Pour faire suite au récit (à rallonge) de l'avant-première du Chasseur de Primes à Paris le 28 mars dernier, il est bien naturel que je vous en dise un peu plus, à présent, sur le film lui-même.
C'est parti: action!
Let the ex-games begin!
Tout commence par un concept usé jusqu'à la corde: deux ex-époux divorcés et heureux de l'être vont se retrouver contre leur gré embarqués dans la même galère... Lui est chasseur de primes, ex-flic de son état criblé de dettes. Elle est journaliste, et fraudeuse à ses heures perdues. Aussi, lorsqu'un contrat est placé sur la tête de Nicole (Jennifer Aniston), Milo (Gerard Butler) est on ne peut plus aux anges et saute sur l'occasion de coffrer son ex lui-même, moyennant finances. Il a 48h pour la livrer aux autorités, afin d'empocher le pactole. Ce qu'il ignore, en revanche, c'est que Nicole enquête sur une affaire de suicide pas très nette, et qu'elle a été prise en chasse par des types encore moins nets. Dans le même temps, une créancière de Milo lui a collé deux gorilles aux trousses pour récupérer son argent. Bref, rien ne va plus, et le week-end ne fait que commencer...
Alors c'est clair, le postulat de départ ne brille pas vraiment par son originalité, si ce n'est cette histoire de contrat lancé sur la tête de l'ex, qui promet, dés les premières minutes du film, de savoureuses séquences en perspective. Et le fait est que, la plupart du temps, ça marche. Le duo Aniston/Butler fonctionne sans problème, cabotinant tous deux dans des registres déjà maintes fois éprouvés par eux et dans lesquels ils sont loin d'être mauvais. L'un fait le mariole à gros bras un peu bourrin sur les bords mais pas franchement insensible non plus (L'Abominable Vérité) tandis que l'autre nous ressort la panoplie habituelle qui lui sied à ravir: plastique impecc' (coiffure enviée, décolleté plongeant et jambes de sirène), moue boudeuse ou minaudage aguerri, le tout avec ce petit côté bonne copine qu'on lui connaît, et sur un rythme effrénné, par-dessus le marché (Polly et moi, Friends...). Bref, le duo donne de sa personne, surenchérit dans l'affrontement sexiste en veux-tu en voilà, explose dans les situations les plus cocasses (mais pas forcément très inspirées) et fait montre d'une très belle complicité (qui déborde hors écran) et d'une réelle alchimie. Du coup, on sourit beaucoup, on se marre parfois, et on se détend assurément, au gré de scènes tantôt enlevées, tantôt comiques, et tantôt plus mielleuses.
Il n'empêche que plusieurs (gros) détails plombent un peu la belle mécanique de cette entreprise burlesque, qui s'enraye assez rapidement.
D'abord, à cause de choix scénaristiques discutables (la trame, aussi simpliste soit-elle, aurait mérité un tant soit peu d'approffondissement), qui alourdissent le récit au lieu de le libérer. Pourquoi avoir tenu à suivre trois intrigues en même temps, si c'était pour les bâcler tour à tour? Loin de se justifier en tant que prétextes au déroulé de l'intrigue, les couches successives que nous inflige Andy Tennant avec un amateurisme désolant souffrent d'un développement bancal et d'une rythmique malmenée qui desservent le propos principal. Le fait de clamer haut et fort que l'on a fait ce film dans le but de divertir et rien d'autre n'autorise en rien un laisser-aller quasi insultant dans son traitement. On a la désagréable sensation que Tennant ne parvient ni à trancher quel type de film il souhaite livrer (romantique, comique, policier, d'action...), ni à se satisfaire de sa matière première qui, pourtant, aurait gagné à être sublimée plutôt que concurrencée par des bribes d'histoires dont on perd le fil. Il aurait dû se focaliser sur la seule bonne valeur de son film: son duo star qui fonctionne à merveille dans un registre léger. Las! Il aura préféré se perdre dans un fourre-tout abrutissant dont on ressort un peu sonné, un peu déçu aussi.
De même, on regrettera la sous-exploitation scandaleuse de la géniale Christine Baranski. Such a waste!
L'équipe nous l'avait bien dit, ce film est tout sauf une prise de tête. Et, pour une fois qu'on ne nous ment pas sur la cam', on ne va pas faire les fines gueules. The Bounty Hunter est, majoritairement, ce qu'il semble être: un divertissement léger (voire un peu abêtissant) ponctués de rebondissements sans surprises que l'on anticipera longtemps à l'avance, mais qui s'assume - du moins partiellement - comme tel, sans avoir néanmoins le génie d'en jouer. Demeure une odyssée bien tripante, décérébralisante, qui remplit sa part du contrat.
Solded.
*Indice de satisfaction: (+)
*1h41 - Américain - by Andy Tennant - 2010
*Cast: Jennifer Aniston, Gerard Butler, Christine Baranski, Jason Sudeikis, Jeff Garlin...
*Genre: Je t'aime, moi non plus
*Les + : Le duo de tête, bien assorti, les apparitions hilarantes de Christine Baranski, l'ambiance bon enfant et cour de récré...
*Les - : Depuis quand la comédie pure doit-elle nécéssairement pâtir d'un manque d'inventivité, de cohérence et de pertinence?
*Liens: Fiche Film Allocine
*Crédits photo: © Sony Pictures