Eugenio Lira Rugarcia, La Pratique de la Miséricorde Aujourd'hui selon l'Enseignement de Jésus 6

Publié le 16 avril 2010 par Walterman

6. Etre apôtres de la Divine Miséricorde, c'est porter l'espérance au monde entier

Actuellement, beaucoup vivent abusés par des idéologies qui ne leur font voir la réalité que dans sa dimension superficielle et immédiate. Ainsi, stupéfiés devant la beauté du monde et des grandes avancées de l'humanité, ils en restent là, sans parvenir à leur cause: Dieu, dont ils se passent, croyant que seul n'a de valeur et de pouvoir ce qui est utile pour offrir à l'individu, sur cette terre, un bien-être physique, matériel et émotionnel; ils en arrivent à ne pas respecter leur propre nature ni la développer dans son intégrité, en se dégradant et en dégradant les autres, en s'entourant de choses qu'ils ne peuvent satisfaire, en s'enfuyant dans des idéologies, des distractions malsaines et des pratiques superstitieuses, au lieu d'affronter la vie d'une manière responsable et adéquate, risquant de se perdre pour toute l'éternité.

C'est pourquoi, nous, les apôtres de la Divine Miséricorde, nous devons témoigner de ce que Saint Grégoire le Grand enseignait ainsi: « Ne nous laissons pas séduire par la prospérité puisqu'il cheminerait d'une manière insensée celui qui, contemplant la douceur du paysage, en
oublierait le terme de son chemin »34.

D'autres, en plein XXI° siècle, soutiennent encore l'idée que seul est vrai ce qui peut se connaître à travers les sciences exactes (les mathématiques et leur logique) et les procédés de contrôle empirique, à partir de quoi ils affirment que la foi est irrationnelle, puisque l'existence de Dieu ne peut être « prouvée » et que le fait d'exister ne peut s'expliquer avec certitude.


Devant cette vision réductionniste, nous devons témoigner que la réalité est plus vaste et qu'à chaque ordre de phénomènes, correspond une méthode de connaissance propre, ce qui permet de parler légitimement d'expérience humaine, morale et religieuse35 qui, provenant de la compréhension de la vérité, n'est pas irrationnelle et ne s'oppose pas à la science, mais qu'elle l'enrichit en lui permettant d'accéder à la réalité complète à travers une voie de connaissance qui pénètre au fond de tout phénomène, et qui lui confère pleine signification et sens. De cette manière, foi et raison, science et religion sont complémentaires.

Nous, disciples et missionnaires du Christ, nous devons aussi témoigner de la miséricorde de Dieu face au drame de la douleur. « Il n'y a rien d'aussi permanent que la souffrance; elle tient fidèlement compagnie à l'âme36 » affirmait sainte Faustine.

Devant cette expérience, quelques uns ont choisi de rejeter Dieu, et d'autres, ont décidé ce que le romancier français Marie Henri Beyle, « Stendhal », (1783-1842) exprima ainsi : « L'unique excuse de Dieu, est qu'il n'existe pas 37». Qui juge de cette manière, en arrive donc à conclure qu'il n'y a qu'à se préoccuper de ce qu'il considère « l'unique » réalité : le matériel. Karl Marx (1818-1883) le dira ainsi: « Après avoir écarté la vérité de l'au-delà, le rôle de l'histoire est d'établir la vérité d'ici-bas »38.


Ces phrases expriment la confusion de l'homme qui, blessé par la douleur, s'épanche en se plaignant de ne pouvoir comprendre le pourquoi et le pour quoi de quelque chose qu'il ne peut éviter. Mais ce n'est qu'une plainte sans solution, qui non seulement ne change pas la réalité de la souffrance mais mutile l'être humain en le dépouillant de sa dimension spirituelle et en lui proposant seulement un bien matériel, qui, s'il se réalise, outre le fait de ne s'adresser qu'à un petit nombre, n'apporte pas de satisfactions et ne dure pas pour toujours. Le refus et la négation de Dieu laissent l'être humain seul face à la douleur et l'obligent à souffrir pour souffrir, sans aucun sens ni aucun but à atteindre.


Cependant, autant la logique de la raison que celle du coeur nous donnent la certitude que la personne humaine est quelque chose de plus; que son être et sa vie ont un sens et qu'elle ne s'achemine pas vers le vide du néant. Ainsi en témoigna Clive Staples Lewis (1898-1963), expert en littérature médiévale, qui, après s'être proclamé athée pendant de nombreuses années se convertit au christianisme. « Les enfants ne naissent pas avec des désirs à moins que n'existe la satisfaction de ces désirs – écrivit- il – ... Si je trouve en moi-même un désir que rien au monde ne peut satisfaire, l'explication la plus probable est que j'ai été fait pour un autre monde... d'une part, je dois veiller à ne jamais déprécier ou me monter ingrat envers ces bénédictions terrestres, et d'une autre....faire que le principal objectif de ma vie soit de suivre le cap qui me conduira à ce pays et aider les autres à faire de même. 39»

34 SAINT GREGOIRE, Homélie 14, 3-6: PL 76, 1130.

35 Cfr. JEAN6PAUL II, MESSORI Vittorio « Cruzando el umbral de la esperanza », Ed. Plaza & James, Barcelone1984, pp.53-55.
36 KOWALSKA Faustine, « Journal de la Divine Miséricorde », op.cit., n. 227.
37 Cité par CAMUS Albert « Nietzsthe y el Nihilismo », dans « El Hombre Reberde », Ed. Losada, Buenos aires, 1975.
38 MARX Karl, « Crítica de la filosofia del derecho de Hegel », Ed. del Signo, Buenos Aires, 2001, Introducción.
39 LEWIS, « Mero Cristiano », Ed. Rialp, Madrid, 2001, pp. 148 et 149.