Images et métissages

Par Paulo Lobo
Nous sommes attentifs aux signes et aux habillages des êtres. Qui sont-ils et quelle image veulent-ils transmettre? C'est une thématique qui se détache particulièrement lors des manifestations populaires comme les Marchas de la St Jean ou le Festival des Migrations.Les gens sont plus facilement photographiables quand ils sont "endimanchés". Je suis un être de l’image, l’image sous tous ses contours, évidences et interrogations. Il faut être conscient des limitations de l'image, et même de ses possibilités de perversion.Une mise en garde : attention aux apparences, attention aux images trop vite faites, trop vite consommées.L’image une arme à deux tranchantsElle peut être belle et valorisante, mettant en évidence une existence, une identité, une réalité, invitant à la réflexion et s’enveloppant de poésie.Mais l’image peut aussi être réductrice, superficielle, elle peut être cliché et ne pas rendre justice à celui qu’elle enveloppe.
Le métissage est une réalité au Luxembourg qui s'affirmera de plus en plus à l'avenir. Je vis moi-même le métissage au jour le jour. Ma femme est équatorienne, je suis portugais, luso-luxembourgeois, mes trois enfants assimilent tous ces héritages, plus celui de leur pays qui est celui-ci.Le métissage - la confrontation et le dialogue des cultures - est une chose qui s'apprend et se cultive, ça ne tombe pas du ciel, il faut beaucoup d'écoute et il faut être prêt à se remettre en question - deux cultures différentes, ce ne sont pas seulement deux mondes de connaissance différents, c'est aussi la différence des sensibilités, des émotions, de l'humour... il faut apprendre la façon de rire de l'autre... Concernant les migrants qui continuent d'affluer au Luxembourg et dans le monde occidental, la remarque suivante est à faire:Notre abondance matérielle n’est pas éternelle.« Mets-toi à la place de l’autre, et demandes-toi si un jour tu ne seras pas dans la même situation que lui. Comment aimerais-tu qu’on te traite à ce moment-là ? »Rien n’est impossible. L’histoire et le monde sont en marche. Les économies bougent et se remettent en question. De nouveaux acteurs émergent. Les vieux pays d’Europe se barricadent dans leurs acquis et considèrent les autres, les migrants, comme des pique-assiette. Mais un jour, la roue tournera, et nous-mêmes ou nos enfants, ou les enfants de nos enfants, on devra peut-être chercher une nouvelle terre de vie, ailleurs.  Je me méfie des règles et des règlements quand ils sont mis au-dessus des considérations d’humanisme et des grands principes moraux qui habitent l’âme humaine.Il faut des règles et de l’ordre, et il faut qu’on les respecte, mais on les respecte parce qu’ils sont fondés sur des critères comme la justice, la tolérance, la protection des pauvres et des opprimés. Si on ne doit leur obéir que parce qu’on a peur du bâton et de la botte, il y a problème. Des règlements sans l’humanisme, c’est une façon de refuser le dialogue avec le prochain, c’est une façon de se couper du reste du monde, c’est la facilité, la paresse, la peur.
P. Lobo 12 avril, dans le cadre de la table ronde "Les Etats et les sociétés face à leurs étrangers"