J'adore les chroniques Foodingues de Jacky Durand dans Libération : il y transparaît un amour de la cuisine, de ceux qui la font et des aliments qui la composent, authentique et chaleureux qui donne envie de se mettre "aux fourneaux" sans attendre. Tout cela avec beaucoup d'humour. Aussi ai-je acquis avec gourmandise son recueil de chroniques, "Cuisiner, un sentiment" (éditions Carnets Nord). De quoi saliver devant toutes celles que je n'avais pas lues. C'est un voyage à travers les régions, les souvenirs, les aliments, que je vais déguster lentement.
Et le titre m'a plu. Bien sûr, il y a du sentiment dans la cuisine, et de l'amour. Cela me fait penser à plusieurs conversations récentes avec des femmes. Car de nombreuses femmes qui travaillent, qui ont des responsabilités, qui réussissent, se sentent terriblement coupables et soudain dévalorisées quand il n'y a rien à manger dans le frigo et qu'on en est réduits à décongeler une pizza ou faire des n-ièmes pâtes au beurre. Elles se sentent remises en cause dans leur rôle de mère en ne nourrissant pas "bien" leurs enfants.
Je ne suis bien sûr pas Elisabeth Badinter mais j'essaie :
- d'une part de les déculpabiliser : la femme parfaite qui est cadre sup ou bosse 10 heures par jour et passe 2h en cuisine le soir pour mijoter un bon petit plat, cela n'existe qu'en rêve !
- d'autre part de les aider à améliorer quand même l'offre de repas quotidienne en faisant appel à un peu d'organisation, à l'aide du congélateur et à des recettes simples mais bonnes. Car je suis persuadée qu'il n'est pas nécessaire de passer des heures en cuisine ou d'attendre le week end pour bien manger. Et, pour ce qui est du week end, ne peut-on pas abandonner ses dossiers et passer un peu de temps à choisir une nouvelle recette avec ses enfants, à la cuisiner avec eux, et à la savourer en famille ? De quoi leur créer à eux des souvenirs comme ceux de Jacky Durand...