* Voici le poème dont un des vers est indirectement cité (p.185) dans Beautés Volées de Mara Lee *
I
Vers le soir, le jour fraîchit…
Bois la chaleur dans ma main,
Ma main et le printemps ont le même sang.
Prends ma main, prends mon bras blanc,
Prends le désir de mes grêles épaules…
Ce serait merveille de sentir
une seule nuit, une nuit comme celle-ci,
Ta tête lourde sur mon sein.
II
Tu jetas la rose rouge de ton amour
Sur mon sein —
l’étreins de mes mains brûlantes
la rose rouge de ton amour, qui bientôt flétrira…
O maître aux yeux glacés,
J’accepte la couronne que tu me tends,
qui me courbe la tête vers le cœur…
III
Je parle doucement aux arbres prisonniers,
J’ai vu mon seigneur pour la première fois ce jour.
Tremblante, je l’ai tout de suite reconnu.
Voici que je sens déjà sa main lourde sur mon bras léger…
Où est mon rire sonore de jeune fille,
ma liberté de femme portant haut la tête ?
Voici que je sens déjà son étreinte ferme sur mon corps frémissant,
Voici que j’entends l’éclat rude de la réalité
Sur mes frêles, frêles rêves.
IV
Tu cherchais une fleur
Et tu trouvas un fruit.
Tu cherchais une source
Et tu trouvas une mer.
Tu cherchais une femme
Et trouvas une âme —
Tu es déçu.
Edith Södergran, Poèmes complets, PJO, 1973, traduits et présentés par Régis Boyer
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