Le prêt est consenti à la société sud-africaine d’électricité (Eskom) et procède de conditions exceptionnelles dont notamment la crise énergétique traversée par le pays en 2007 et au début de 2008 ; il vient aussi répondre aux conséquences de la crise financière mondiale qui a contribué à exposer au grand jour la vulnérabilité de l’Afrique du Sud aux chocs énergétiques et à l’éventualité de conséquences économiques graves.
« En l’absence d’une augmentation de l’offre d’énergie, les Sud-africains seront confrontés à l’accentuation des conditions de vie difficiles que connaissent les pauvres et à une croissance économique limitée, » affirme Mme Obiageli K. Ezekwesili, Vice-présidente de la Banque mondiale pour la Région Afrique. « L’accès à l’énergie est indispensable pour lutter contre la pauvreté et stimuler la croissance, tant en Afrique du Sud que dans l’ensemble de la sous-région. L’appui que nous apportons à Eskom comprend non seulement le financement d’investissements absolument nécessaires pour accroître la capacité de production d’énergie des petites et grandes entreprises dont le nombre ne cesse de croître, mais aussi la création d’emplois et la contribution à jeter les bases sur lesquelles reposera l’énergie propre, à savoir, l’investissement dans les centrales solaires et éoliennes. »
Le projet d’appui à l’investissement d’Eskom (EISP) contribuera à cofinancer les différentes technologies énergétiques ci-après :
- la centrale thermique de Medupi d’une capacité de production de 4 800 MW, au coût de 3,05 milliards de dollars ; grande première sur le continent africain, cette usine alimentée au charbon utilisera la même technologie que les pays de l’OCDE, laquelle présente les caractéristiques suivantes : supercritique, efficace et ayant fait ses preuves
- le projet pilote de centrale éolienne de Sere d’une capacité de 100 MW et la centrale solaire concentrée à énergie reportable d’Upington (100 MW), le tout pour un montant total de 260 millions de dollars ; et
- des volets relatifs à la production d’énergie à faible intensité de carbone, notamment le transport du charbon par voie ferrée assorti d’un niveau plus faible d’émission de gaz à effet de serre, le tout pour un montant total de 485 millions de dollars.
Le Conseil des Administrateurs de la Banque mondiale, dans son approbation du projet, n’a pas manqué d’observer que l’Afrique du Sud est parvenue à élargir l’accès à l’électricité, passant d’environ 30 % à plus de 80 % d’habitants depuis l’effondrement de l’apartheid en 1994 et la mise en place par le pays d’une politique d’accès de base gratuit à l’électricité (Free Basic Electricity) qui permet aux familles démunies de recevoir gratuitement 50 kilowatt heures (KWh) d’électricité par mois.
Le Conseil a par ailleurs souligné le rôle central joué par l’Afrique du Sud en tant que producteur de 60 % de la totalité de l’électricité consommée sur le continent africain, ainsi que l’importance que revêt un secteur de production d’électricité qui fonctionne bien au regard de la création d’emplois, du progrès économique, du bien-être des populations et de la réduction de la pauvreté.
L’ordre du jour des délibérations a en outre porté sur les efforts engagés par l’Afrique du Sud pour diversifier ses sources d’approvisionnement en énergie et s’attaquer à la question des changements climatiques, d’une part au moyen de scénarios d’atténuation du risque climatique à long terme (Long-Term Mitigation Scenarios) mis au point pour faire face au problème des changements climatiques et d’autre part en s’appuyant sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, des instruments par lesquels le pays donne la confirmation de son engagement à atteindre d’ambitieux objectifs de réduction des émissions (a).
Dans le cadre de l’application des procédures de précaution d’usage de l’institution, l’équipe de la Banque mondiale chargée du projet s’est adressée à un groupe d’experts externes pour passer en revue l’EISP conformément à des critères établis par le document « Développement et changement climatique : un cadre stratégique pour le Groupe de la Banque mondiale (a) » approuvé par le Conseil des Administrateurs en 2008. En droite ligne de ces critères, l’EISP comprend la mise en évidence d’impacts probants sur le développement, la prise en compte de projets à faible intensité de carbone, le rendement énergétique, la conservation, le recours aux meilleures technologies à coût faible disponibles et la prise en compte effective des externalités environnementales dans la conception des projets.
