Suite aux précédents billets sur Miyazaki et Le Voyage de Chihiro, voici un petit commentaire sur Mon voisin Totoro.
Une chronique de Nico
Mon voisin Totoro (1988 Japon) est l'œuvre la plus emblématique du studio Ghibli et de Miyazaki. Probablement le film qu'il faut conseiller à quelqu'un d'étranger au monde du dessin animé japonais.
Il s'agit selon moi d'une œuvre tout simplement inégalée. Une simplicité et une pureté totale. La pièce maîtresse de la carrière de ce réalisateur.
Une ode à l'enfance, à la nature, à la découverte.
Comment Miyazaki arrive-t-il à poser sur le papier la beauté et la complexité de la nature ? Ca me rappelle les esquisses du célèbre artiste Hokusaï, dont le but était de se rapprocher le plus possible de ce qui fait l'essence même de la vie et de la nature, grâce à des dessins au trait de plus en plus épuré mais sûr. Une sorte d'accomplissement.
Miyazaki, donc, nous épate une nouvelle fois. Il nous fait découvrir un monde à la fois proche de nous et finalement très éloigné. Le mystère n'est jamais loin et se cache dans les endroits les plus inattendus, la beauté se trouve dans une mare, derrière une haie ou dans un vieux grenier poussiéreux.
Résumé Allociné: Deux petites filles viennent s'installer avec leur père dans une grande maison à la campagne afin de se rapprocher de l'hôpital ou séjourne leur mère. Elles vont découvrir l'existence de créatures merveilleuses, mais très discrètes, les totoros.
Le totoro est une créature rare et fascinante, un esprit de la forêt. Il se nourrit de glands et de noix. Il dort le jour, mais les nuits de pleine lune, il aime jouer avec des ocarinas magiques. Il peut voler et est invisible aux yeux des humains. Il existe trois totoros : O totoro (gros), chu totoro (moyen) et chibi totoro (petit).
Il est intéressant de constater que le regard des enfants dans ce film est directement lié à la représentation de la nature environnante. La forêt est admirablement dessinée de manière "réaliste" mais lorsque les enfants y pénètrent, elle devient tout d'un coup plus luxuriante, à la manière d'une jungle légèrement fantasmée. Qui n'a pas imaginé vivre de grandes aventures étant gosse dans un tel lieu ? Une déformation de la réalité illustrant l'imagination des enfants.
Le spectateur rentre instantanément dans le film. Il est comme scotché par une magie indicible, faisant surgir la beauté dans le quotidien. Totoro n'apparaît d'ailleurs qu'au bout d'un certain temps, je dirais presque à la moitié du film, et hormis faire pousser un arbre en une nuit, il ne fait pas grand chose de "surnaturel". Il a une présence rassurante.
Je retiendrais par exemple la scène de l'arrêt de bus. Un crapaud au bord de la route, un Totoro joueur et quelques gouttes d'eau qui tombent sur un parapluie. Situation loufoque dans laquelle est plongée la petite Satsuki tenant fermement sa sœur Meï sur ses épaules. Arrive le Chatbus et on en viendrait presque à trouver la séquence précédente totalement normale en comparaison.
La musique de Joe Hisaishi finit de faire de ce film un spectacle totalement envoûtant et inoubliable. Vous risquez de chantonner la musique des génériques pendant très longtemps suite au visionnage.
Les récents Disney (Lilo et Stitch) et Pixar (Toy Story 3) ont d'ailleurs démontré leur admiration pour ce film au travers de clins d'œil particulièrement savoureux.
Et puis, trouvez moi tout simplement une personne qui n'a pas aimé le film.
Test DVD
Deux éditions parues en France (une simple et une agrémentée de storyboards et autres bonus tels que des bandes annonces).
Image :
L'image de l'édition française est absolument splendide. Peu de défauts de compression, une définition très bonne (je l'ai vu au cinéma récemment et le DVD n'a pas à rougir c'est dire...). Une colorimétrie vraiment parfaite.
A dire vrai, cette édition ressemble énormément à la version japonaise, qui, cependant, propose le film entouré d'un cadre noir servant à ne pas rogner l'image sur un téléviseur à tube cathodique. La version japonaise montre le film dans des couleurs un peu moins flashy (l'orange et le rose sur les vêtements des deux filles) et plus naturelles. Mais la différence n'est pas flagrante.
Son :
Un son en Dolby digital 2.0 en VO et VF sur l'édition française. La VF est étonnamment plus ample que la VO. De toute manière les deux mixages se valent. Une belle clarté.
Le son de l'édition japonaise est sensiblement différent. Il est proposé en version anglaise et en VO en 2.0. La version originale est excellente, claire et large, meilleure que la VO de l'édition française (et n'est pas accélérée car en NTSC et non en Pal...). La VA est largement plus étriquée, et beaucoup moins puissante. Une curiosité cependant.