marche. Je me faufile, il fait extrêmement sombre et mes yeux ont un peu de mal à s’habituer. Je cherche ma lampe… waaa comme c’est raide ! J’ai intérêt à descendre les 3 étages en me tenant aux murs. Les marches s’effritent sous mes pieds et franchement c’est pas Munin, devant moi, qui va me retenir si je tombe ! Lampe de poche dans la bouche, j’avance lentement, mais sûrement. Il y a du bruit devant et derrière moi mais je ne vois personne.
Me voilà arrivée sur la terre ferme, nous attendons les derniers avant de repartir. Les uns derrière les autres, nous avançons bruyamment. Maintenant il n’y a plus de risque. Le guide connait le chemin par cœur. Afin d’éviter les obstacles ou simplement pour ne pas se perdre, chacun reprend :
– Gauche !
– Gauche !
– Gauche !
– Tête !
– Tête !
– Tête !
Le plafond est parfois assez bas, et je ne suis pas grande, mais ça fait longtemps que je n’ai pas marché en canard.
Après 15 – 20 minutes de marche, je découvre une salle immense à -7 étages sous la terre, je suis enfin dans les catacombes ! Ohh il y a de tout ici : de l’électricité, de la musique, des décors sur les murs, des gens qui dansent et même un chien ! Et en plus c’est super propre, pas de canettes qui trainent, tout le monde a apporté son petit sac poubelle.
Ok c’est interdit, je ne devrais pas être là, mais quand même, je voulais vérifier par moi-même si toutes les histoires que j’avais entendues étaient vraies. Evidemment, le mythe semble un peu exagéré. Je pense qu’il y avait entre 150 et 200 personnes dans cette salle et tout le monde était sympa. Je n’ai pas vu de squelettes, de dangereux drogués, ni de psychopathes, et encore moins d’hommes se promenant avec un couteau pour égorger les jeunes filles. D’ailleurs il y avait beaucoup de filles ! J’ai été surprise de voir des gens de tous les milieux. Des blacks, des midinettes, des métalleux, des archéologues, un géant, bref, beaucoup de gens réunis ici pour passer un bon moment. Et voici un couple de promeneurs trentenaires, BCBG, qui traverse la salle. Ils ne sont pas venus pour la fête mais doivent sûrement partir à la découverte de nouvelles salles et chemins.
Honnêtement au bout de quelques heures à danser, boire un petit coup et fumer, la salle devient un peu irrespirable, mais c’est pas grave. Ce qui compte c’est de trouver un nouveau guide pour pouvoir ressortir ! Je ne vous en dirai pas plus dans cet article pour laisser planer le mystère, mais sachez que pour ressortir, ce fut tout aussi hard qu’au début. Un petit trou de souris dans le mur, à peine de quoi passer ma taille. Il ne faut pas être claustrophobe ! Heureusement que je ne tenais pas à mon jean...
Merci au photographe Damien GUILLAUME pour les images de la soirée.
Et pour ceux qui ça intéresse, je recommande tout de même une véritable sortie officielle dans les catacombes de notre belle capitale !