C'est pas facile d'être une grande nerveuse stressée angoissée 365 jours par an. Ca épuise. Ca bouillonne à l'intérieur, c'est violent, les bras et les jambes
deviennent chauds d'un seul coup, le ventre se noue, les doigts tremblent, la respiration s'accélère. Parfois juste parce qu'on a cinq minutes de retard pour un rendez-vous, parce qu'on fait
tomber un verre par terre, ou bien encore comme ça, en état quasi-permanent, sans raison particulière. Alors quand il y a vraiment quelque chose de grave ...
Celles qui sont comme ça aussi comprendront de quoi je parle. Le pire, c'est que tu as beau manger des petites boules homéopathiques, t'allonger sur le canapé d'un psy, boire des tisanes aux plantes, faire de la relaxation, écrire, pédaler ou marcher dans la nature, te payer un sophrologue, rien n'y fait.
Pendant plus de vingt ans, on a tout essayé. Ma mère y a mis tout son coeur, toujours avec beaucoup de patience. Elle a même souvent troué le porte-monnaie pour ça.
Pourtant, jamais je n'ai ressenti la moindre sérénité, pas même le temps de cinq petites minutes.
Mais tout vient à point à qui sait attendre.
Il a fallu vingt-sept longues années pour que je trouve une solution.
Toute seule, comme une grande.
Gratos, en plus.
J'ai presque envie de dire merci au chômage. Parce que c'est grâce au temps qu'il m'a donné. Un mal pour un bien, on va dire.
Le temps de pouvoir s'attabler et se lancer dans des petites choses qui demandent patience et concentration. Pas pour réaliser quelque chose d'exceptionnel, juste pour réussir à ne penser qu'à ce qu'on est en train de faire et d'en ressentir ... de la détente. Le mot de rêve. Si facile à dire, moins simple à vivre.
Il m'a suffit d'une table, d'une aiguille à coudre, de fil, de tissu, de temps.
Et d'un album de Boris Vian pour me tenir compagnie. Parce que j'aime les histoires qu'il raconte sur des mélodies qui en sont vraiment, je plante mon aiguille en m'imaginant à Saint-Germain des Prés dans les années 50, avec un peu de chance y a Gréco et Gainsbourg qui boivent un café à une table derrière la mienne, je me trémousse sur ma chaise au son de quelques trompettes et je referme mon ourlet, je chante à tue-tête en coupant mon tissu, je me pique le doigt en pouffant de rire quand je l'entends prononcer le nom Gudule. Et quand les rayons du soleil d'avril entrent par la fenêtre et viennent se poser sur ma table, c'est un peu comme si le printemps chantait.
Par la même occasion, j'apprends à coudre. Je sais faire quelques trucs basiques depuis que je suis petite mais je n'ai jamais rien réalisé de potable. Alors je me dis qu'il n'y a qu'en s'entrainant qu'on peut y a arriver un jour.
Au final, je suis ... zen. J'oublie tout. Je découvre l'apaisement. Je m'amuse, ça fait travailler l'imagination, la logique, je m'applique, ça provoque un petit
sentiment d'auto-satisfaction, ça rend un peu de confiance en soi, je m'applique, je me fiche que ce ne soit pas super joli, ça me donne envie de perséverer pour progresser. Et je m'endors
apaisée, pressée d'être au lendemain pour continuer. Plus fort, plus naturel, plus ludique d'un médicament.
Même le bonhomme valide la trouvaille en s'intéressant de près à ce que j'ai fabriqué, c'est dire.
Maintenant, il va falloir que j'apprenne à me détendre en décrassant l'appart délaissé pendant quelques jours de couture. Allez, Boris, fais péter le son, on va faire ça en équipe !
PS : Lyia aussi adore la couture, surtout le tissu sur lequel c'est teeeeeeeeeeellement agréable de dormir.
PS² : Tenez, en voilà une bonne, figurez-vous que ce blog est entré dans le Top des blogs d'Overblog. Ca ne change pas franchement ma vie, mais quand même, puisque c'est grâce à vous, j'en profite pour vous dire merci.
PS3 : Merci Linda pour la technique de l'épingle à nourrice, j'en ai fait bon usage !!