Au Collège : l’observation du terrain (1/2).

Publié le 19 avril 2010 par Sheumas

         Le livre est aussi l’aboutissement d’une observation du milieu dans lequel, suite à une mutation (professionnelle celle-là !), j’ai été amené à modifier le contenu de mon enseignement et de ma pédagogie. Quel est ce milieu ? Enseigner au collège implique une confrontation permanente avec le monde clos des jeunes ados... Le professeur se trouve en contact permanent avec ce public si particulier qui a tendance à se renfermer sur soi-même et à exclure les adultes.

Alors plongé dans sa classe et enfermé avec ses élèves, on peut risquer la métaphore suivante : le professeur « agit en contrebande ». Il parvient tout de même, (pas toujours dans les meilleures conditions !) à « passer sa marchandise », à la faire admettre dans le cercle fermé des jeunes consciences qui possèdent leur propre système de références et qui ont une fâcheuse tendance (à combattre systématiquement) à vouloir imposer leurs lois à l’entourage.

On saisira mieux cette réalité du terrain en évoquant une dialectique de la civilisation et de la sauvagerie. Les enfants qui sont au collège ne maîtrisent pas la sauvagerie qui est en eux, ils la laissent instinctivement s’exprimer dans les couloirs, les cours de récréation ou autres réunions collectives. De ce fait, pour parvenir à transmettre le « message éclairé », le professeur doit avant tout fixer des règles et « cadrer » ses élèves : en d’autres termes, mettre de la « civilisation » là où il y a de la « sauvagerie »... Car l’ensauvagement vient battre jusqu’aux portes de la classe : violence verbale, violence physique, cris, crachats, expectorations diverses, instinct de dégradation, pulsions sexuelles mal canalisées, formes primitives de la séduction...