J'ai fini hier le livre "Pourquoi Sarkozy va partir, comment nous allons l'aider". Je dois dire que je suis un peu déçu ; non que le livre soit mal écrit, au contraire, mais je m'attendais à quelque chose de plus saignant. En réalité, Judas valide complètement toutes les options prises par Nicolas Sarkozy pendant trois ans, n'en critiquant que le style, et encore. Était-ce utile, dans ces conditions, de choisir la couleur noire de la rébellion anarchiste en couverture ? Ou celle du deuil ? Il se trouve que j'ai été aussi un lecteur de "La France peut supporter la vérité" de François Fillon. Je retrouve dans le livre de Judas à peu près les mêmes jugements sur la classe politique, les réformes à faire, le devoir et le courage de dire la vérité aux Français que ceux que j'avais vus dans le livre de Fillon ou encore sur son blogue avant les présidentiels. D'ailleurs, sans surprise, le livre finit en proposant de faire de François Fillon le successeur de Nicolas Sarkozy avec l'aval de ce dernier (une habitude, décidément, à droite, cet aval...). L'ouvrage aborde sans langue de bois les difficultés auxquelles sont confrontés les Français, avec parfois une plume aussi acérée ironique qu'acérée. Identité nationale, immigration, dette publique, mondialisation économique, déficits de la protection sociale, le livre n'y va pas par quatre chemins, et annonce des larmes, de la sueur et du sang. Judas est convaincu que seul un langage de vérité peut obtenir l'adhésion des Français à la présidentielle et estime que celui qui le tiendra sera un président-suicide : en somme, un président qui fera les réformes douloureuses et sera tellement carbonisé après dans l'opinion qu'il ne pourra se représenter.
Ce qui m'embête, personnellement, avec Fillon, même si j'ai une certaine estime pour l'homme, c'est que je l'ai connu successivement séguiniste, puis chiraquien, puis sarkozyste, puis filloniste d'obédience libérale. C'est aussi un homme qui a gobé sans sourciller toutes les réformes de Nicolas Sarkozy. Or, quoi qu'il en dise, j'ai vu beaucoup d'agitation, des déficits exploser, des libertés publiques reculer, et je ne parle pas des cris d'orfraie des bien-pensants, mais bien des tracas administratifs de toute sorte et des authentiques abus policiers sans que pour autant la sécurité ne progresse, au demeurant, bref, que des choses qui me laissent penser que cette politique était mauvaise et viciée dès le départ.
Fillon président, ce serait une issue acceptable pour moi, à la suite d'une élection présidentielle, mais, assurément, pas mon choix prioritaire lors d'un premier tour, et pas forcément non plus mon choix de second tour face à un candidat de gauche.
L'homme a la réputation de ne pas mentir et de tenir parole. On jugera donc sur pièces le moment venu.