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".../...T'as jamais l'impression que les trucs des sixties pourraient revenir? demanda Forchetti. Il avait l'air prêt à tout donner pour que je réponde oui..../...
.../... -Parfois je crois discerner comme une vague lueur à l'horizon. Mais ça ne dure jamais. J'inclinais ma chaise en arrière -Vous vous rappelez la photo du type tout seul debout devant un tank sur la place Tiananmen?../...
../... Wiesner et Sitzman hochèrent la tête. Forchetti se contenta de croiser les bras. - Je me rappelle la première fois que je l'ai vue. J'ai eu l'impression de comprendre parfaitement: ce garçon n'avait qu'à rester là, c'était tellement évident que toutes ces conneries devaient s'arrêter, et puis il n'était pas tout seul. Même les soldats dans le tank le savaient, donc il n'avait aucune raison d'avoir peur qu'on l'écrase. C'est la photo la plus triste que j'ai jamais vue. Je baissais les yeux vers mon bureau. -Pourquoi? demanda Wiesner. Le tank ne l'a pas écrasé. Le type avait raison -Oui, mais il se trompait pour tout le reste, parce que toutes ces conneries ne s'arrêtent jamais. Il ne l'avait pas encore compris, mais moi je savais ce qu'il ressentirait, le jour où il comprendrait. -Forchetti grimaça. -Alors tu vas nous laisser sortir en avance aujourd'hui? -Non, je vais vous obliger à rester assis pour écouter une chanson d'Arlo Guthrie.../...
extrait de "l'école des dingues" de Cornellia Read- Editions-Actes Sud