Dans ce nouvel écrin, elle présente ses collections à l'allure romantique, cotons légers et imprimés fleurs ou vichy, et une sélection de maroquinerie et de bijoux.
J'ai profité de ce nouveau départ pour rencontrer Vanina.
Peux tu nous présenter ton parcours ?
J’ai fait des études de designer textile à l’Institut Supérieur d’Arts Appliqués. Après ma sortie en 2002, j’ai fait quelques petits stages dans des bureaux de style puis j’ai commencé à coudre chez moi. J’ai alors essayé de vendre mes vêtements d’abord dans des petites boutiques puis dans des salons de créateur et c’est comme ça que Please Don’t a commencé.
En 2007, j’ai ouvert une première boutique atelier rue de Picardie dans le 3e, et en 2010, j’ai déménagé rue Henry Monnier en reprenant le nom de Vanina Escoubet.
Pour quelles raisons voulais tu changer de nom ?
Au départ Please Don’t était parti d’une blague, donc que je ne voulais pas me le trainer pour toujours. Et techniquement, je l’avais mal déposé à l’INPI, donc cela pouvait devenir compliqué.
Pourquoi ce déménagement ?
Principalement parce que je voulais m’agrandir. Je ne suis pas sûr que le Marais soit le meilleur calcul qu’il soit, il y a déjà beaucoup de petits créateurs et les loyers sont élevés.
Ici, c’est un quartier très commerçant, il y a la rue des Martyrs pas loin. C’est un grand mélange sympa, d’un côté tu as Pigalle, vers Abbesses tu trouveras les touristes et ici tu trouveras pas mal de commerçants, de vieilles brocantes, de petits magasins de vêtements. Tout se mélange assez bien.
Certains me disent comme toi que le Haut Marais est surévalué notamment la rue Charlot…
C’est assez vrai. La rue Charlot a une très belle offre, mais il n’y a pas de trafic. Ce n’est pas une rue agréable, tu es bloqué dans un grand couloir entre des files de voitures.
Rue de Picardie, il y avait encore moins de monde, tu peux imaginer…
Est-ce que tes clientes t’ont suivi ?
Je suis ravi de voir que certaines m’ont suivi ici. Au final, je me suis aperçu que beaucoup de mes clientes ne venaient pas du 3e, et venaient dans le Marais pour me voir.
Et j’ai acquis de nouvelles clientes de quartier.
Ta boutique est également un atelier...
Oui, c’est mon outil de travail principal. Je fais toute la création, mais je peux également faire des retouches ou de la demi-mesure. Je peux décliner des modèles de la collection selon les envies de la cliente. Par exemple, j’ai chiné beaucoup de dentelles en brocante et cela permet de créer des modèles complètement uniques. C’est la même chose pour les boutons. J’achète aussi beaucoup de coupons de tissus qui me permettent de faire une robe ou deux à la demande.
Je fais un tout petit peu de robes de mariées, mais il faut vraiment un feeling avec la personne sinon cela ne marche pas.
J’aime beaucoup la demi-mesure, c’est un rapport à la cliente qui est différent car on la voit plusieurs fois, on a vraiment le temps de faire connaissance.
Où fais tu fabriquer tes vêtements ?
J’ai un petit façonnier dans le 10e qui fait des assez petites séries.
Avec tes prix, ce n’est pas exorbitant ?
Oui, c’est difficile. Je fais de toutes petites marges, et je ne peux pas faire beaucoup de vente en gros.
Cette saison, j’ai testé quelques pièces en Pologne et je suis assez content du résultat.
Mais tes clientes ne sont pas attachées au Made in Paris ?
Un peu, mais je ne suis pas assez haut de gamme pour me permettre des prix élevés. Je suis persuadé qu’au final la cliente préfère que ce soit moins cher et pas fabriqué en France.
Tu as un style résolument romantique…
Très romantique, vintage, un peu rétro. Je pars beaucoup de vêtements chinés que je trafique un peu. Donc forcément, cela se ressent.
Mais tu trouveras aussi une inspiration de vêtements d’homme sur les chemisiers.
Comment penses-tu tes collections ?
C’est vraiment une boutique de copine, je prends ce qu’on me dit. Et puis j’ai mes propres envies de vêtements. C’est vraiment des envies de pièces. Cela se construit comme ça un peu brique par brique.
Tu vends aussi d’autres créateurs ?
J’ai beaucoup de bijoux de plusieurs créateurs, un peu de maille et de tshirt de Charlotte Sometime, la petite maroquinerie d’Anemie, une fille de Roubaix. Souvent ce sont des gens que j’ai rencontré sur les salons. J’aime beaucoup trouver des créateurs pas trop diffusés, créer de l’originalité.
Qu’est ce que t’as appris l’aventure Please Don’t ?
Tout ! J’ai commencé de zéro, j’ai appris à dessiner des modèles, acheter les tissus, trouver les réseaux de production, les premières boutiques. C’est avec Please Don’t que j’ai lancé mes premiers modèles phares que je suis encore à chaque saison. Il y a un style qui s’est mis en place, Vanina Escoubet est vraiment la continuité.
Comment est ce que tu communiques sur tes créations ?
Beaucoup sur les blogs, c’est moins facile avec les magazines, mais j’ai eu un très bel encart dans le Elle.
Et l’avenir ?
J’aimerais beaucoup travailler sur l’homme, au moins pour une silhouette.
Par contre, je ne me vois pas ouvrir une 2e ou une 3e boutique. Je voudrais plutôt développer la vente en gros. Tu me trouveras actuellement chez Matières à Réflexion dans le 3e, My Family rue Mayet, L’Oeuf rue de Fleurus ou aux Fées de la Création à Toulouse. J’ai aussi deux boutiques en ligne qui arrivent bientôt.
Tu arrives à vivre de tes créations ?
Maintenant oui, j’ai démarré il y a 2-3 ans donc cela commence à bien marcher.
Merci Vanina !!
Boutique-Atelier Vanina Escoubet
1, rue Henry Monnier - Paris 9
Tél. : 01 42 74 31 42
M° Pigalle ou Saint-Georges
Ouvert de 11h00 à 19h30 du mardi au samedi.
www.vaninaescoubet.com