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Par Par Karine PERRET AFP - Mercredi 28 novembre,
PARIS (AFP) - Les étudiants en situation de mal-être sont plus souvent des filles, qui habitent chez leurs parents, étudient à l'université, qui ont plus tendance à devoir travailler parallèlement à leurs études et à fumer, selon une étude publiée mercredi par la mutuelle étudiante LMDE.
Hasard du calendrier, cette étude de l'Observatoire EPSE (Expertise et prévention pour la santé des étudiants), réalisée pour la LMDE, est publiée en plein mouvement de contestation dans les universités, notamment contre la loi Pécresse sur l'autonomie des universités, mais aussi pour de meilleures conditions d'études.
A partir de 1.134 réponses à un questionnaire envoyé cet été à des étudiants affiliés à LMDE, trois groupes ont été distingués: les "bien-portants" (75%), "les anxieux-dépressifs sévères" (8%) et ceux se situant dans l'entre-deux, dans une situation de "mal-être" (17%). C'est à cette dernière catégorie que l'Observatoire s'est intéressé.
Ce mal-être est une souffrance qui caractérise plus souvent les filles (22%) que les garçons (10%), selon les premiers résultats de cette enquête.
Les étudiants dans cette situation "vivent davantage chez leurs parents que les autres catégories", a ajouté Fanélie Carrey-Conte, présidente de l'Obervatoire, lors la présentation de l'étude à la presse.
L'Obervatoire a aussi noté que "les étudiants en situation de mal-être sont plus nombreux à étudier à l'université que dans un établissement non-universitaire comme une école, un IUT: ils sont 64% dans ce groupe, contre 52% parmi les "bien-portants".
En outre, "les étudiants en +mal-être+ ont proportionnellement plus changé de cursus que les autres": 32%, contre 21% dans le groupe en bonne santé et 28% des étudiants "anxieux-dépressifs".
Par ailleurs, seuls 50% des jeunes souffrant de mal-être disent parvenir à financer leurs études sans activité professionnelle parallèle, contre 75% chez les "bien-portants". Sur ce sujet, 53% des jeunes en "mal-être" estiment qu'une telle activité est "pénalisante" pour les études, contre 25% chez les "bien portants".
Autre enseignement: les étudiants en situation de "mal-être" ou "anxieux dépressifs sévères" sont "moins nombreux à déclarer avoir quelqu'un sur qui compter en cas de crise".
Selon l'étude, 19% des étudiants en situation de mal-être ont eu "des idées suicidaires au cours des douze derniers mois", contre 6% chez les étudiants qui vont bien (62% chez les "anxieux-dépressifs").
Enfin ils sont 26,2% à se déclarer "fumeurs réguliers" (22% chez les anxieux-dépressifs et 15% chez les "bien-portants").
Ce groupe d'étudiants "rencontre des difficultés psychologiques spécifiques, qui sont réactionnelles à l'entrée dans le système et l'environnement universitaires", a expliqué Dominique Monchablon, psychiatre responsable du Relais étudiants-lycéens de Paris (Fondation santé des étudiants de France).
"Mais on note que ces situations ne durent en général pas longtemps. Elles peuvent se redresser de manière spectaculaire", à condition de "réagir vite", a-t-elle ajouté, plaidant pour la mise en place de "structures légères et préventives".
"Il y a tout de même nécessité d'intervenir, car on n'est jamais à l'abri d'une tentative de suicide, parce qu'il y a risque d'installation de troubles dépressifs sur la durée et pour l'impact sur la qualité et la performance universitaires", selon elle.