« Les visages » est un polar très bien ficelé et surtout très bien écrit.
Ethan Muller est issu d’une famille richissime mais en conflit avec son père avec qui il n’a plus la moindre relation. Galeriste new-yorkais reconnu, il fait la découverte, par l’intermédiaire de l’homme de main de son père, de dessins exceptionnels, œuvres d’un esprit génial mais dont l’auteur est introuvable. Il décide d’en faire une exposition dont le succès est indéniable. Le destin semble subitement tourné lorsqu’un policier à la retraite reconnaît dans les dessins les visages d’enfants ayant été enlevés, violés puis assassinés. Ethan va alors plonger dans une enquête, ou plutôt une quête, pour retrouver l’artiste et découvrir la vérité sur ces enfants.
Le récit est rédigé à la première personne avec un style très direct particulièrement efficace. Le narrateur s’adresse parfois directement au lecteur, comme pour lui faire des confidences, et fait preuve d’autocritique et d’autodérision. Il en devient attachant et sympathique, malgré ses défauts qui ne le rendent que plus réel.
L’intrigue est méticuleusement construite : la quête d’Ethan est ponctuée par des interludes historiques retraçant la vie de sa famille depuis le 1er immigrant juif allemand ayant débarqué aux Etats-Unis. L’avancée dans le temps de cette saga familiale ponctue l’ensemble du récit et nous fait découvrir deux histoires parallèles tout aussi intéressantes l’une que l’autre. La lecture est ainsi aisée et haletante : le lecteur doit aller au bout coute que coute, et ce malgré l’impressionnant nombre de pages.
A tout cela s’ajoute une intéressante réflexion sur le monde de l’art, ses enjeux et ses protagonistes ainsi qu’un portrait des relations père-fils, mère-fille ou encore mère-fils.
Jesse Kellerman nous livre ainsi un roman très complet, familial et policier.