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Jean Louis Borloo peut-il être candidat à la présidentielle 2012 ? Et si le profil même de cette fonction était à l'opposé de sa valeur ajoutée ?
Jean Louis Borloo est l'un des profils les plus originaux parmi les actuels leaders politiques.
Pour ce parisien né en 1951, tout semble facile même le plus atypique. Tout est atypique dans sa carrière, dans sa personnalité, dans sa façon de faire de la politique.
Dans sa carrière où avocat au Barreau de Paris, il choisit avant la mode le marché financier, les restructurations, les fusions et acquisitions.
Dans sa carrière politique où son implantation à Valenciennes passe par la Présidence du club local de football. Une mairie de Valenciennes conquise au second tour en 1989 mais dés le 1er tour en 1995 avec pas moins de 63 % des voix (score identique en 2001).
Dans sa personnalité, tout tranche avec les profils classiques. JL Borloo apparaît souvent chemise mal boutonnée, veste fatiguée, coiffure digne du réveil…
Son discours est direct sans les précautions habituelles.
Il a un actif incontestable dont :
- la rénovation urbaine,
- le développement des services à la personne,
- l'amélioration du dispositif de lutte contre le chômage.
On oublie parfois qu'au début des années 90 il fut l'un des fondateurs de " Génération écologie " avec Brice Lalonde, Noël Mamère et Haroun Tazieff.
Tout ce parcours fait de lui le seul représentant crédible à droite en matière de justice sociale.
Par ce créneau, c'est dire son importance capitale.
En effet, la majorité sortante compte peu de personnalités emblématiques pour l'opinion publique et encore moins en matière de justice sociale.
Tout place donc ce responsable du Parti Radical au centre d'un dispositif performant pour la présidentielle de 2012.
Mais l'interessé pousse l'atypisme jusqu'à ne pas répondre à des positionnements classiques.
Il paraît manifestement fantasque au point de surprendre des catégories électorales pourtant très favorables.
Ceux qui le connaissent s'inquiètent de ses " absences ", périodes pendant lesquelles il a rompu avec toute logique de travail voire même de simple contact.
Dans ces conditions, comment discipliner l'indisciplinable pour le fondre dans une organisation présidentielle performante le vouant non plus à un poste de franc tireur mais de véritable leader ?
Ils sont nombreux à exprimer ainsi que par exemple son accession à Matignon serait difficilement conciliable avec son tempérament car il est trop voltigeur pour imprimer une discipline collective organisée en permanence.
Là réside toute l'énigme de JL Borloo et toutes les difficultés pour la droite à " mettre en scène " une personnalité aussi atypique.
JL Borloo devient ainsi l'un des exemples de la difficulté structurelle de la droite à faire vivre une équipe composée de fortes individualités connues et aimées par l'opinion publique et capables de jouer collectif dans les domaines les plus divers dont ceux qui correspondent aux attentes sociétales majeures.
La droite ne dispose que de très peu d'" influenceurs d'opinion ". C'est même la catégorie où elle est la plus faible.
Elle peut recourir à un vivier de bons gestionnaires mais c'est une autre affaire pour compter sur des leaders d'opinion dans des domaines de la justice sociale, de l'environnement, du cadre de vie, de la tolérance comme de la solidarité.
Il est donc temps pour la droite non seulement de placer JL Borloo au centre d'un dispositif de campagne mais surtout de faire naître rapidement beaucoup d'autres profils identiques modernes, atypiques, capables d'être entendus par l'opinion publique sur les nouveaux enjeux sociétaux majeurs. N'est-ce pas déjà trop tard pour la majorité présidentielle ?
La valeur ajoutée de JL Borloo par sa fantaisie n'est-elle pas incompatible avec la constance exigée de la fonction présidentielle ? Ce positionnement de "fantassin fantasque" est-il crédible lors d'une présidentielle ? Il y a matière à en douter sérieusement et donner à une telle candidature l'apparence d'une simple manoeuvre de plus.