Courir pour la science – Interview de Karim Oudina

Publié le 17 avril 2010 par Djailla @djailla

Pendant le Marathon de Paris 2010, 10 volontaires ont accepté un challenge un peu fou, courir la course, avec sur le dos une flopée de capteurs et d’appareils pour mesurer en temps réel leurs performances et leurs paramètres physiologiques. Voilà le retour d’un des cobayes de cette expérience originale.

Bonjour Karim

- Peux tu te présenter (coureur débutant ou confirmé, depuis combien de temps tu cours, quel est ton sport de prédilection, cours tu en club, est-ce ton premier marathon…) ?

A 35 ans, je ne cours que depuis 5 ans du coup je ne sais pas si on peut vraiment dire que je sois un coureur confirmé. Mon sport de prédilection est plutôt le triathlon mais je m’y retrouve puisqu’en triathlon il faut enchaîner de la natation, du vélo et de la course à pied. D’ailleurs, je suis licencié au club de triathlon de Levallois. Habituellement, mes marathons je les fais dans le cadre d’un Ironman, c’est à dire après avoir nagé 3.8km et roulé pendant 180km. Dimanche, ce n’était pas donc pas mon premier marathon, mais pour une fois je n’étais sur la course que pour le marathon. Dans tout les cas, c’est l’épreuve la plus difficile et la plus traumatisante physiquement.

- Dimanche dernier, tu as couru le marathon de Paris avec un appareil de mesure. Décris-moi cet appareil (description, utilité, fiabilité) ?

Ces appareils étaient destinés à mesurer en direct la consommation d’oxygène et le dioxyde de carbone expiré. En parallèle, des électrodes placées à des endroits stratégiques sur le corps, permettaient de suivre en direct mes pulsations.

- Cet appareil a t-il été une gêne pour courir ?

Les premiers kilomètres l’appareil ne m’a pas gêné, avec la fraîcheur physique, le surpoids était supportable. Mais au fil du temps, quand on commence à fatiguer, les kilos superflus se paient cash. D’un point de vue pratique, j’avais pris le parti d’être autonome pour ne pas être bousculé au ravitaillement, c’est-à-dire que je m’alimentais par le tuyau de mon camelbag qui contenait une boisson énergétique. En plus cela permettait de ne pas retirer le masque, qui n’est pas facile à remettre en courant.

- Quelles sont les résultats de tes mesures ?

Pour ne pas fausser le test, les mesures contrôles effectuées au laboratoire 10 jours avant ne nous avaient pas été communiqué (hormis la VMA), chacun devait courir comme il le sentait. Pour l’instant les mesures sont en cours d’analyse, imaginez l’ampleur du travail de l’équipe de Véronique Billat, qui va décortiquer, 10 candidats qui ont été suivis pendant 3 à 4H, sûrement des milliers de données.

- Ces résultats t’ont-ils surpris ?

Le seul résultat porté à ma connaissance à été ma VMA, c’est-à-dire ma vitesse maximale aérobie. Mesurée à 17Km/h, elle est conforme à ce que j’avais pu évaluer sur piste. Mais je dois avouer que j’attends avec impatience les résultats de ces tests, je pense vraiment que je vais en apprendre beaucoup sur mon cœur et ses capacités, que d’ailleurs j’exploite probablement mal.

- Que retiens-tu de ton marathon ?

Ce marathon est différent de ceux que j’avais couru jusque là, pour la première fois je le courais dans des conditions idéales, avec un vrai plan d’entraînement sur 12 semaines et une météo adaptée (mon premier marathon je l’avais couru en janvier par -8°C, donc dans un contexte peu propice à l’exploit chronométrique )!!! Du coup, j’ai vraiment essayé de m’appliquer pour courir ce marathon, pour ne pas partir trop vite et surtout atteindre l’objectif annoncé à l’équipe passer sous les 3h

- Est ce que l’expérience continue ?

Je pense que l’expérience va se poursuivre par la mise en place de protocole d’entraînement adapté qui devrait permettre d’améliorer nettement les résultats de chacun d’entre nous.

- Merci pour tes réponses

Crédit photo : Guillaume Grandin ©

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