On se console parfois de la morosité ambiante par des nouvelles venues de l'étranger. J'avais examiné de près, en juin et juillet 2008, le programme des Libéraux-Démocrates en Angleterre. Ce parti, qui se refuse à parler d'alliances avec le Labour ou les Tories a progressivement atteint les 20% de voix à chaque élection. Mais la dernière prestation de Nick Clegg, qui a écrasé Cameron et Brown, met le feu aux intentions de vote : les Lib-Dems feraient un bond de 14%, passant de 20 à 34%, tandis que Tories et Labour perdent des points, les premiers à 36% désormais, et les seconds, à 24%...Les Lib-Dems ont suivi la ligne politique que j'ai, pour ma part, toujours prônée : l'indépendance absolue. Risqué, mais là, je crois que cela paie...Puisse cet exemple inspirer le MoDem pour son avenir ! Les Lib-Dems sont proches de ma vision, c'est à dire des libéraux avec une très forte tendance sociale. Leur site est extrêmement bien fait : leur manifeste, par exemple, clair, simple d'utilisation, direct, précis, concis et en même temps substantiel. Une fiscalité juste et efficace, la priorité donnée à l'éducation sont les pierres angulaires de leur programme.
En matière d'éducation, ce sont les seuls qui annoncent clairement leur intention de réduire les effectifs d'élèves par classe. Favorables à l'autonomie des établissements scolaires (et donc des choix pédagogiques), ils envisagent un investissement massif dans l'éducation.
Côté fiscalité, ils ont quelques idées assez astucieuses : ils proposent, par exemple qu'aucun citoyen britannique ne paie d'impôts sur les 10 000 premières livres qu'il gagne par an, et cela, indistinctement, quels que soient les revenus. C'est juste, et en même temps, cela profitera aux foyers les plus modestes. Voilà une mesure fiscale bien plus intelligente que le discours qui consiste à dire taxons les riches pour donner aux pauvres. Fini le paradis fiscal pour les expatriés : les sept premières années, pas de taxes, mais passé ce délai, ils seront traités comme tous les Britanniques. Il souhaite également taxer annuellement les très grosses propriétés (de plus de 2 millions de livres) avec une sorte de taxe foncière de 1% (Mansion Tax : je pense que c'est une taxe foncière). A vrai dire, en décembre dernier, la direction des Lib-Dems pensait à une taxe de 0.5% pour les demeures de 1 million et plus, mais cela a commencé à râler très sérieusement dans leurs rangs (faut pas déconner, ce sont tout de même des libéraux), et du coup, le plafond a été nettement relevé. Mouais...J'aime déjà moins ce genre d'idées... 1% sur de l'immobilier immobilisé, qui ne peut donc pas rapporter grand chose, cela me fait penser à notre ISF français pour lequel je n'ai guère d'affection... Cela dit, j'ai cru comprendre que c'était une mesure temporaire avant un remplacement à venir par un impôt local. Il n'en reste pas moins que c'est très à gauche, comme mesure, pour des libéraux...
Ils ont bien évidemment un programme complet de retour à l'équilibre des comptes publics et annoncent d'ores et déjà ce sur quoi ils vont faire des économies.
Il y avait une mesure prise en 2002 par Blair (Child Trust Funds) qui donnait à tout enfant britannique un dépôt de 250 livres pour ouvrir un compte bancaire. Cela coûte très cher à l'État ! Les Lib-Dems ont prévenu qu'ils mettraient fin à cette pratique. On ne peut pas faire n'importe quoi quand on a 11% de déficit. Les dépenses militaires vont morfler aussi : désengagement de l'euro-fighter, modernisation des Trident remises à plus tard. Comme les banques ont beaucoup reçu, les Lib-Dems proposent de leur faire financer elles-mêmes leur propre fond de secours, à l'avenir, par une taxe ad hoc qui l'alimentera, et puis de leur faire rembourser aussi l'aide reçue via une indemnité (deux milliards de livres la première année, presque trois au bout de quatre ans, tout de même !). Une idée de bon sens, en effet. Ils prévoient pour financer leurs propositions de taxer les vols aériens et davantage, également, si j'ai bien compris, les assurances.
A la trappe les passeports biométriques et les cartes d'identité. Je ne pensais pas qu'on pouvait économiser 500 millions de livres, dès la deuxième année, sur un poste comme celui-là ! Apparemment, ils ont l'air de penser que les soins en psychiatrie génèrent des coûts très (trop ?) importants et envisagent des traitements améliorés et moins coûteux. Je ne sais pas exactement ce qu'ils ont en tête, mais en tout cas, ça doit rapporter 500 millions de livres dès la seconde année. Enfin, si, j'ai tout de même regardé page 40-41 de leur programme sur la santé, et apparemment, ils voudraient tailler dans le vif des fonds alloués à des organisme non gouvernementaux, les Quangos, ainsi que dans les salaires des managers de leur service de santé nationale dont certains gagnent des sommes supérieures à celles du premier ministre ! Je ne sais pas ce qu'ils ont contre le machin qui s'appelle Connecting for Health, mais apparemment, il rentre dans leur programme d'économies, et ils ne l'estiment pas nécessaire. Apparemment une grosse usine à gaz qui date de 2005 et aux objectifs aussi ronflants que dispendieux, puisqu'il s'agissait, si j'ai bien compris de se gorger de discours sur le bien-être des patients en leur délivrant des informations dont je n'ai guère compris l'utilité exacte. Je n'ai pas compris, entre autres, ce que l'informatisation apportait, en l'occurence, au bien-être des patients...
Tiens un truc bien, compte-tenu de l'actuel système anglais, c'est qu'ils veulent que les Britanniques soient libres de choisir le généraliste auprès duquel ils s'enregistrent, indépendamment de leur lieu de résidence. Très bien, ça. En fait, il faudrait plusieurs billets pour parler de leur programme ; tiens, je trouve que Nemo devrait s'y coller, après tout, il est sur place, lui !
En fait, le mieux, c'est de se reporter aux pages 96,97,98,99,100 et 101 de leur programme, où ils expliquent les économies qu'ils envisagent avec calculs à l'appui (qu'est-ce que c'est casse-pied d'être limité en anglais, j'ai toujours la crainte, et cela se produit parfois, d'ailleurs, de faire un contre-sens).