JACQUES HIGELIN ::: Coup de foutre, rien à foudre (et autres subtilités)

Publié le 18 avril 2010 par Gonzai

Dix-sept albums à son actif, dix-huit parfois, selon les coupures de presse. Plus de soixante dix ans, des rides cachées par les cheveux longs et fins, un succès sur le tard, une révérence nationale pour le dernier (Coup de foudre), difficile de comprendre clairement ce qui me pousse à harceler le service de presse depuis trois mois pour rencontrer Jacques Higelin, père de.. père du rock français, voyons. A qui pensiez-vous?

"On va commencer l'interview avec un peu de retard" prévient le manager, "tu comprendras vite, c'est Jacques qui fixe la durée de l'interview, ça dépend de son humeur". Pour l'instant, il nettoie un bout de pâte coincé entre ses dents, finit son repas, se demande sûrement quoi dire encore après trois mois de promo marathon à se faire bassiner la coquillette sur le succès de sa fille. "On va commencer dans cinq minutes, t'as le temps de griller une dernière clope". Juste le temps qu'il me faut pour réviser les questions que je ne poserais pas. Ou plus tard peut-être, quand la bête sera apprivoisée, penser à parler du triptyque seventies composé de BBH 75 / Champagne pour tout le monde / Alertez les bébés. Un mélange de rock braillard et de punk d'avant l'heure, de chansons dada adaptées aux PMU quand on rêvait de saloons. Jacques remonte des toilettes, j'éteins ma clope de condamné, attrape une phrase au vol qui fixe le début d'interview: "Putain même aux toilettes on me parle du passé, j'marche pas en regardant derrière moi, sinon à la première plaque d'égout..." Le ton est donné, on va rayer des questions.

"J'ai jamais su sur quel pied danser avec toi" (Jamais su)

Sur la table, un dictaphone. Devant le mur, un septuagénaire fou de Charles Trenet, Jean Genet et Arthur Rimbaud, devenu trafiquant d'armes sur le tard comme Higelin rockeur sur la trentaine. Tout s'enchaîne assez vite, avec du propos décousu et une interview qui débute comme une mauvaise chirurgie. Un "classique du genre", pour ceux qui ont déjà rencontré Jacquot le cinglé:  "Tu la connais cette blague de De Gaulle? Il avait beaucoup d'humour tu sais... très  cinglant, j'ai pas une admiration sans bornes pour le bonhomme hein, une tête pas possible en plus, mais je l'ai pas connu, enfin bref.... Mais je suis pas Gaulliste hein, et puis c'était un militaire... Bref, quand il revient à la libération, il se tape plein de défilés, des généraux en veux-tu en voila, des maréchaux par ci, des capitaines par là, et puis soudain on lui présente un adjudant, tu sais ce qu'il lui dit De Gaulle: "Bah alors mon vieux, vous savez pas coudre?". A la libération, tous les mecs s'étaient distribués des grades, alors forcément, l'adjudant.."

"Bah alors mon vieux, vous savez pas coudre?"

L'interview n'a pas encore commencé que je sens déjà qu'il faudra enfiler les questions par le chas d'une aiguille. Son dernier album est largement à la hauteur du personnage, meilleur peut-être, que certains albums classés "culte", plus moderne aussi, plus rock, par éclaircies. Etonnant paradoxe d'un homme qui n'est plus à cela près. Le ciel, Higelin est tombé dedans à la naissance, il en a fait un tube, permis à l'ami Jacno (producteur du disque, NDR) de devenir rentier et à d'autres de faire la lumière sur cet étrange objet du désir que reste Higelin, quarante ans après ses débuts. A l'âge où d'autres sucrent des fraises, Jacques commande un café, c'est parti pour une heure de questions sans réponses. Ou l'inverse.

En prenant des notes sur votre disque, j'ai écrit par erreur "Coup de foutre". Du coup, je me suis demandé comment on envisageait le rock, le sexe, à soixante dix balais, après une grande carrière comme la votre.

