La question est très clairement posée. Revendication ancienne du patronat français afin d’affaiblir tout l’édifice des diplômes nationaux et des conventions collectives, la rumeur de la disparition du Bep n’en finit plus de se propager. Mais est-ce une rumeur ? Plus vraiment puisque le Bac Pro en 3 ans a été officiellement annoncé par Xavier Darcos lors de son discours de Chalons sur l’enseignement professionnel. Le Bac Pro en 3 ans gommerait la succession Bep/Bac Pro étalée sur quatre années. Trois années là où quatre années ne suffisaient pas toujours, en particulier pour les élèves les plus en difficulté.
Mais au fond, le plus important est bien de s’interroger sur le sens de ces mesures et les raisons qui poussent aujourd’hui le Ministre de l’Éducation Nationale à porter ces coups contre l’enseignement professionnel sous couvert d’une soi-disante revalorisation du bac professionnel par une augmentation du nombre d’élèves qui accèdent à ce diplôme. Cette mesure, si elle venait à être appliquée, mettrait en difficulté les élèves les plus fragilisés.
Toutes les études, tous les rapports d’inspection indiquent que le bac pro en trois ans ne peut être généralisé à l’ensemble des élèves. Ce serait nier à la fois les difficultés scolaires importantes que présentent un grand nombre d’entre eux, le temps nécessaire à la construction d’un projet positif de formation, et la spécificité des formations débouchant sur une insertion professionnelle.
La source principale d’inspiration de ces mesures, nous la trouvons dans le rapport sur la carte de l’enseignement professionnel publié en décembre 2006 pour le compte de la mission d’audit et de modernisation commandée par l’Inspection générale de l’administration de l’Éducation Nationale et l’Inspection générale des finances. Que dit ce rapport ? Il faut diminuer le coût de l’enseignement professionnel, jugé trop élevé, comment ? En diminuant le nombre des formations, en transférant une partie de l’enseignement professionnel hors éducation nationale ! En d’autres termes, on déléguerait aux branches professionnelles la formation ce qui reviendrait à faire passer celle-ci sous la coupe de quelques grands groupes et permettrait ainsi de supprimer de 2 à 8 000 emplois au Ministère de l’Éducation Nationale.
Cette impression d’abandon de l’enseignement professionnel par l’État laisse un goût très amer. Symboliquement, ce sont les jeunes des milieux les plus défavorisés sur lesquels, des économies budgétaires sont réalisées…