N'ayant pas grand-chose à grailler dans l'hexagone, Narcisse est parti - pionnier en quête de grands espaces et de scalps en guise de trophée - faire l'indien de l'autre côté de l'Atlantique, par le biais cette fois-ci d'une interview « accordée » à CBS, le fameux fenestron de là-bas. Consécration ! Comme tout ce qu'il touche par ici se dégrade, il s'est sûrement dit, puisque nul n'est prophète en son pays, pourquoi ne pas aller faire le beau là où personne ne me connait ? En effet, le peu d'écho suscité par sa visite officielle l'a sans doute chagriné un brin, mais, pugnace, il retente la resucée médiatique, sans, toutefois, en obtenir le retour espéré : améliorer son image dans l'opinion.
Comme l'alcool ou le tabac, l'abus est dangereux pour la santé. Sur le grill pour cause de servilité, cette fois les médias en ont fait état, mais pas plus… Ces grands enfants que sont les américains sont sensibles à l'idée qu'un homme seul, inspirant la pitié, monarque trépignant d'un petit royaume, est toujours le bienvenu chez l'oncle Sam. C'est pittoresque. Ah, l'Amérique ! Par le forcing, Chouchou espère gagner ce qu'il n'a pas eu lors de son voyage officiel : la reconnaissance médiatique. Subsidiairement, à l'image de papa Pal, plus tard, la chose lui fournissant matière, il fera éditer un livre d'entretien dans lequel il racontera son conte de fées, ses visites, ses rencontres, sa fierté à avoir tutoyé les grands de la planète, comme on tutoie le camarade de chambrée. Avec de tels souvenirs il aura les honneurs de la télé nationale. Une bonne plage de propagande chez papy Drucker, un dimanche après-midi, pourquoi pas. Drucker ne se sentant pas prêt pour un départ à la retraite, lui servant la soupe avec le « professionnalisme » qu'on lui connait.
J'ai donc lu des extraits de l'entretien accordé à la téloche américaine sur des sujets aussi divers que la rumeur, la popularité, la sécurité nucléaire, l'Iran, le désarmement… Que des marronniers, vous en conviendrez. Partout, il s'est montré serein. Cette sérénité lui est venue suite à cette lamentable « rumeur » qui lui a pourri une partie de son quotidien pendant un bon bout de temps. Cela fait mal de se fourvoyer à ce point. S'étant rendu compte qu'il avait lui-même poussé la machine un peu fort, il a ensuite tout fait pour la rattraper, traitant son entourage de tous les noms. Attitude d'enfant pourri-gâté ! Peine perdue quand même, lancée, la bécane s'est écrasée contre le mur de l'enceinte avec fracas. Ridicule, comme toujours.
Ses conseillers en ont pris pour leur grade, à commencer par ce babilleur de Charon, un exemple de bêtise malsaine. Même s'il s'énerve en privé, qu'il casse du conseiller à tour de bras, en public Narcisse fait depuis peu des efforts pour afficher une quiétude toute relative. Quel boulot pour les conseillers en image ! Vite, une prime ! Certains lécheurs vont jusqu'à parler de nouvelle dimension chez lui. Le Figaro avance l'idée d'une remise à niveau personnelle et d'une volonté à vouloir mettre ses troupes en ordre de marche. Exemple de ce sang froid nouveau devant ce complot (on ne rit pas) ourdi par on ne sait quelle puissance financière : « Carla et moi avons une vie très calme ». Ah, bon ! Il est vrai que si les américains sont friands de secrets d'alcôve, dans la culture hexagonale, la chose n'a pas la même audience, malgré les efforts déployés par la presse pour que cela le devienne.
De ce point de vue, les français gardent un certain cap. Les citoyens savent faire la différence entre un buzz divertissant et une information réelle. Leur préoccupation se trouvant ailleurs. Si vous leur demandez, ils vous répondront que dans l'immédiat ce qui les inquiète c'est la situation économique, le chômage, les retraites, le pouvoir d'achat, les services publics, l'école, tout ce qui fait le fondement d'un système basé sur la solidarité et que le libéralisme cherche à démanteler avec l'appui du pouvoir politique en place. Chouchou a été porté au pouvoir pour ce faire, ne l'oublions pas. Mais à défaut de « karcheriser les banlieues », il sulfate avec application tout notre système social. La fermeture progressive du site de Melun-Sénart spécialisé dans les pièces de rechange et qui emploi dans les 400 personnes est un exemple parmi des centaines d'autres. Il illustre parfaitement le jeanfoutisme capitaliste, révélant par l'occasion le cynisme et la virulence de ses actes. La direction de PSA a beau affirmer que nul ne sera lésé, mais elle a déjà tout prévu, il s'agit de la réplique d'un séisme social que le libéralisme déclenche isolément ou en cascade quand bon lui semble.
Le capitalisme a déclaré la guerre à la classe ouvrière et il ne s'arrêtera pas en si bon chemin. Première étape après l'annonce de cette fermeture : c'est pas pour tout de suite, c'est pour 2012. Prenez le cacheton que voici pour commencer. C'est un préventif. Seconde étape : le personnel aura la possibilité de la conversion ou du départ à la retraite anticipé moyennant prime ou conversion, au choix. A cette allure, il va être difficile d'imposer la retraite à 65 ans, voire plus, comme le veut le gouvernement de Bling-Bling. Retraite anticipé pour les uns, licenciement avec prime pour les suivants, boulot de merde pour les restants, chômage en perspective pour tous. Pour info, PSA a perçu, sous forme de prêt, en 2009, une somme rondelette (3 milliards) de la part de l'État qui l'engageait à préserver les emplois. Cet exemple n'est pas un cas isolé. Vive l'État-casino !