La pêche

L’Évangile du troisième dimanche de Pâques est l’épisode de l’apparition de Jésus près du lac de Tibériade (Jean 21, 1-19).
Le texte est de nouveau un récit de manifestation de Jésus après la Résurrection.
Jésus ne semble pas venir d'ailleurs, il est toujours là auprès de ses disciples.
Il dira "Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde" (Matthieu 28, 20). Il continue de nous enseigner.
Il est invisible, mais pas absent. Lors des apparitions, il se rend visible, le mot grec dit "il se donne à voir".
Ces manifestations sont émaillées de détails concrets qui ont une valeur symbolique.
Le texte dit "En débarquant sur le rivage, ils voient un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain. Jésus leur dit : "Apportez donc de ce poisson que vous venez de prendre"".
Malgré le fait que les disciples trouvent un feu de braise avec du poisson posé dessus et du pain, Jésus leur dit d'apporter du poisson qu'ils viennent de prendre.
Il faut surement en déduire la mission demandée par Jésus de répandre la Parole de D.ieu symbolisée par la pêche, les poissons étant les hommes. Jésus a appelé Pierre "pêcheur d'hommes".
Le sens du poisson déjà posé sur le feu avant l'arrivée des disciples, veut dire que Jésus nous précède en nous enseignant, et ensuite par le symbole de demander à Simon-Pierre d’apporter le poisson pêché, il nous demande de collaborer avec lui.
Le texte dit ensuite "Simon-Pierre monta dans la barque et amena jusqu'à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois".
A l'époque du Christ, on connaissait exactement cent cinquante-trois espèces de poissons.
Ce serait donc une manière symbolique de dire que c'était tous les poissons qui étaient ramenés.
Il s’agit en faite des personnes qui doivent être ramenées à la Parole de D.ieu.
Ensuite c’est le dialogue entre Jésus et Pierre.
Dans la nuit du Jeudi au Vendredi de la Passion, Pierre a trois fois affirmé qu'il ne connaissait pas Jésus.
Cette fois, Jésus l'interroge trois fois.
Par cette très belle délicatesse Jésus permet à Pierre d’effacer son triple reniement.
A chaque fois, Jésus s'appuie sur l’engagement de Pierre pour lui confier la mission de répandre la Parole de D.ieu, lui disant "Sois le pasteur de mes brebis" .
Jésus nous dit que la relation que nous avons à son enseignement n’a de sens que dans une mission au service des autres.
Jésus précise "mes" brebis, lui Messie de D.ieu.
Pierre est invité à partager le travail de Jésus.
Pierre ne devient pas propriétaire du troupeau, mais le soin qu'il prendra du troupeau de D.ieu sera le lieu de vérification de son amour pour D.ieu lui-même.
L'Évangile de Jean se terminait au chapitre 20 par "il y a encore beaucoup d'autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre. Mais ceux-ci y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu et afin que par votre foi, vous ayez la vie en son nom" .
Le chapitre 21 a sans doute été rajouté après.
Il est sans doute destiné à mettre au point les problèmes qui se posaient à l’époque dans la reconnaissance par les communautés de l’autorité de Pierre.
Jésus dit ensuite à Pierre "Quand tu seras vieux, tu étendras les mains et c'est un autre qui te mettra ta ceinture pour t'emmener là où tu ne voudrais pas aller".
La mission confiée à Pierre est une mission de "service" et non de domination.
A l'époque, la ceinture est portée par les voyageurs et par les serviteurs.
Le texte suggère aussi la mort de Pierre, "Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à D.ieu", ce qui indique de ce texte fut écrit après la mort de Pierre lors des persécutions de Néron en 66ou 67 de notre ère.
Au début de son dialogue avec Pierre, Jésus lui demande "Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci?", parlant des autres disciples.
Jésus ne lui demande pas de l’aimer plus pour lui confier la mission en remerciement, mais au contraire il lui dit que parce qu’il lui confie la mission, il devra l’aimer plus en respectant les enseignements de D.ieu qu’il lui demande de transmettre.