Coup de foutre, c'est bien, c'est pas mal.. Mais si tu veux mon avis, tout ça n'a rien à voir avec une grande carrière. Ou alors, une carrière de foutreur, de foutriquet ou de Jean-Foutre... Naaan, c'est... Je ne me suis jamais posé ça en terme de "coup de foutre".

Mais Coup de foudre sent le coup de jeunes, musicalement, alors qu'il y a plein de vieux briscards derrière, comme Rodolphe Burger, à la production, entre autre.

Mais Rodolphe, c'est pas un vieux briscard. Quel âge as-tu?

Euh, 30.

Bah tu vois, par rapport à un mec de huit ans, toi t'es un vieux. Et c'est quoi cette histoire de "vieux briscard", c'est un truc qu'on dit à l'armée. T'as fait l'armée, toi?

Euh, non. Je voulais simplement dire que l'album était étonnamment rock, ne le prenez pas mal, c'était un compliment.

Toute l'équipe était passionnée, ce sont des gens sincères, pas des vieux routiers, c'est le cas de Rodolphe comme des autres.

Ce qui revient souvent dans les interviews, c'est le fait que vous n'aimez pas parler du disque mais que vous êtes sensible au lieu de l'enregistrement, la ferme, comme vous l'appelez.

Ah oui, ça c'est vrai. J'étais loin de l'agitation, loin des interférences, j'aime bien les endroits où il y a du silence, de la concentration, où tu peux t'abandonner à la rêverie, dans ton imaginaire;  les studios ça me rend... comment on dit quand on angoisse dans les pièces closes... claustrophobes oui, c'est ça, jusqu'à me rendre très mal, me donner envie de foutre le camp. A Sainte-Marie-aux-Mines, dans cette ancienne ferme, il y avait quelque chose de... mystérieux... des pièces qui.. quelque chose que... C'est toujours dur de parler, plus ça va et plus c'est difficile de communiquer ce que tu ressens parfois, quand tu es en dehors du temps. C'est une notion très relative pour moi, en dehors du temps qu'il fait, bien sûr. Parfois je sais les heures rien qu'à regarder la lumière du ciel.

(Cela fait précisément 9 minutes que nous sommes en interview et déjà l'impression coriace que la sortie n'est pas loin, que les questions tombent dans l'oreille de l'artiste comme un ourlet de jean mal fait sur les pompes cirées. Va falloir s'accrocher, me dis-je, peut-être apprendre à coudre aussi. Et broder)

Etre en dehors du temps, des choses concrètes, cela me fait penser que je vous ai toujours imaginé comme un évadé.

Etre en dehors du temps, ce n'est pas euh, "inconcret", c'est une autre forme de perception des réalités. C'est comme un peintre, tu vas venir l'emmerder lorsqu'il a besoin de se plonger dans sa toile ou ses visions. Le temps d'un autre, ça se respecte.

(Il tourne sa tête vers la rue, regarde les voitures qui passent, profèrent discrètement un "ptain c'est pas croyable" puis revient à moi)

Ce matin, j'allais chercher Izïa à l'aéroport et j'avais l'impression d'être entouré d'une bande de tueurs en bagnoles, des "car-killers", plutôt des mecs quoi, on sent que s'ils pouvaient t'écraser ils n'hésiteraient pas, il y aurait des morts partout... C'est dingue.

Ca vous emmerde de parler de vos peintures?

Hein?

Après trois mois de promo, je suppose que c'est compliqué pour vous de parler de votre travail, du disque, du succès de votre fille.

Ah oui. Mais tu sais, tout est question de vision. Un jour, j'ai joué pour des autistes et très vite je me suis rendu compte que... qu''on n'était pas loin quoi. Y'avait une fille qui me parlait à toute vitesse, j'ai compris qu'il ne fallait pas chercher une logique, un rapport, dans ce qu'elle disait, tout marchait par vision chez elle, elle fonctionnait comme ça, avec des collages entre ses pensées. Du coq à l'âne quoi, il y avait des télescopages fabuleux dans ses mots, des choses étonnantes, et moi, je trouvais cela parfaitement cohérent.

