De prime abord, on pourrait croire que ce film est une copie de l'avant dernier ("Le pouvoir FMI") que je vous proposais dans cette série, à la nuance près que l'on pénètre les arcanes de la Banque Mondiale. Effectivement, il va s'agir de suivre des négociations. Nous ne quitterons pas les bureaux feutrés, nous n'entendrons aucun écho venant de la rue ou des campagnes. Nous assisterons aux négociations entre la Banque Mondiale et l'Ouganda au sujet d'éventuels prêts, de la privatisation d'une banque nationale, et de la dette. Nous retrouverons le FMI qui finit par entrer dans la danse, et nous verrons quelles dissensions peuvent exister entre ces deux organisations. Joseph Stiglitz, économiste et ancien directeur de la Banque mondiale devenu militant anti-néolibéralisme, explique d'ailleurs que cette dernière est un peu moins rigide, moins dogmatique dans son idéologie. Cela se ressent effectivement. S'il serait incongru d'imaginer autre cure que celle du néolibéralisme, on s'applique à arrondir les angles à la Banque Mondiale, là où la FMI trancherait, amputerait dans le vif. C'est une question de dosage, puisque la direction demeure identique : privatisation, continuité de la dette qui remplace le lien colonial, exportations taillés sur mesure pour les besoins d'un marché dessiné par les pays occidentaux en fonction de leurs intérêts, idéologie, racisme même, parfois, de façon furtive... Un excellent documentaire de Peter Chappell.
Fipa d’argent (France – 1998) Prix du Jury des Bibliothèques Cinéma du Réel (France – 1998). Prix Okommedia de la Meilleure réalisation journalistique (Allemagne – 1998).
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