Avec l'appel aux troupes coloniales, notamment aux tirailleurs sénégalais, la grande guerre constitue un tournant. Elle permet aux métropolitains de découvrir et donc de mieux connaître les populations des colonies venues servir la patrie. Leur présence prolongée en Europe modifie l'image des Noirs. Une fois la surprise de la découverte de ces individus à la peau sombre, les Français découvrent des hommes, très différents des "sauvages" exhibés et mis en scène dans les expositions coloniales ou décrits dans la presse.
Tirailleurs sénégalais, retour du front. Peinture, 1915.
Si la connaissance de l'autre progresse incontestablement avec la venue des troupes noires en métropole, le paternalisme reste toutefois omniprésent. Le caractère primitif s'atténue et l'image du grand enfant redevient prégnante, celle du bon nègre doux, sociable, naïf et rigolard. Marc Michel écrit: " la représentation très négative du noir sauvage, étrange, barbare, s'ajouta, plus que ne se substitua, une autre image, celle nu Noir "bouffeur de Boches, mais "grand enfant " et "brave tirailleur à la chéchia." La chanson contribue à véhiculer ces représentations. Les populations noires sont ré- humanisées, mais toujours dans une perspective raciale et infériorisante. Les stéréotypes abondent dans la plupart des morceaux évoquant les troupes indigènes, notamment ceux consacrés à la force noire, qui fascine tout particulièrement. Une chanson coloniale créée en 1913 l'illustre parfaitement: Bou Dou Ba Da Bouh, interprétée par Félix Mayol.
Nous vous en parlons plus largement sur l'histgeobox.
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