On retient souvent de vous l'image d'un poète fantasque, un peu barré (il se marre gentiment). Moi la seule chose que je savais de votre folie en arrivant ici c'est grâce à ma belle-mère. Un jour, elle a pris l'avion avec vous et m'a raconté que vous portiez le trench de votre femme sur la ligne Paris-Fort de France, m'a confié qu'elle vous avait trouvé... étrange.

Un trench... c'est quoi? Ah oui, un trenchcoat!

Je me suis demandé si à un moment vous aviez ressenti le besoin de canaliser votre propre folie ou si, au contraire, vous l'aviez laisser sortir comme l'air qu'on respire.

La folie, dans ce cas là, c'est une forme de liberté; nous sommes trois, moi, l'enfant et... (il s'interrompt). On les voit les évadés, j'ai toujours eu de l'admiration pour eux, dans les films, ces gens qui se barrent. C'était dans ma nature, et déjà petit je n'aimais pas les groupes, les types qui ne pensaient pas par eux-mêmes. J'y pensais encore ce matin d'ailleurs, ne pas avoir besoin d'encensement, de flatteries, de critiques, parce que je sais que ce j'aime. Et je sais ce que je n'aime pas. Et tant que tu n'es pas mort, tu n'es pas fini. Et encore que... on déterre bien des gens pour faire des tests de paternité.. (Est-ce une allusion à Yves Montand?)... Une fois enterrées, les chaires continuent leur travail de macération, c'est complexe tout ça, c'est l'anima, l'âme. (Il hésite)

Passé un certain âge, voit-on le corps comme une marionnette qu'il faut animer?

Non, non, non. Un jour, une amie m'avait fait cette réflexion à propos de Jean Babilée, un magnifique danseur: "le corps est intelligent, aussi". On le voit chez les animaux, aussi.

(Rapide discussion sur le Tsunami et le départ soudain des animaux sur les montagnes pour éviter la catastrophe, petite ellipse sur le thème passionnant de l'insecte en tant qu'objet de science-fiction, je vous épargne la digression)

L'instinct, c'est encore quelque chose qui vous guide aujourd'hui, dans vos choix? Avec le temps, vous la gérez comme vous voulez votre carrière, non?

Pas toujours, non. Je n'arrive pas toujours là où je voulais aller. Il y a ce dont on rêve, et la façon dont on y arrive. J'ai toujours été attiré par les choses très modernes, mais dès fois j'y arrive pas du tout, je n'arrive pas là où j'ai envie d'aller.

Vous avez des albums en tête, des disques où vous ne seriez pas arrivé au bon endroit?

Non, mais dès fois je me dis "bon, partie remise". Maisje ne lâche pas hein, fondamentalement,  car la création, comme l'inspiration, c'est sans arrêt, t'es vacant, que même lorsque tu te promènes, le cerveau fonctionne. Moi ce que j'aime, c'est marcher, marcher, marcher... dans des espaces où y'a personnes. Parce que pendant ce temps là, ça met en route plein de visions, des choses, des discours mêmes, à haute-voix, même si y'a personne. Y'a personne, mais je parle quand même, j'sais pas pourquoi. Si on veut considérer que c'est de la folie, moi je dis que non, mais si je n'étais pas artiste, on pourrait penser que le type qui parle tout seul et qui arpente la campagne, il faudrait... (Il s'arrête)... faire quelque chose quoi.

Vous est-il déjà arrivé, comme à d'autres, d'être assailli par des mélodies, des visions, au point que la création donne l'impression d'être un cadeau du tout puissant, du moins qu'elle vient de l'extérieur?

Oui, très souvent. Des moments où tu n'es que le passeur entre l'imaginaire divin et l'humain. Ce n'est peut-être même pas forcément divin d'ailleurs, c'est peut être juste une force orgasmique, organique...

Ou la foudre, qui sait.

Ouais. C'est tellement impressionnant la foudre. Voila environ deux ans, je me suis retrouvé dans une cabane au milieu d'une forêt, 'fin, d'une assemblée d'arbres, plein d'arbres, donc une forêt. Un ami y avait construit une cabane, j'avais décidé d'y dormir, c'était une nuit noire, car le ciel était très chargé. Tout d'un coup, l'orage s'est déclenché, et la cabane était munie d'un toit en verre, et là, j'ai vu le spectacle le plus WAAAAAAAAAAHHHH, étonnant de ma vie, la foudre était partout, j'étais au centre de l'orage, avec un bruit énorme. A chaque coup, je me disais que c'était le dernier, que la foudre allait tomber sur moi.

