Cully Jazz, record de fréquentation
Arnaud RobertPlus de 12 000 billets vendus
C’est l’effet collatéral de ce nuage volcanique. Les organisateurs du Cully Jazz Festival ont passé leur fin de semaine au téléphone. Annulation du concert du pianiste Vijay Iyer, qui se trouvait bloqué en Scandinavie. Puis, retrait de la programmation, en dernière minute, du guitariste Marc Ribot, lui aussi en rade à Manhattan. Sur dix jours de concerts, ces aléas relèvent de l’anecdotique. Mais ils disent bien, à l’issue de cette 28e édition, la capacité d’improvisation d’un festival qui s’achève sur un record.
Pour la première fois, la manifestation dépasse les douze mille billets vendus (12 300). Le chiffre est dû notamment à l’augmentation de la capacité du chapiteau, mais aussi à une programmation maligne sans être (trop) racoleuse. Dix concerts affichaient complet. Même la soirée menée par le pianiste André Manoukian, juré de la Nouvelle Star et philosophe qui embrasse large, possédait quelque vertu au-delà du petit coup médiatique. L’idée, au travers de standards du jazz, chantés avec bonne volonté par Helena Noguerra ou Benjamin Siksou, que le swing n’est pas forcément cette chose antique vouée aux ascenseur.
Le triomphe de la soirée en hommage à Django Reinhardt, menée par le guitariste et violoniste Dorado Schmitt, mais aussi le duo Charlie Haden et John Taylor, ou l’exceptionnelle prestation funky du groupe congolais Staff Benda Bilili ont aussi marqué cette édition. Le concert improvisé du pianiste Yaron Herman, où il s’accompagnait de maîtres islandais interdits de vol, appartient déjà à l’histoire de Cully.
Mais une nouvelle fois, c’est du côté des invités suisses, dont le festival s’est fait une spécialité, que l’événement s’est joué. La création d’Olivia Pedroli, sur un fil fin entre l’aérien et l’éthéré. L’énorme son du groupe genevois Imperial Tiger Orchestra, dédié aux modes éthiopiens, dont on attend avec impatience le premier album. Ou Plaistow, étrange trio qui articule dans le même geste une sorte de jazz-pop insidieux et une abstraction lyrique proche de la musique minimale américaine.
Bref, belle ambition pour le Cully Jazz Festival qui a accueilli 45 000 personnes dans les alentours de ses salles payantes et devrait équilibrer son budget. Une nouvelle fois, avec le risque de voir déraper un petit miracle culturel en fête de la bière."
Source : http://www.letemps.ch/Page/Uuid/7584aab4-4b2a-11df-9497-62dd8def2d65/Cully_Jazz_record_de_fr%C3%A9quentation