L’OPIUM
D’après Albert de Pouvourville (en 1906)
Etapes de la fabrication de l’opium
Tiges de pavots fendues
Suc blanchâtre descendu
Collecte.
Quand la consistance est correcte,
Envois des colis
A la bouillerie.
Traitement,
Changement
De couleur :
Brun foncé.
Odeur
A froid : truffée
Chauffée :
Parfum merveilleux, indéfinissable.
…Usage reprochable !
Matériel du fumeur
La pipe : un fourneau
Et un long tuyau.
Une aiguille
D’acier et une lampe à huile.
Méthode
Le fumeur prend deux gouttes d’opium à l’aide de l’aiguille.
Il les fait grésiller à la flamme de la lampe à huile.
Quand la cuisson lui convient,
Il enfonce bien
L’aiguille dans le fourneau.
Il y dépose la boule dorée, boursoufflée,
Porte à sa bouche le bout du tuyau
Et aspire deux ou trois bouffées.
Rien ne se perd, tout se transforme
Le résidu de l’opération
Traité à l’alcool et par cuissons
Au bain-marie
Donne un opium second.
En Extrême-Orient, les pauvres trouvent même
Leurs délices avec l’opium quatrième.
Impressions ressenties
Dans ces vapeurs opaques, noircies,
Le corps et l’esprit
Sont envahis d’une douce euphorie.
Aucun désir de sommeil.
Au contraire, le fumeur bénéficie
De ses facultés physiques et intellectuelles
Entièrement,
Pleinement.
Une intelligence lumineuse se dirige selon le désir
Du fumeur, vers ce qui l’attire.
Si le fumeur demande le repos de son esprit,
Il arrive complet, absolu voire renchéri.
Le corps est oublié. Existe-t-il ?
L’esprit n’y songe plus. Que fait-il ?
Il est dans une sphère indéterminée, imprécise.
Les premières pipes donnent au novice
Des nausées et des vertiges particuliers.
Ces vertiges disparaissent quand le fumeur est habitué.
Il se sent enlevé dans les airs,
Libéré des contingences de la terre.
L’opium contient des stupéfiants
Mais aussi des excitants.
Il fait disparaitre toutes douleurs nerveuses
Et affections migraineuses.
En Chine, on en fait même absorber
Aux condamnés à mort avant de les exécuter.