En parlant d'association d'idées, je pense à Tombé du ciel, votre hit de 1988. Et du coup, je pense à Jacno, qui avait produit cet album. Sans revenir trop lourdement sur sa mort, n'avez-vous pas l'impression d'être un miraculé avec plein de gens touchés par la foudre, à vos cotés?

Ah ouais, protégé... mais par quoi, j'sais pas. C'est difficile à expliquer tout ça, là on vient de perdre beaucoup de gens que j'aime profondément: Fred Chichin, Alain (Bashung), puis Denis (Jacno). Il y en a eut d'autres, mais ceux là...

Vous n'avez jamais pensé à retravailler ensemble, après Tombé du Ciel?

Non, j'étais allé voir ailleurs. Mais on se voyait souvent. On avait toujours envie de lui dire "arrête de boire", mais quel homme classieux, jamais une plainte, un classieux. A l'époque de Tombé du ciel, il venait de perdre sa compagne Pauline Lafont, pas une plainte en studio, on faisait l'album. Un homme rare, j'aime toujours Denis, même s'il n'est plus là. Y'en a pas de trop des êtres qui ne pensent pas comme tout le monde, Denis aimait provoquer, brouiller les cartes, souvent de façon drôle, pour démasquer les gens, sous ses airs provoquants. Avec Denis, on pouvait rire de tout.

Votre fille le crie sur tous les toits, vous êtes l'un de ceux qui a popularisé le rock en France, courant des seventies, avec B B H 75, entre autre. Pourriez-vous m'expliquer, sans trop regarder dans le rétro, la grande différence entre vos débuts folk avec Areski (Higelin et Areski, 1969, puis Jacques Crabouif Higelin, 1971) et votre percée dans le rock?

Dis donc, elles sont bien tes chaussures, j'avais pas vu.

Ah, bah merci. Les vôtres sont mieux cirées, en revanche. Bon alors, vous l'expliquez comment cette rupture dans votre carrière, l'arrivée de l'électrique dans votre musique?

C'est arrivé après la trentaine. Mais depuis longtemps dans ma tête, j'y pensais. Au début, je n'étais pas vraiment musicien, et quand tu n'as pas d'idée arrêté, tu ne te vois pas comme un rockeur ou un bluesman. On peut te coller les affiches qu'on veut, ça ne fait pas de toi ce qu'on imagine. A l'époque, j'avais besoin de dire des choses qui demandaient ce véhicule là, l'électricité. Le texte, les mots que j'écrivais, avaient besoin de nerfs, j'avais besoin de rentrer dedans, exprimer une certaine colère, une rébellion. Envie d'un WOAAAA pour écarter les murs, faire sauter les portes, parce que l'époque était étouffante, comme une révolte joyeuse. Et puis j'avais lu beaucoup de choses, Jean Genet, quelqu'un de très délicat. A l'adolescence, j'avais beaucoup écouté Gene Vincent, je trouvais qu'il avait une grâce proche de l'adolescence, une finesse, ç'aurait pu être Rimbaud, c'était incroyablement gracieux. Comme Johnny Cash, comme Robert Johnson. Denis (Jacno) n'avait pas tort, c'était surtout une question d'élégance. D'un coté les Mods, de l'autre les rockeurs, regarde les Stones, ils étaient habillés comme des princes, euh, décadents, ou entendons-nous, des princes dans un monde qui n'était pas décadent.

("Fumer dans les avions, c'est impossible maintenant". On sort s'en griller une sur la terrasse, Jacques en fume deux coup sur coup, l'histoire continue)

Je vous embête avec l'histoire du rock'n'roll, parce qu'en écoutant Coup de foudre, j'ai justement trouvé cela très "rock". Je me suis demandé comment quelqu'un de 70 ans envisageait ce qui reste du mouvement, soixante ans après ses débuts.

