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A quand une vraie baisse du nombre de fonctionnaires ?

Publié le 16 avril 2010 par Copeau @Contrepoints

Georges Tron, tout nouveau secrétaire d'Etat à la fonction publique, commence bien mal son poste. Il a ainsi soutenu jeudi 15 avril que le nombre de fonctionnaires continuerait à baisser, de 34 000 en 2011. Cette baisse est selon Georges Tron, la conséquence de la règle du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux : « Nous continuerons (...) d'appliquer strictement le principe du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux l'an prochain à la fonction publique d'Etat. Cela correspond, grosso modo, à trente-quatre mille départs non remplacés ». Pourtant, en analysant les chiffres, tout n'est qu'effet d'annonce.

Dans les faits, les postes supprimés officiellement dans la fonction publique d'Etat n'ont été bien souvent que transférés dans les organismes dépendant de ces administrations. Un tour de passe-passe administratif qui ne trompe personne. Les « opérateurs », appelés aussi organismes parapublics comme les musées, Pôle emploi ou le CNRS, employait fin 2008 50 000 agents de plus qu'en 2006, alors que l'Etat se vantait dans le même temps de la suppression de 75 000 postes, rapportait alors le Figaro. Comme le notait la cour des comptes en décembre 2009 : le nombre de fonctionnaires ne cesse d'augmenter, tel « un yo-yo qui ne cesserait de monter et ne descendrait jamais », selon les termes de Philippe Séguin. Il y a 1,4 million de fonctionnaires de plus qu'en 1980, et les effectifs de l'ensemble de la fonction publique française ont augmenté de 36 % entre ces deux dates. La France est aujourd'hui le pays d'Europe comptant le plus d'agents de la fonction publique. L'Allemagne, bien qu'ayant une population largement plus importante, n'arrive qu'en seconde position. Alors que les effectifs de la fonction publique ont diminué dans beaucoup de pays européens, grâce notamment aux gains de productivité liés à l'informatique, les effectifs en France ont augmenté rapporte l'OCDE.

Par ailleurs, comme le souligne le journal Le Monde, le pouvoir d'achat des fonctionnaires a sur la même année augmenté de 3,4%, inflation déduite. Une hausse massive, déconnectée de tout gain de productivité et particulièrement incompréhensible alors que c'est le gel des salaires dans une large part des entreprises privées.

Le gouvernement actuel persiste donc dans sa politique de non réformes maquillée sous un vernis de réformisme oratoire. Dans les faits, rien ne change, comme cela avait été le cas avec la soit-disant réforme des régimes spéciaux qui a couté plus cher qu'elle n'a rapporté. Cette politique est la pire que le gouvernement puisse mener : s'aliénant tous les opposants à de telles réformes pourtant nécessaires, il n'en engrange même pas les fruits ! L'UMP et Nicolas Sarkozy voudraient perdre les prochaines élections qu'ils ne s'y prendraient pas autrement. Manifestement, le message clair des électeurs aux élections régionales pour des réformes de fond n'a toujours pas été entendu. Sans surprise, la popularité du gouvernement s'effondre, en particulier à droite.


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