Tout comme le ministre qui nous enfuma en prétendant que le nuage de Tchernobyl s’était arrêté à la frontière. Encore un “sans-papier” ! J’imagine fort bien François Fillon, l’épée – de Damoclès ? - à la main terrassant le nuage comme jadis l’Archange Saint Michel le dragon, rien qu’en l’apostrophant “vade retro satanas”… Tout du moins est-ce l’amusante pensée qui me vint en découvrant ce flash d’actualité sur Le Figaro au moment où j’allais fermer boutique Cendres : réunion à Matignon demain. Dommage que le “mercredi des Cendres” soit déjà passé. J’y apprends que le 1er ministre va réunir à l’Hôtel Matignon «les ministres de son gouvernement “concernés par les conséquences du nuage volcanique”, consécutif à une éruption survenue en Islande».
Pour l’instant, je n’ai pas encore vu la queue d’un nuage obscurcir le ciel de Montmorency. C’est même drôlement calme. Juste deux ou trois avions autorisés pendant quelques heures à se poser à Roissy qui ont vrombi en milieu d’après midi. Bien loin de l’incessant tintamarre habituel. Paix des oreilles !
Je lis ça et là que ce ne serait pas dangereux pour la santé… Voire ! Je ne sais si Roselyne Bachelot fera partie de cette fine équipe. Ce pourrait lui être l’occasion d’utiliser – enfin ! – tous les masques achetés pour lutter contre la grippe H1N1. Parce qu’à mon avis, mieux vaudra se protéger. Les informations me semblent bien trop contradictoires sur l’innocuité des particules composant ce nuage. En effet, je lis sur 20 minutes Islande: «Le volcan ne représente pas de danger pour les Européens» que selon le volcanologue, Jacques-Marie Bardintzeff le nuage ne constitue pas pour nous un danger dans la mesure où le nuage, s’élevant à seulement 6000 mètres, il n’atteint pas la stratosphère.
Or, j’ai lu par ailleurs – sur la légende d’une photo, ce me semble, que le nuage atteignait 12.000 mètres, le Figaro se contentant de 8.000 mètres, altitude qui interdirait au panache de cendres de faire le tour de la terre. Au mieux, affirme le professeur Beauducel, chercheur en géophysique à l’Institut de physique du globe de Paris, «le nuage devrait tout au plus parcourir quelques centaines de kilomètres». Il n’empêche : il y a quand même quelque 2200 km entre Paris et Reykjavik… Qui croire ?
Au demeurant, un autre article de 20 minutes pose expressément la question Le nuage de cendres volcaniques est-il vraiment inoffensif ? : il ne le serait que s’il perdait de l’altitude annonce le sous-titre… C’est du moins l’affirmation du Pr Houssin, directeur général de la Santé – bien connu pour avoir oscillé entre alarmisme et optimisme au sujet de la gestion de la grippe H1N1 – qui reconnaît toutefois «qu’une éruption est un mélange de fumées, de gaz qui peuvent être toxiques, de poussières, de particules plus ou moins fines, on sait que c’est un événement qui est susceptible d’avoir des conséquences».
Il admet par ailleurs «On surveille aussi la survenue éventuelle de précipitations qui pourraient ramener sur terre des particules». Ainsi que le vent, qui pourrait faire descendre ou stagner le nuage. Or, si le nuage atteint l’Europe c’est précisément parce qu’il souffle du Nord. Je ne sais si vous l’aurez remarqué mais depuis l’été dernier le vent est bien plus souvent venu du Nord ou de l’Est qu’à l’ordinaire… Phénomène météorologique qu’il faut sans doute imputer au réchauffement climatique.
Didier Houssin dément ainsi les propos tenus sur TF1 par un certain Dr Alain Ducardonnet pour qui «Si le nuage est dangereux, il ne l’est «pas plus qu’un gros pic de pollution»… lors même que l’on ne cesse de mettre en garde les sujets fragiles – personnes âgées, enfants et nourrissons, sujets allergiques et asthmatiques, etc - lorsque se produisent de tels pics ! et qu’il décrit des «microparticules de silice, de minéraux, avec une petite couche acide dessus»… Sûrement très bon pour la santé quand elles pénètrent les poumons avec une bonne goulée de gaz, sans doute aussi toxiques. Qu’ils accordent leurs violons !
Libération reprend les mêmes propos Le nuage n’a pas d’impact sur la santé pour le moment. Selon Le Figaro il s’agirait de particules sans danger pour la santé ou le climat. Ce qui n’empêche pas de citer les recomman-dations de l’OMS dans un flash d’actualité Cendres: “rester chez soi” en cas de pluie de cendres, lesquelles «peuvent être potentiellement dangereuses pour la population si elles commencent à “stagner”, les particules inhalées pouvant entraîner des problèmes respiratoires, risque qui concerne notamment les personnes souffrant d’asthme et de maladies respiratoires». Voix de la sagesse.
Quant aux répercussions possibles sur le climat, j’avais le vif souvenir d’avoir lu il y a déjà longtemps que l’explosion d’un volcan dans une île de l’Océan Indien avait provoqué au XIXe siècle des gelées et même des chutes de neige aux Etats-Unis en plein été. Mais quand cela s’était-il passé et de quel volcan il s’agissait, ma mémoire n’allait pas jusqu’à ces détails. Je l’ai donc rafraîchie en allant sur Google, providence des mémoires défaillantes.
Je trouvais déjà une première indication sur la présentation de l’excellent site Notre Planète Info : «Une partie de ce refroidissement a été attribué à l’énorme éruption du volcan Tambora en Indonésie, en 1815». Mais impossible d’afficher l’article. Toutefois, forte de ces précieux renseignements, je n’avais plus qu’à taper sur Google «Refroidissement aux Etats-Unis en 1815 Eruption Tambora» pour une recherche plus pointue.
Bingo ! J’ai trouvé la référence d’un article de Wikipedia dont je ne chanterais jamais assez les louanges de second rafraîchisseur de mémoire Hiver volcanique qui donne l’historique – depuis des temps immémoriaux - de toutes les éruptions volcaniques ayant entraîné un important refroidissement des températures, que ce fût en hiver ou en été. Survenue en 1815, celle du Tambora en Indonésie entraîna des gelées en plein milieu de l’été dans l’Etat de New York et des chutes de neige en juin en Nouvelle-Angleterre, au point que 1816 devait rester dans les annales comme «l’année sans été»…
Il faut toutefois relativiser le risque d’une dégradation climatique aussi importante car l’explosion du Tambora fut autrement puissante que ne l’est celle de l’Eyjafjalla : en effet la colonne de feu s’éleva jusqu’à 40 km, l’explosion fut entendue à plus de 1400 km de distance alors que des bombes volcaniques de 20 cm de diamètre furent projetées sur une île distante de 80 km. Néanmoins, en 1783 Benjamin Franklin accusa l’éruption du Laki – volcan islandais – d’être responsable d’un été très frais cette année-là.
Philippe Dagneaux n’en écrit pas moins dans le Midi Libre que L’Eyjafjalla est le volcan qui menace notre été. Il en décrit le mécanisme : «Les aérosols émis par le volcan peuvent former en effet un voile de dioxyde de soufre, bloquant le rayonnement solaire et faisant baisser la température moyenne. Ils provoquent aussi des pluies acides qui menacent la végétation, notamment les cultures». Bigre !