« Le projet Eskom offre une occasion exceptionnelle au Groupe de la Banque mondiale de contribuer au renforcement de son partenariat avec le Gouvernement de la République d’Afrique du Sud, Eskom et d’autres bailleurs de fonds pour aider le pays à tracer la voie à suivre pour remplir ses engagements sur les changements climatiques, tout en satisfaisant au besoin urgent d’énergie au sein de la population, » déclare Mme Ruth Kagia, Directrice des opérations de la Banque mondiale en Afrique du Sud.
Ce projet est guidé par une grande vision qui consiste à aider l’Afrique du Sud à franchir la première étape vers un avenir plus vert en investissant dans des projets de grande envergure dans le domaine des énergies renouvelables, et, ce faisant, stimuler le secteur naissant des énergies renouvelables en Afrique. En utilisant une palette de technologies et en se fixant l’objectif d’économiser plus de 3 000 mégawatts d’électricité par le biais de la gestion de la demande d’ici à 2013 (un plan qui est en bonne voie, vu qu’il a déjà permis d’économiser 1 000 mégawatts en 2009), le Gouvernement de la République d’Afrique du Sud prend des mesures visant à renouveler son secteur énergétique pour favoriser une plus grande participation du privé à l’investissement et mobiliser des technologies d’énergie renouvelable coûteuses en vue de leur adoption à grande échelle.
« Avec ce projet, Eskom mettra à l’essai une centrale solaire à énergie reportable d’une capacité de 100 mégawatts et une centrale éolienne, soit le plus vaste réseau intégré de sources d’énergies renouvelables dans un pays en développement, » déclare M. Vijay Iyer, responsable du secteur énergie pour la Région Afrique de la Banque mondiale. « Nous espérons voir les enseignements tirés de ces projets concourir à faciliter la généralisation du sous-secteur des énergies renouvelables en Afrique. »
De plus en plus, le portefeuille du Groupe de la Banque mondiale dans le secteur énergétique s’oriente vers les énergies renouvelables et le rendement énergétique. Au cours du dernier exercice budgétaire, l’institution a financé pour plus de 8,2 milliards de dollars de projets et programmes énergétiques, dont 76 % destinés aux combustibles non fossiles et moins de 3 % au charbon. Pour chaque dollar d’investissement dans le secteur de l’énergie :
- 40 cents sont allés aux énergies renouvelables et au rendement énergétique,
- 35 cents sont allés aux équipements de transport et de distribution et/ou à l’aide aux États pour renforcer les capacités dans le secteur,
- 18 cents sont allés à l’aide aux pays pour la promotion du sous-secteur du gaz naturel ou la construction de nouvelles centrales alimentées au gaz,
- 4 cents sont allés à l’aide aux pays pour le développement de leur sous-secteur des hydrocarbures, et
- moins de 3 cents sont allés à des investissements liés au charbon.
En Afrique du Sud comme ailleurs dans le monde, le projet a reçu un accueil retentissant. Dans une lettre adressée à M. Robert B. Zoellick le président du Groupe de la Banque mondiale, M. Jacob Zuma, Président de la République d’Afrique du Sud, déclare que le secteur énergétique sud-africain est d’une « importance stratégique nationale » et que « l’instauration de la sécurité énergétique sera un facteur déterminant pour renouer avec la croissance économique, aussi bien en Afrique du Sud que dans le reste de la sous-région de l’Afrique australe. » Et le Président Zuma d’ajouter que son gouvernement est « engagé à réduire l’empreinte carbone du pays et augmenter les sources d’énergies en droite ligne des scénarios d’atténuation du risque climatique (Long-Term Mitigation Scenarios) adoptés par notre gouvernement ». Le Président s’est enfin félicité de ce que l’EISP comprenne « l’investissement dans des technologies de pointe et supercritiques installées pour la première fois sur le continent africain ainsi que d’énormes investissements dans les énergies renouvelables. »