J'ai pu raté des albums, niveau réalisation, parce que j'ai fait confiance à des gens qui sont passés à côté. Ce qui n'était pas le cas avec Jacno, ou des gens comme Laurent Thibault, mais j'ai jamais fait parti de la famille des Johnny/Dutronc/Eddy Mitchell, parce que j'ai suivi un autre parcours, j'étais dans d'autres choses. Je pensais devenir comédien, j'étais au cour Simon, et c'est là que j'ai fait connaissance avec beaucoup d'auteurs, c'est là que j'ai appris à penser, puis découvert le coté audacieux et marrant d'un Jean Cocteau. C'est bien après que j'ai compris que des gens comme Bowie, Lou Reed, n'était pas passé à coté.

(Un passant interrompt la discussion: "C'est vous Daniel Higelin? Vous avez quel âge? Continuez hein, n'arrêtez pas!")

Ca m'arrive tous les jours, t'inquiète. On me confond souvent avec Daniel Gelin, Jacky Gelin...Les gens me reconnaissent sans me connaître.

Quand on arrive à votre âge, sans vous brosser dans le sens du poil, comment envisage-t-on la création d'un album? Compose-t-on comme si c'était le dernier, ou se dit-on qu'on jouera jusqu'à la mort?

C'est un peu la même chose, non?

Certes. Mais on peut voir la chose avec optimisme ou pessimisme, c'est selon. Y'a-t-il une urgence à dire des choses qu'on n'aurait jamais dite?

A chaque fois, je me demande si je ne serais pas mort avant d'avoir fini l'album. On a envie de continuer, jusqu'à la mort, forcément. Pour répondre à ta question de façon plus simple, j'ai récemment lu un bouquin de Jean Carmet, qui résume bien l'affaire. Un jour qu'il discutait avec son professeur de comédie, en lui parlant d'un acteur qui était "arrivé" - parce qu'à cette époque c'était l'expression pour dire qu'on avait réussi - son professeur lui a répondu: "s'il est arrivé, c'est qu'il allait pas bien loin". Je trouve ça vachement juste, parce quelqu'un qui se considère arrivé en haut, il peut se faire dézinguer facile. Ca me fait penser à Brigitte Fontaine, à qui on disait récemment qu'elle était une grande dame de la chanson française, qui a répondu au type un "va te faire enculer, connard". Quand elle m'a raconté l'histoire, j'ai trouvé ça "rock", elle a toujours été comme ça, Brigitte. Pas le genre à vaciller sous les compliments. C'est comme Bernadette Lafont qui disait "gentil n'a qu'un oeil, moi j'en ai deux", ça c'est très rock aussi. Pour finir avec ça, on est toujours en devenir, il faut être fidèle à ses envies. Tant que tu avances, tu ne recules pas. Je me souviens du staff des Victoires de la Musique, qui voulait me remettre un prix, mais même en chaise roulante, j'irai pas, même pas avec des tuyaux. No way.

Finissons sur Coup de foudre. La dernière chanson est une instrumentale, et il se dégage une émotion assez forte d'Expo Photo. Représente-t-elle quelque chose de spécial, pour vous?

Ce que je voulais décrire sur cette chanson, c'est le fait de justement rester sans voix. C'est né d'une expo photo d'une amie, où j'avais sifflé cette mélodie, sans pouvoir l'enregistrer - parce que je me trimballe toujours avec un dictaphone, d'habitude -. Tu sais jamais d'où ça tombe, parce que t'es vacant, et bref. C'était un endroit où le son se propageait, et puis je me souviens d'une séance photo, après, elle me shootait en bondissant, comme une danseuse, un chasseur, elle me tournait autour. Je voulais décrire ce rapport amoureux entre le shooteur et le shooté, ce rapport animal, cet échange, j'avais des pages et des pages de texte, mais l'album était presque fini, alors la chanson est resté sans mots. Ce moment était absolument passionnant, le fait d'être mitraillé en rafale pour saisir l'instant... C'était un moment calme, du moins en apparence, mais plein d'électricité.

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Jacques Higelin // Coup de foudre // EMI