Amsterdam J+2 et le Tassenmuseum Hendrikje

Que faire à Amsterdam si on a une heure à tuer entre des aller-retour intempestifs à l'aéroport...
Les plus courageux pourraient tenter le Rijksmuseum et ses 2 heures de queue, les photographes le FOAM et ceux qui bossent dans les sacs à main, le Tassenmuseum Hendrikje, également appelé Museum of Bags and Purses. Quoi ? Un musée sur les sacs, mais quelle drôle d'idée....
C'est que je me dis encore après l'avoir visité.
Dès l'entrée, on est plongé dans un bain de kitchitude avec cette superbe allégorie en vitrail sur un thème de sac à main. A côté, une première vitrine d'exposition présente des sacs en porcelaine dignes d'un après-midi chez ma tante Jeannine.

Puis on pénètre dans la salle temporaire où le musée sous l'aimable partenariat de Swarovski a réuni la crème de la crème des sacs recouverts de bling bling. Attention, ça pique les yeux !

Dans cette salle, très peu de grands noms, les conservateurs ont osé un parti pris créateur en mettant en avant des designers quasi inconnus comme Maria Pino qui a plagié la forme du Birkin d'Hermes pour y coller des papillons en strass et du lézard doré. Il fallait le faire...

La collection permanente ne vaut pas tellement mieux, avec une représentation impressionnante de nanards et de designers inconnus au bataillon. Mais c'est vrai que le sac Taxi ou Téléphone Rouge méritait bien de rentrer dans un musée des horreurs.

Alors bien sûr, on y trouvera quelques grands classiques des maisons de mode: le Kelly d'Hermes (mais pas le Birkin, trop cher sans doute ?), le monogramme de Vuitton, la Baguette de Fendi, le Bambou de Gucci, les minaudières en strass de Judith Leiber dont celle de Socks le chat des Clinton... Mais le choix est aussi parfois hasardeux. Lorsque le Musée présente un B-Bag de Fendi, il choisit celui en rafia, python vert et point de croix (à mon sens, loin d'être le plus joli).

De Prada, le musée ne retient que le Fairy Bag, un sac qui a été aussi connu pour son succès auprès des stars que pour ses problèmes de migration de couleurs (un problème assez commun pour les sacs imprimés, où la couleur de la doublure apparait à l'extérieur du sac).

La partie la plus regardable reste la section historique où on découvre que les femmes gardaient leur argent dans des doubles chaussettes à ouverture centrale.

On y trouve aussi des minaudières ornées de mots d'amour de preux chevaliers...

... et une collection assez impressionnante de cuirs exotiques dont certains ne sont plus utilisés aujourd'hui.


Au final, le Tassenmuseum Hendrikje a le mérite de posséder la collection de sacs la plus kitch au monde et de l'assumer pleinement. Tout au long de l'exposition, je me demandais si les conservateurs avaient simplement mauvais goût... Ce postulat me semble vérifié quand pénétrant dans la boutique du musée je n'entrevois que des sacs dignes des étales de marché de Vintimille. Là, où les Pays-Bas regorgent de designers talentueux à l'avant-garde de la mode, il est dommage qu'un tel musée n'en profite pas pour donner une vision moderne de la maroquinerie et se contente d'entasser sac moche sur sac kitch.
Et pendant ce temps, toujours pas d'avion pour Shanghai à l'aéroport d'Amsterdam Schiphol.