Le malencontreux nuage volcanique qui plane sur nos têtes a ôté un peu de lustre et de pipole aux funérailles barnumesques du Président polonais et de l’aréopage militaro-politique qui l’accompagnait dans le vieux Tupolev. Juste un peu de lustre, en empêchant quelques grands de ce monde d’assister pour la parade à la cérémonie de clôture, car le peuple polonais n’a pas attendu ces illustres spectateurs visiteurs pour rendre un hommage grandiose et grandiloquent aux victimes du crash « morts pour la Patrie ».
Cet hommage à la personne de Lech Kaczynski en tant que chef de l’Etat est assez surprenant quand on connaît le peu de sympathie qu’il rencontrait encore dans son pays. Au-delà du profond sentiment patriotique qui fédère la plupart des Polonais, n’est-ce pas plutôt au très catholique et ultra conservateur personnage que le peuple a, consciemment ou non, rendu hommage avec tant de faste et de ferveur… religieuse ? L’Eglise catholique est omniprésente dans les rouages de l’Etat et son influence est immense au sein d’une population historiquement très liée à cet Etat dans l’Etat.
Je n’oserais affirmer qu’en l’occurrence le peuple de Pologne a été manipulé par son Eglise, mais il est certain qu’il est en grande partie conditionné par cette institution qui a tout à gagner en ces moments douloureux. N’oublions pas que les jumeaux homophobes Kaczynski, au temps pas si lointain où ils étaient ensemble à la tête de l’Etat, avaient promis une « révolution morale ». A l’issue des élections présidentielles, le survivant pourrait devenir le successeur de son frère et poursuivre sa mission. Tout profit pour la très conservatrice Eglise polonaise.
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Photo AFP empruntée au Nouvel Obs