Magazine France

L'idéologie du métissage vue par un métis

Publié le 18 avril 2010 par Roman Bernard
Ci-dessous, un article de Gustave Ruben :
La France d'aujourd’hui. Son métissage, sa diversité, son multiculturalisme. Je suis l’un de ses métis. C'est donc contre moi-même que je réagis à l’idéologie politique du métissage, à ce qui me semble être sa dangerosité. Une manière de penser contre soi, comme nous l'a appris Cioran (1), afin de comprendre le fanatisme qui naît en sa propre maison.
L’idéal extrémiste aime se présenter à face d’ange. Il consiste à défendre d’affreuses perspectives qui, pour trop concorder à l’état d’esprit d’une époque, à son évolution souhaitée comme une mode, à sa crédulité et à son innocence, apparaissent merveilleuses à ceux qui les défendent. Mutation paradoxale d’une société devenant le diable qu’elle croit bannir.
Une idéologie à l'ambition dominante, celle du métissage, ou à l'inverse, de la diversité, prône un modèle biologique. Quoi de plus biologique, en effet, que les concepts de métissage ou de diversité raciale ?
Métissage et diversité comptent aujourd’hui une telle quantité de partisans aptes à défendre ce nouveau modèle biologique supérieur, quoiqu'ils se rendent assez peu compte de ce à quoi ils travaillent, que l’ivresse d'une telle lutte suffit à les convaincre.
C'est une habitude, les scientifiques, en-dessous de tout, s’empressent de prouver combien le métissage est scientifiquement meilleur (eugénisme) du fait de la diversité accrue du patrimoine génétique, comme ils accouraient jadis à démontrer scientifiquement que l’homme blanc, ou aryen, était supérieur, comme ils ont prouvé maintes fois, et scientifiquement, l’idéologie politique dominante, défendu maintes fois le modèle biologique supérieur que cette idéologie portait. Trait commun à ces deux modèles opposés, leurs promoteurs possèdent la croyance de ce que leur modèle génère une culture supérieure, aujourd'hui la société multiculturelle.
Tout cela est très sot. L’homme blanc, l’homme noir, l’homme métis, ne sont pas supérieurs par principe, ils le sont s’ils le prouvent, s’ils accomplissent des prouesses incontestables dans tous les domaines. Ce qui aura fait supérieur un tel homme, culturellement, économiquement, militairement ou même moralement, n’est pas sa race, mais sa détermination à concrétiser son ambition. La diversité ne peut être par principe supérieure, car rien ne lui confère un quelconque privilège ; et si tant est qu'elle connaît quelque succès, il est évident que les fanatiques du modèle s'empresseront d'y discerner sa justesse – car à leur jugement, le mérite n'appartient plus au travail, mais à l'union des gènes.
Dans une société qui se veut coupable envers des hommes et des femmes dont seuls les ancêtres furent des victimes de l’Histoire, l'homme moderne souhaite prouver que le métis est incontestablement supérieur, ce qui est sot, puisqu’il ne peut l’être que par la démonstration de cette supériorité supposée.
L'homme moderne a donc à cœur de prouver ce qu’il croit d’avance pouvoir prouver.
Conformément au modèle naissant, qui l'emportera probablement à terme, la réalité sensible ne sera bientôt plus tolérable que diverse, la réalité devra être « diversifiée » dans sa totalité pour enfin être compatible au nouveau modèle, conformité parfaite à l'inédite norme biologique. L'auto-conservation et la sélection sexuelle conduiront les individus à s'y plier pour être préservés.
Il me semble que toute esthétique raciale est en soi dangereuse, et à bien y réfléchir, cette esthétique du métissage ou de la diversité n'échappe pas à la règle. Le métissage ou la diversité ne sont en rien un danger (pas plus que le fait d'être blanc ou noir, ou de vivre entre Blancs et Noirs), mais monstrueuse est sa transformation en idéologie politique promettant une société qui se croit biologiquement et culturellement supérieure pour la seule raison de sa biologie ou de sa composition ethnique.
Toute défense politique de la diversité ou du métissage est d'ailleurs auto-contradictoire : elle implique le rejet d'une France trop peu diverse pour plaire.
1) Cioran, La tentation d'exister, Paris, Gallimard (coll. « Idées »), 1974, p. 11 : « L'esprit, aussi bien que le corps, fait les frais de la "vie intense". Maîtres dans l'art de penser contre soi, Nietzsche, Baudelaire et Dostoïevski nous ont appris à miser sur nos périls, à élargir la sphère de nos maux, à acquérir de l'existence par la division d'avec notre être. »

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Roman Bernard 428 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte