A la pointe de l'épée

Publié le 19 avril 2010 par Litterature_blog
Richard St Vière est le meilleur bretteur des Bords-d’Eau, un quartier populaire particulièrement mal famé. Engagé par les riches notables de la ville pour défier le champion d’un rival que l’on veut déshonorer, il remporte brillamment chacun de ses duels. Ses tarifs mirobolants lui permettent d’entretenir son jeune amant Alec, un étudiant désœuvré qui accumule les dettes de jeu. Mais en refusant un contrat proposé par un lord aux mœurs douteuses, St Vière va déclencher une machination qui ébranlera les plus hautes sphères du pouvoir et fera de lui un homme traqué…Que dire sur ce roman sans être trop méchant ? Le fait de situer l’action dans un 17ème siècle imaginaire (l’action se déroule dans un pays fictif qui pourrait être la France où l’Angleterre de l’époque) peut de prime abord apparaître comme une originalité intéressante. En fait, c’est un choix davantage dicté par la facilité car il enlève toutes les éventuelles difficultés liées à une reconstitution historique crédible. En comparaison, lorsque Pierre Pevel imagine les aventures du chevalier Kantz dans une ville allemande protégée par un dragon (la trilogie de Wieldstatd), il décrit avec une précision redoutable le fonctionnement d’une ville d’Europe du Nord en 1620. Ellen Kushner se contente de créer une ville de carton-pâte qui relève plus du décor de théâtre que d’une réalité tangible. Son écriture finalement assez pauvre et très peu visuelle ne permet pas au lecteur de réellement s’imprégner de l’ambiance de la ville. La description des bas-fonds est trop « propre » et celle des maisons bourgeoises pas assez « baroque » pour être séduisante.Et que dire des dialogues ? C’est tout simplement catastrophique. Ils sont ampoulés au possible, d’une totale vacuité. Il y a des années que les dialogues d’un roman ne m’avaient semblés aussi imbuvables !Pour ce qui est des personnages, ils sont trop nombreux et surtout pas suffisamment attachant pour que l’on développe une quelconque empathie à leur égard. Ceux qui possèdent un profil intéressant disparaissent de l’intrigue sur une pirouette au point que l’on se demande pourquoi ils ont été mis en scène (le jeune Lord Michael Godwin par exemple). Entre les duels sans intérêt gagné d’avance par Saint Vière, les complots politiques sans envergure et les histoires de fesse même pas graveleuses, l’ennui vous attrape à bras le corps dès les premières lignes. Et il ne vous lâche plus jusqu’à la dernière page, pour peu que vous soyez assez téméraire pour aller jusqu’au bout. Franchement, si je n’avais pas reçu ce livre dans le cadre d’un partenariat, je n’aurais jamais dépassé la 200ème page. Voila donc le premier livre de l’année qui m’est littéralement tombé des mains. Ce sont des choses qui arrivent, on ne peut pas toujours trouver des ouvrages qui correspondent à nos goûts. Merci en tout cas à Blog-O-Book et aux éditions Folio de m’avoir permis de recevoir ce titre, même si pour le coup je ne suis pas tombé sur un bon roman, loin de là !A la pointe de l’épée, d’Ellen Kushner, éditions Folio, 2010. 410 pages. 7,70 euros.L’info en plus : pour ceux à qui ce billet aurait donné envie de découvrir d’autres publications d’Ellen Kushner, sachez que les éditions Folio ont publié en 2002 un roman intitulé Thomas le Rimeur. Le pitch ? Pour s'être risqué au baiser offert, Thomas le fameux Rimeur se retrouva prisonnier de la Reine des Elfes. Grand vivant s'il en fut, et joyeux compagnon, Thomas vécut près d'elle sept années, dans les voluptueux plaisirs du royaume de Faërie, avant de retourner dans son monde premier, celui du labeur, de la peine, et de la fuite du temps. Hanté, tourmenté par les souvenirs des splendeurs perdues, il lui fallut, malgré tout, retrouver la femme qu'il aimait, reconstruire sa harpe. Et vivre avec les cadeaux ambigus de la Reine des Elfes, le don de prophétie et la malédiction de la parole vraie (4ème de couverture). Personnellement, je passe mon tour.