Magazine Côté Femmes

Tout l’art de Virginia Woolf dans une simple nouvelle de...

Publié le 16 avril 2010 par Mmepastel
Tout l’art de Virginia Woolf dans une simple nouvelle de...

Tout l’art de Virginia Woolf dans une simple nouvelle de 1925 : La Robe Neuve.

Cette nouvelle a été écrite au moment où elle achevait Mrs Dalloway ; d’ailleurs, le personnage principal, Mabel Waring se rend dans une réception chez celle-ci. Elle est comme un personnage secondaire du roman, hors de celui-ci, en quelque sorte.

Tout l’enjeu est de paraître à son avantage à la réception, et Mabel, après s’être réjouie avec sa couturière de sa tenue, se rend compte brusquement, devant son miroir, juste avant d’aller à la réception, que “quelque chose clochait”.

Dès lors, dans un de ces renversements de conscience dont Virginia Woolf a le talent de nous montrer la force en même temps que la petitesse, elle se met à voir tout à travers ce prisme peu flatteur qui lui revient de loin : “le chagrin que Mabel avait toujours tenté de cacher, sa profonde insatisfaction, le sentiment d’être inférieure aux autres qu’elle avait depuis son enfance la reprit, implacable, inexorable, avec une intensité qu’elle ne pouvait exorciser (…) Et du coup, la pièce toute entière, où elle avait passé de si nombreuses heures en compagnie de la petite couturière à envisager la coupe de sa robe, lui parut médiocre, détestable ; son salon si indigent et elle-même, au point de sortir, si bouffie de vanité à l’instant où, touchant du doigt le courrier sur la table du hall, elle disait, pour se faire valoir “Quel ennui !” : tout cela lui paraissait indiciblement stupide, insignifiant et provincial.”

Une fois là-bas, elle n’aura de cesse de penser à son décalage avec les autres femmes lors de la réception, s’imaginant, à tort ou à raison, être la risée de toutes, tout en se démenant mentalement pour ne pas être futile, pour ne pas attacher trop d’importance à l’apparence qu’elle donne. Sa tenue symbolise tout ce qu’elle déteste en elle, et qui la rend inapte à être en symbiose avec les autres. Sa robe jaune la renvoie à une solitude puissante et désespérée, masquée sous de timides sourires et de vaines remarques de convenance. Elle se voit ni plus ni moins comme une mouche qui n’arrive pas à sortir d’une coupelle, image empruntée à Katherine Mansfield (dans sa nouvelle La Mouche). Bref, le temps d’une soirée, elle assiste impuissante, à la faillite de sa vie, aux ridicules de ses prétentions, à la vanité de son existence. Elle décide alors de s’en aller, forte d’une décision brutale, quant à la tournure que prendra désormais sa vie.

Dans son Journal du 28 septembre 1926, Virginia Woolf notait : “c’est vrai que je suis une femme d’âge mûr, mal fagotée, tatillonne, laide, incompétente, vrai que je suis vaniteuse, bavarde et futile” …

Tableau : Lady In A yellow Dress, Emma Sandys, 1870.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Mmepastel 1077 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine